Israël a multiplié les raids aériens dans le sud de Gaza où sont attendus des médicaments pour les otages aux mains du Hamas et une aide humanitaire pour la population palestinienne dans le cadre d’un accord négocié par la France et le Qatar. Plongée dans une situation humanitaire « catastrophique », Gaza fait face à un « risque de famine », en plein pic de froid d’hiver.
Israël multiplie mercredi les raids aériens dans le sud de la bande de Gaza où sont attendus des médicaments pour les otages aux mains du Hamas et une aide humanitaire pour la population palestinienne dans le cadre d’un accord négocié par la France et le Qatar.
Peu après minuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes près de l’hôpital Nasser de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza où se cachent selon Israël des dirigeants locaux du mouvement islamiste palestinien Hamas.
D’après ces témoins, ces frappes ont provoqué un mouvement de panique chez les centaines de personnes déplacées par les combats qui ont trouvé refuge ces dernières semaines dans la vaste enceinte de cet hôpital. Et le ministère de la santé du Hamas a fait état de « nombreux » morts dans des bombardements nocturnes sur des tours de Khan Younès.
Plongée dans une situation humanitaire jugée « catastrophique », Gaza fait face à un « risque de famine » et d’une crise sanitaire et ce, en plein pic de froid d’hiver, selon l’ONU. « Ma fille ne peut pas dormir, elle me dit toujours qu’elle a froid, regardez comment ils dorment par terre, je n’ai rien pour les couvrir, je ne peux pas vous décrire à quel point il fait froid ici. On meurt de froid dehors, que diriez-vous de dormir ici ? », souffle Hanine Adouane, déplacée par les combats à Rafah, à la pointe sud près de l’Égypte.
Le tout alors que le territoire subit « la plus longue perturbation des télécommunications enregistrée depuis le début du conflit, la plupart des habitants étant incapables de contacter le monde extérieur depuis le 12 janvier », selon NetBloks, un organisme de surveillance du Web.
Un accord trouvé pour l’entrée d’aides et de médicaments à Gaza
Israël et le Hamas, en guerre dans la bande de Gaza, sont parvenus mardi à un accord pour faire entrer de l’aide humanitaire destinée à la population du territoire palestinien assiégé et des médicaments pour les otages israéliens, a annoncé le ministère qatari des Affaires étrangères.
L’accord, négocié par le Qatar et la France, porte sur « l’entrée d’une cargaison d’aide humanitaire pour les civils dans la bande de Gaza, particulièrement dans les zones les plus touchées, en échange de la livraison de médicaments aux otages », selon le porte-parole du ministère, Majed al-Ansari.
« Les médicaments et l’aide seront envoyés demain (mercredi) à la ville d’Al-Arich » en Égypte, « à bord de deux avions des forces armées qataries, en vue de leur transfert vers la bande de Gaza », a ajouté M. Ansari, cité par l’agence de presse officielle du Qatar (QNA).
Emmanuel Macron annonce un hommage le 7 février pour les victimes françaises du Hamas
Le président français a annoncé hommage qu’un serait rendu aux victimes françaises tuées par le Hamas en Israël. Cette cérémonie aura lieu le 7 février, quatre mois jour pour jour après l’attaque du Hamas en Israël.
« Le 7 février prochain, au monument pour les victimes du terrorisme situé sur l’esplanade des Invalides à Paris, je rendrai hommage à ces victimes aux côtés de leurs proches, de leurs familles et de tous ceux qui voudront nous y rejoindre », a affirmé le président lors d’une conférence de presse.
Le chef de l’État a rappelé que la France avait perdu « 41 de ses enfants dans ces attaques » et qu’elle avait « encore trois otages » dans la bande de Gaza. « Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar, qui a un rôle décisif en la matière, avec plusieurs autres collègues pour les libérer. »
La poursuite par Israël d’opérations pas suffisamment ciblées à Gaza constitue « un risque dans la durée pour la sécurité » du pays, a prévenu mardi Emmanuel Macron, plaidant à nouveau pour un cessez-le-feu.
La « phase intensive se terminera bientôt »
Plus tôt cette semaine, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant avait annoncé que la phase « intensive» des opérations armées dans le sud de Gaza, après celles presque complétées dans le nord, « se terminera bientôt ».
Cette guerre exacerbe aussi les tensions régionales entre Israël et ses alliés, les États-Unis au premier chef, et l‘« axe de la résistance » établi par l’Iran, qui réunit notamment le mouvement islamiste libanais Hezbollah et les rebelles yéménites Houthis.
À la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quotidiens, l’armée israélienne a annoncé mardi de nouvelles frappes contre des positions du mouvement dans le sud du Liban.
L’armée américaine a mené mardi de nouvelles frappes au Yémen, cette fois sur un site depuis lequel les rebelles Houthis qui menacent le trafic maritime international en mer Rouge en « solidarité » avec les Palestiniens de Gaza, s’apprêtaient à lancer quatre missiles.
La France a « décidé de ne pas se joindre » aux frappes de la coalition américano-britannique au Yémen pour « éviter toute escalade », a déclaré mardi le président Emmanuel Macron, évoquant « le risque dans la durée » pour Israël de poursuivre des opérations pas suffisamment ciblées à Gaza.
