A l’image du CHU de Nantes récemment, de plus en plus d’établissements de santé s’équipent d’un robot pour automatiser la délicate préparation des traitements de chimiothérapies destinés aux malades.
- Une dizaine d’établissements de santé français sont équipés d’un robot de préparation de traitements de chimiothérapie.
- Le robot permet d’assembler avec précision des solutions médicamenteuses à la place du personnel hospitalier.
- Ces tâches étaient difficiles et répétitives pour les préparateurs en pharmacie.
Il manipule seul les poches, flacons et seringues, à l’abri du regard des patients. Trois ans après l’aarivée d’un premier modèle au sein du célèbre centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy à Villejuif (Val-de-Marne), une dizaine d’établissements de santé français sont désormais équipés d’un robot en préparation de chimiothérapie. Le dernier en date est opérationnel depuis deux mois au sein du CHU de Nantes. Très peu connues du grand public, y compris des malades du cancer, ces étonnantes machines dotées d’un bras articulé ont pour but d’assembler, à la place de l’humain, une partie des solutions médicamenteuses destinées aux chimiothérapie.
« Ce sont des tâches extrêmement précises qu’il faut répéter plusieurs dizaines de fois par jour à la main. La sécurité sanitaire est telle que les manipulations s’effectuent avec trois paires de gants, les bras tendus, à travers une vitre de protection. C’est contraignant et ça peut générer des troubles musculo-squelettiques (TMS) pour les personnes qui s’en occupent », explique François Rondeau, chef du pôle santé publique et pharmacie du CHU de Nantes. « J’ai plusieurs collègues qui ont des douleurs à la longue, notamment aux articulations », confirme Charline, préparatrice en pharmacie hospitalière depuis plus de dix ans.
« Extrêmement précis et fiable »
Utilisé pour 25 % à 40 % de l’activité, en particulier pour les préparations récurrentes, le robot, qui reconnaît les produits par un système de lecture optique, permet donc une « baisse drastique des gestes répétitifs » des opérateurs concernés. Son arrivée permettrait aussi de « réduire les temps de préparation » des chimiothérapies et « d’anticiper certaines prises en charge », selon l’hôpital public nantais, qui réalise près de 50.000 préparations médicamenteuses par an pour les soins en cancérologie.
« Le robot est extrêmement précis et fiable. La prise en main de l’outil a également été plus rapide que ce qu’on imaginait. C’est un réel progrès dans un contexte où les besoins en chimiothérapie augmentent chez nous de 6 % en moyenne chaque année », constate Nicolas Cormier, responsable du secteur de pharmacotechnie du CHU de Nantes.
La technologie, fabriquée par huit industriels dans le monde, n’est toutefois pas donnée. Le robot nantais, mis au point par la société italienne Loccioni, a, par exemple, nécessité un investissement « conséquent » de 400.000 euros. Comme dans la plupart des établissements de santé où il a fait son apparition, il abat aujourd’hui un volume de travail équivalent à deux à trois préparateurs en pharmacie à temps plein. « Il ne peut pas agir tout seul. Il faut une personne en permanence avec lui pour l’approvisionner et le diriger. C’est la création d’un nouveau métier », précise Nicolas Cormier.
« Des perspectives prometteuses »
Les autres postes de préparateurs compensés par le robot sont généralement réaffectés à des missions de contrôles analytiques. « Avec cette réorganisation, on renforce encore la sécurité de nos traitements, justifie François Rondeau. Il était hors de question de profiter du robot pour toucher à l’effectif. Ce n’est pas du tout comme ça qu’on a construit le projet. » Voilà sans doute pourquoi le robot, est, pour l’instant, plutôt bien accueilli par les équipes. « C’est une autre manière de travailler, on se dégage du temps pour faire d’autres choses intéressantes », considère Charline, qui a été formée au robot après un appel aux volontaires.
A terme, les robots de préparation, qui existent déjà dans une forme moins évoluée dans la plupart des pharmacies hospitalières, pourraient se multiplier. « La technologie progresse vite. Ça ouvre des perspectives prometteuses pour d’autres préparations de soins », considère Nicolas Cormier.