En dépit de résultats par ailleurs rassurants dans ses activités traditionnelles de publicité numérique, Google accumule du retard sur ses rivaux dans le domaine crucial pour son avenir des services sur le «cloud».
La progression de 22,5% du chiffre d’affaires trimestriel de «Google Cloud» annoncée mardi soir par le géant du numérique, déçoit. Elle marque un recul par rapport aux 28% de croissance observés au second trimestre. La surprise est d’autant plus désagréable qu’au même moment, Microsoft rend compte à l’inverse de performances meilleures que prévu de son pôle «Intelligent Cloud». La filiale Azure de Microsoft, qui recouvre son cloud public, affiche ainsi un bond de 29% de son chiffre d’affaires.
Le mot «cloud» (nuage en anglais) désigne le stockage de ressources informatiques d’un client dans les serveurs de son fournisseur. Le client y accède à distance par un réseau, au lieu que ces ressources soient résidantes dans ses propres machines. Ces solutions libèrent l’utilisateur de nombreuses contraintes d’investissement et de maintenance. Amazon Web Services et Microsoft Azure sont leaders de ce secteur en forte croissance.
Ruth Porat, Directrice financière de la maison mère de Google, reconnaît que des réductions de coûts engagées par des clients de son entreprise ont pesé sur la croissance récente de la plateforme de services sur le cloud. La nouvelle a fait plonger le cours d’Alphabet de quelque 6% sur le marché hors cote mardi soir après la clôture du Nasdaq. La monétisation des moteurs d’intelligence artificielle générative conçus par Google, est la grande question qui plane sur la valorisation du groupe. Or le cloud, et pas simplement l’activité dominante de Google qui est la recherche d’information sur internet, est une destination cruciale des logiciels d’intelligence artificielle.
Des profits pour le cloud en deçà des attentes
Au cours du troisième trimestre, les profits de 266 millions de dollars générés par Google Cloud, sur un chiffre d’affaires de 8,4 milliards de dollars, se révèlent en deçà des anticipations. Il est jugé indispensable que Google développe plus rapidement ses applications d’intelligence artificielle disponibles sur le cloud pour assurer sa croissance future.
Il reste que pour l’instant, Alphabet rend compte de performances meilleures que prévu dans ses activités traditionnelles liées à la publicité numérique. Pour la première fois depuis plus d’un an, toutes activités confondues, Alphabet affiche une croissance de plus de 10% de son chiffre d’affaires. Ses bénéfices nets au troisième trimestre atteignent 19,7 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires total de 76,7 milliards. Ses marges d’exploitation grimpent de 3% jusqu’à 28%. Une réduction de ses effectifs de 6%, soit 12.000 emplois, a contribué à cette amélioration.
Les activités essentielles de Google dans la recherche d’information sur internet, et les services qui y sont associés, voient leurs ventes grimper de 11%, pour atteindre 44 milliards de dollars. C’est presque un milliard de plus que les attentes des analystes. Les recettes publicitaires dégagées par Youtube atteignent presque 8 milliards de dollars au troisième trimestre. La concurrence de TikTok est particulièrement féroce sur ce créneau. Sundar Pichai, P-DG d’Alphabet, précise que les internautes visionnent chaque jour 70 milliards de publicités sur Youtube, contre un peu plus de 50 milliards au début de l’année.