Ces raids aériens intervenus vendredi peu après minuit sont une réponse aux attaques répétées des rebelles yéménites contre des navires commerciaux croisant en mer Rouge.
Le conflit Israël-Hamas se déplace au Yémen où les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit des frappes contre les rebelles Houthis, qui menacent depuis des semaines le trafic maritime international en mer Rouge en «solidarité» avec les Palestiniens de Gaza, et ont prévenu vendredi qu’ils continueraient à attaquer des navires Paris, Moscou,Pékin et Téhéran ont réagi à ces frappes. Le Figaro fait le point sur la situation.
Une action conjointe des Etats-Unis et des britanniques
Les avions des armées de l’air américaines et britanniques sont entrés en action dans la nuit de jeudi à vendredi, aux environs de 00h30, pour frapper des cibles liées aux rebelles houthis au Yémen, ont assuré quatre responsables américains à l’agence Reuters. Des missiles de croisière Tomahawk auraient également été tirés depuis des navires et des sous-marins opérant dans la région. De fortes explosions ont notamment été rapportées dans le port d’Hodeïda et à Sanaa, la capitale.
Joe Biden a confirmé peu après que les Etats-Unis et le Royaume-Uni avaient «mené avec succès des frappes contre un certain nombre de cibles au Yémen, utilisées par les rebelles Houthis pour mettre en danger la liberté de navigation» en mer Rouge, évoquant une action «défensive». Le président américain a en outre averti qu’il «n’hésiterait pas» à «ordonner d’autres mesures» si nécessaire pour protéger l’Amérique et le commerce international. Le président américain a précisé que cette opération, menée en réponse aux attaques contre des navires marchands dans cette zone cruciale pour le commerce mondial, avait bénéficié du «soutien» de l’Australie, du Bahreïn, du Canada et des Pays-Bas.
Le premier ministre britannique Rishi Sunak a de son côté évoqué des «frappes nécessaires» et «proportionnées». «Malgré les avertissements répétés de la communauté internationale, les Houthis ont continué de mener des attaques en mer Rouge, cette semaine encore contre des navires de guerre britanniques et américains. Cela ne peut pas durer (…) Nous avons donc pris des mesures limitées, nécessaires et proportionnées en état de légitime défense», a-t-il déclaré.
Cette attaque aura de «lourdes conséquences», préviennent les Houthis
Ces frappes ont visé des radars et des infrastructures de drones et de missiles, afin de réduire leurs capacités à s’attaquer aux navires marchands en mer Rouge, a souligné le ministre de la Défense américain Lloyd Austin. «Cette opération a pour but de perturber et de détériorer la capacité des Houthis à mettre en danger les marins et à menacer le commerce international dans l’un des passages maritimes les plus importants du monde», a déclaré le chef du Pentagone dans un communiqué. Un haut responsable militaire américain a ajouté, lors d’un entretien avec la presse: «Nous avons visé des capacités très précises dans des endroits très précis avec des munitions de précision», de manière à «réduire le risque de dommage collatéral» pour les civils.
Ces frappes aériennes ont été menées sur la capitale du Yémen, Sanaa, et sur d’autres villes, Hodeida et Saada, contrôlées par les rebelles, a affirmé vendredi la chaîne de télévision des Houthis, Al-Massirah. «Notre pays fait face à une attaque massive par des navires américains et britanniques, des sous-marins et des avions», a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères des Houthis, Hussein Al-Ezzi, cité par les médias des rebelles. «Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression», a-t-il menacé. «Il n’y a aucune justification à cette agression contre le Yémen, puisqu’il n’y avait pas de menace sur la navigation internationale en mer Rouge (…), et la cible était et restera les navires israéliens ou ceux se dirigeant vers les ports de la Palestine occupée», a annoncé Mohamed Abdel Salam, un porte-parole des rebelles au Yémen.
L’Arabie saoudite a dit vendredi suivre avec «inquiétude» les développements au Yémen voisin, et appelé «à la retenue». Le royaume «suit avec beaucoup d’inquiétude les opérations militaires en mer Rouge et les frappes aériennes sur un certain nombre de sites» au Yémen, a affirmé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué, en appelant «à éviter l’escalade».
Les agressions des rebelles se sont multipliées depuis le 7 octobre
Depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas, les rebelles Houthis, qui sont proches de l’Iran et contrôlent une grande partie du Yémen, multiplient les attaques en mer Rouge afin d’y entraver le trafic maritime international, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza. En réponse, les États-Unis avaient déjà déployé des navires de guerre et mis en place en décembre une coalition internationale pour protéger le trafic maritime dans cette zone où transite 12% du commerce mondial. Certains armateurs contournent désormais la zone, ce qui a fait grimper les coûts de transport entre l’Europe et l’Asie.
Plus tôt cette semaine, les forces américaines et britanniques avaient abattu en mer Rouge 18 drones et 3 missiles tirés par les rebelles Houthis dans le cadre d’une attaque «complexe de conception iranienne», selon Washington. Les drones et les missiles avaient été abattus par des avions de combat déployés depuis le porte-avions américain Dwight D. Eisenhower, de trois destroyers américains et d’un navire de guerre britannique, le HMS Diamond. Et Londres avait aussi annoncé qu’une autre frégate, le HMS Richmond, était en route pour la mer Rouge afin d’y contrer les «attaques» des Houthis.
La France soutient «ses partenaires» pour la «sureté maritime» de la zone
La France renouvelle sa condamnation des attaques menées par les Houthis qui portent atteinte aux droits et aux libertés de navigation et exige que les Houthis y mettent fin immédiatement. Par ces actions armées, les Houthis portent la responsabilité extrêmement lourde de l’escalade régionale.
Par sa résolution 2722, le Conseil de sécurité a rappelé, le 10 janvier 2024, que l’exercice des droits et libertés de navigation doit être respecté et que les États ont, en accord avec le droit international, le droit de réagir à ces attaques.
La France continuera à assumer ses responsabilités et à contribuer à la sûreté maritime dans cette zone en lien avec ses partenaires, comme elle a été appelée à le faire les 9 et 11 décembre dernier lorsque la frégate Languedoc a été conduite à détruire des drones.
Moscou accuse Washington et Londres de mener une «escalade» destructrice
La porte-parole de la diplomatie russe a condamné vendredi les frappes, dénonçant une mesure menant à «l’escalade» et ayant des «objectifs destructeurs». «Les frappes des États-Unis au Yémen sont un nouvel exemple de la déformation par les Anglo-Saxons des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’un mépris total du droit international au nom d’une escalade dans la région pour atteindre leurs objectifs destructeurs», a écrit sur Telegram Maria Zakharova.
La Chine se dit «préoccupée» après les frappes américano-britanniques
La Chine a déclaré vendredi être «préoccupée» par l’escalade des tensions en mer Rouge. «La Chine est préoccupée par l’escalade des tensions en mer Rouge», a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, et exhorte «les parties concernées à rester calmes et à faire preuve de retenue afin d’éviter une expansion du conflit».
L’Iran condamne «fermement» les frappes américaines et britanniques
L’Iran a condamné vendredi les frappes aériennes, estimant qu’il s’agissait d’une «action arbitraire» et d’une «violation flagrante de la souveraineté» de ce pays. Dans un communiqué, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a «condamné fermement les attaques militaires menées par les États-Unis et le Royaume-Uni contre plusieurs villes du Yémen».