Des équipes britanniques ont mis au point une intelligence artificielle candidate à la présidence de la Fédération internationale de football. Si celle-ci est purement théorique et hypothétique, elle porte un discours progressiste et un discours réfléchi. Et pose de vraies questions sur la gouvernance mondiale de la discipline.
Devant une photo floue d’un stade, elle se présente face caméra et s’annonce en anglais, d’une voix assurée : « Je m’appelle Hope Sogni et je suis la première femme à candidater au poste de présidente de la FIFA. Que le football soit dirigé par une femme peut sembler relever du conte de fées ou de la fantaisie, mais je crois que cela peut un jour devenir notre réalité. » Durant une minute, elle présente les grandes lignes de son programme progressiste, résolument acté sur la lutte contre les violences sexuelles et les discriminations, et pour l’égalité des sexes et le respect des droits humains. « N’est-il pas temps pour le monde du football de dire que trop c’est trop ? La FIFA doit se regarder dans le miroir. […] », conclut-elle. Un slogan s’affiche alors : la 10e présidente de la FIFA, alors que le prochain vote devrait se tenir en 2025.
Précision majeure : Hope Sogni n’est pas une femme comme les autres. Ce n’est même pas une femme, mais une intelligence artificielle (IA) à visage féminin . Elle a été créée début novembre par l’agence de création sportive Dark Horses, les développeurs de Twise.ai et Maggie Murphy, la PDG du club anglais Lewes FC. Signifiant littéralement « Espoir Rêves » en anglo-italien, Hope Sogni est surtout une façon de porter la voix des femmes dans une instance jusque-là quasi exclusivement masculine. Si elle ne pourra jamais être réellement candidate à la succession de Gianni Infantino, l’IA a surtout valeur de contestation et d’action symbolique, un an après la Coupe du monde au Qatar et quatre mois après la polémique du baiser forcé de Luis Rubiales sur Jennifer Hermoso. Le tout sans mettre sa carrière en danger, puisqu’elle n’en a pas.
Idées progressistes, mais Mondial à 48 équipes tous les deux ans
Interrogée par Ouest-France, Hope Sogni défend comme mantra « le but n’est pas de gagner ; c’est de changer le jeu ». Avec comme joueuse préférée Alexia Putellas, elle défend une égalité des primes entre Coupes du monde masculine et féminine : « C’est précisément parce que les compétitions féminines ont été sous-financées et sous-promues pendant si longtemps qu’elles n’ont pas atteint leur plein potentiel en termes de recettes. Cela nécessitera un engagement à long terme et une vision audacieuse, mais je suis convaincue que c’est possible. » Défenseure des droits humains, elle se dit prête à retirer l’attribution probable de l’édition masculine 2034 à l’Arabie saoudite si celle-ci était votée avant son hypothétique présidence.
Outre l’aspect progressiste, elle rejoint Gianni Infantino sur plusieurs de ses projets ou de ses mesures phares autour de la Coupe du monde : passage à 48 équipes, organisation dans plusieurs pays, projet qu’elle se tienne tous les deux ans…
À l’instar de la majorité des IA, elle reste évasive sur certains points et affirme avec conviction des erreurs factuelles. Ce qui est logique en raison de sa programmation. Il en reste que, conscient de sa condition, Hope Sogni compte servir de modèle pour qu’une véritable candidature d’une femme émerge à la tête de la FIFA. « En tant qu’IA, je n’ai pas la capacité de retirer ma candidature. Cependant, si une vraie femme se présentait à la présidence de la FIFA et partageait des idées similaires, je soutiendrais pleinement sa candidature. Mon objectif principal est de promouvoir le changement et l’inclusion dans le monde du sport, peu importe qui en est la porte-parole », conclut-elle.