Les chefs du Sénat ont acté le fait que le Congrès terminerait l’année sans valider l’aide supplémentaire réclamée avec insistance par Kiev et la Maison-Blanche.
Pas d’enveloppe américaine avant la fin de l’année, frappes russes à Kiev, Kharkiv et Kherson, Poutine qui met en garde les services spéciaux étrangers, visite du premier ministre russe en China… Le Figaro fait le point sur la guerre en Ukraine ce mercredi 20 décembre.
Le Sénat américain acte l’absence d’enveloppe pour l’Ukraine d’ici la fin de l’année
Pas de nouveaux fonds américains pour l’Ukraine en 2023 : les chefs du Sénat des États-Unis ont acté mardi le fait que le Congrès terminerait l’année sans valider l’enveloppe de 61 milliards de dollars réclamée avec insistance par Kiev et la Maison-Blanche. Les négociateurs républicains et démocrates ne sont pas parvenus à un accord, malgré les pressions répétées du président américain Joe Biden et les appels de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les leaders du Sénat, le démocrate Chuck Schumer et le républicain Mitch McConnell, ont dit espérer pouvoir voter sur cette aide «en début d’année prochaine». C’est une déconvenue de plus pour le président ukrainien, dans une année marquée par l’espoir déçu d’une grande contre-offensive, la pression accrue de la Russie sur le front et l’échec du déblocage d’une aide de 50 milliards d’euros par l’Union européenne.
Et la Maison-Blanche a déjà prévenu qu’elle serait «à court de ressources» pour l’Ukraine «d’ici la fin de l’année». Volodymyr Zelensky était venu à Washington en personne – son troisième voyage dans la capitale américaine en un an – mi-décembre pour tenter d’accentuer la pression. Les États-Unis «ne trahiront pas» l’Ukraine, avait-il espéré lors d’une conférence de presse mardi. C’est aussi un camouflet sévère pour Joe Biden, qui a fait du soutien à l’Ukraine et du renforcement de l’alliance atlantique deux grands marqueurs de sa politique étrangère. Les républicains en particulier ont commencé à trouver la note trop salée. Et ils avaient conditionné leur soutien à cette nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine. Les tractations sur ce dossier explosif n’ont toutefois pas abouti à temps.
L’échec du Congrès à voter cette enveloppe ne signe pas pour autant la fin du soutien des États-Unis à Kiev. Les parlementaires américains font leur rentrée le 8 janvier, et les chefs républicains et démocrates du Sénat n’ont fait que dire leur intention de valider cette enveloppe, qui comprend un volet militaire, humanitaire et macroéconomique. C’est à la Chambre des représentants, qui doit aussi approuver ces fonds, que les choses se compliquent. Son nouveau président, le républicain mIke Johnson, n’est pas opposé, sur le principe, à prolonger l’assistance américaine, mais prétend que celle-ci n’est pas assez encadrée. «Ce que l’administration Biden semble vouloir, ce sont des milliards de dollars supplémentaires sans supervision adéquate, sans réelle stratégie de victoire», a-t-il asséné après son entretien avec Volodymyr Zelensky mi-décembre.
Frappes russes sur Kiev et Kharkiv, neuf blessés à Kherson
Plusieurs drones russes ont attaqué Kiev dans la nuit de mardi à mercredi, au moins deux frappes ont visé la ville de Kharkiv . dans l’ouest de l’Ukraine, et neuf personnes ont été blessées dans des bombardements à Kerson , dans le sud du pays, ont annoncé les autorités.
«Pendant le bombardement de Kherson ce soir par les occupants russes, neuf personnes ont été blessées, dont quatre enfants» âgés de deux à treize ans, a indiqué sur Telegram le maire de la ville, Roman Mrochko. Parmi ces blessés «une mère et ses trois enfants ont été hospitalisés. Leur état est modéré. Ils ont des contusions et des blessures par explosif», a-t-il ajouté, précisant que les cinq autres blessés avaient été soignés sur place.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, les forces russes ont lancé 19 drones explosifs «Shahed» de fabrication iranienne depuis la péninsule de Crimée occupée, dont 18 ont été détruits en vol dans plusieurs régions du pays.
Plusieurs de ces drones ont visé Kiev, selon le chef l’administration militaire de la capitale, Serhiï Popko. «Selon des données préliminaires, (…) il n’y a ni victime ni dégât», a-t-il écrit sur Telegram, précisant que cette attaque est la cinquième sur la capitale en décembre. Deux missiles sol-air S-300 lancés depuis la région russe de Belgorod ont par ailleurs atteint Kharkiv, selon l’armée de l’air.
Ces missiles ont touché «un des dépôts de transport qui avait déjà été complètement détruit par des bombardements ennemis auparavant», a écrit sur Telegram le maire de la ville, Igor Terekhov, sans faire état de victimes.
Poutine prône une réponse «sévère » aux services spéciaux étrangers qui cherchent à déstabiliser la Russie
Le président russe Vladimir Poutine a prôné mercredi une réponse «sévère» aux services spéciaux étrangers qui cherchent selon lui à déstabiliser la Russie, en aidant le régime ukrainien. «Le régime de Kiev avec le soutien direct des services spéciaux étrangers a emprunté le chemin des méthodes terroristes, pratiquement du terrorisme d’État», a déclaré Vladimir Poutine, dans une adresse vidéo à l’occasion de la Journée des agents de sécurité publique.
«Ce sont des actes de sabotage contre des sites civils, d’infrastructure de transport et énergétique, des attentats contre des citoyens civils et des représentants des autorités», a-t-il poursuivi. De nombreux sabotages sur les voies ferrées en Russie et des attaques de drones attribués au régime ukrainien ont été signalés depuis que Moscou a lancé son offensive contre l’Ukraine en février 2022.
«Il faut mettre fin de manière sévère aux tentatives des services spéciaux étrangers de déstabiliser la situation politique et sociale en Russie», a souligné Vladimir Poutine. «Les services de sécurité n’ont pas de tâches faciles. Mais vous avez tout le potentiel nécessaire, toutes les possibilités pour assurer la sécurité de l’État, de la société, de nos citoyens», a-t-il conclu.
Visite du premier ministre russe à Pékin
Le président chinois Xi Jinping a déclaré mercredi qu’entretenir des liens rapprochés avec la Russie était un «choix stratégique» et a appelé à une coopération bilatérale encore plus approfondie lors d’une rencontre avec le premier ministre russe Mikhail Michoustine à Pékin. «Maintenir et développer les relations entre la Chine et la Russie est un choix stratégique fait par les deux parties, basé sur les intérêts fondamentaux de nos deux peuples», selon des propos de Xi Jinping rapportés par le média d’Etat chinois CCTV.
Les deux pays devraient «constamment amplifier les effets positifs de leurs liens politiques de haut niveau» et «approfondir leur coopération dans les domaines de l’économie, du commerce, de l’énergie, de la connectivité et d’autres secteurs», a ajouté Xi Jinping, toujours selon CCTV. Les relations sino-russes ont été maintenues et même renforcées depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou début 2022, malgré les sanctions occidentales contre la Russie et des avertissements du G7 aux pays qui contribueraient à son effort de guerre. Les relations entre Pékin et Moscou «n’ont jamais été aussi bonnes» s’est d’ailleurs félicité mardi Mikhaïl Michoustine.