Retour des chars israéliens au nord de Gaza
Des chars israéliens ont fait leur retour dans certains secteurs du nord de la bande de Gaza dont ils s’étaient retirés la semaine dernière, ont déclaré mardi les habitants, un retour marqué par les plus violents combats dans cette partie de l’enclave depuis le début de l’année au moment où Israël dit réduire ses opérations.
Des journalistes de Reuters présents du côté israélien de la frontière ont constaté que le nord de Gaza était secoué par de très fortes explosions après une relative accalmie de deux semaines pendant laquelle l’armée israélienne a dit mener des opérations plus ciblées.
Macron dit vouloir éviter une « escalade » en mer Rouge
Emmanuel Macron a justifié mardi soir le choix de la France de ne pas prendre part aux frappes conjointes menées la semaine dernière par les États-Unis et la Grande-Bretagne contre des cibles liées aux Houthis au Yémen en réponse aux attaques en mer Rouge, disant vouloir éviter une « escalade ».
« Nous avons une posture qui cherche à éviter toute escalade. Mais nous sommes présents pour préserver la liberté de navigation », a-t-il déclaré lors d’une grande conférence de presse organisée à l’Élysée devant environ 200 journalistes, soulignant que la France prenait des mesures pour protéger ses équipements et ceux de ses alliés.
Le mouvement chiite armé des Houthis, aligné sur l’Iran, multiplie les attaques contre des navires de transport maritime en mer Rouge afin d’afficher son soutien aux Palestiniens en marge de la guerre à Gaza, prévenant que tout bateau israélien ou se rendant dans des ports israéliens pourrait être pris pour cible.
La Maison Blanche « optimiste » quant aux dernières discussions sur les otages à Gaza
La Maison Blanche est « optimiste » quant à la possible conclusion d’un nouvel accord de libération d’otages détenus dans la bande de Gaza, a dit l’un de ses porte-parole mardi.
« Nous sommes optimistes quant à un résultat fructueux, et rapidement », a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe directement rattaché au président américain.
Joe Biden réunira mercredi à la Maison Blanche les chefs du Congrès, républicains et démocrates, au sujet de sa demande, bloquée depuis des mois, d’aide supplémentaire pour l’Ukraine et Israël, a fait savoir sa porte-parole mardi.
Joe Biden réclame au total quelque 100 milliards d’euros pour continuer l’assistance militaire à l’Ukraine et à Israël, pour soutenir Taïwan et pour muscler les moyens des services de police aux frontières et d’immigration.
L’Union européenne impose des sanctions au chef du Hamas à Gaza
L’Union européenne (UE) a imposé mardi des sanctions à Yahya Sinouar, le dirigeant politique du Hamas dans la bande de Gaza, en réponse aux attaques meurtrières menées par le groupe islamiste palestinien en Israël le 7 octobre.
Selon la décision du Conseil européen, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, les avoirs de Yahya Sinouar dans l’UE sont gelés et les ressortissants des Vingt-Sept ne peuvent pas faire de transactions financières avec lui.
« Cette décision fait partie de la réponse de l’Union européenne à la menace posée par le Hamas et à ses attaques terroristes brutales et aveugles en Israël le 7 octobre 2023 », précise la Commission européenne dans un communiqué. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a salué une « décision morale et juste ».
« Cette décision est aussi le résultat de nos efforts diplomatiques pour anéantir les ressources du Hamas, pour le discréditer et pour lui interdire tout soutien. Nous continuerons d’éradiquer les racines du mal, à Gaza et partout où elles pousseront », a écrit Israël Katz sur son compte X.
Taher al Nono, conseiller du dirigeant du Hamas en exil Ismaïl Hanniyeh, a accusé l’UE de parti pris et l’a appelé à mettre fin à sa « politique de deux poids, deux mesures ». « Ces sanctions sont ridicules car tout le monde sait que Yahya al Sinouar n’a plus d’argent ni de biens, que ce soit en Palestine ou ailleurs », a-t-il déclaré à Reuters.
Le Hamas annonce un nouveau bilan de 24 285 morts
Le ministère de la Santé du Hamas a fait état mardi de 24 285 personnes tuées dans la bande de Gaza, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, depuis le début de la guerre entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien.
Selon ce bilan, 61 154 personnes ont également été blessées depuis le 7 octobre et de nombreuses autres restent ensevelies sous les décombres.
Le ministère de la Santé du Hamas a précisé que 10 600 mineurs et 7 200 femmes avaient été tués depuis le début de la guerre, ce qui représente près des trois quarts du bilan global, selon la même source.
« Plus de 5 000 enfants » sont par ailleurs « portés disparus sous les décombres de leurs maisons détruites par les bombardements », sur un total de 7 000 personnes qui seraient ensevelies, a encore ajouté le ministère de la Santé du Hamas.
Le Hamas accuse l’armée israélienne de cibler délibérément la population civile, ce que réfute avec vigueur Israël, qui affirme que les hommes du mouvement islamiste se battent en s’abritant derrière leur population ou en opérant depuis des infrastructures civiles (écoles, hôpitaux, lieux de culte…).
Engagée au sol depuis le 27 octobre, l’armée israélienne affirme agir « dans le respect du droit international ».