Fito, le redouté chef de gang équatorien dont l’évasion de prison a déclenché une grave sécuritaire dans le pays, est toujours introuvable, depuis le 7 janvier.
La femme et les enfants du redouté chef du gang équatorien de Los Choneros, Adolfo Macias, alias «Fito », en fuite et dont l’évasion a déclenché une grave crise sécuritaire, ont été arrêtés en Argentine et expulsés vendredi en Equateur, a appris l’AFP de sources concordantes.
Inda Mariela Peñarrieta, 48 ans, et les enfants du couple âgés de 21 ans, 12 ans et 4 ans, ont été arrêtés à Cordoba (centre), a indiqué la ministre argentine de la Sécurité Patricia Bullrich en conférence de presse. Selon elle, la famille d’Aldolfo Macias, ainsi que d’autres membres de son «clan», étaient venus s’installer dans un quartier huppé de Cordoba le 5 janvier, trois jours avant l’évasion de Fito d’une prison de Guayaquil (sud-ouest). «Nous sommes fiers que l’Argentine soit un territoire hostile pour l’installation d’une bande de trafiquants de drogue», a-t-elle ajouté.
La ministre n’a pas détaillé sous quel motif la famille de Fito avait été arrêtée et expulsée, mais a indiqué «qu’une décision des Services des Migrations a suspendu leur résidence temporaire, et rendu possible leur expulsion». L’avion est arrivé dans la matinée à l’aéroport de la grande ville portuaire de Guayaquil (sud-ouest), placé sous haute surveillance, a constaté un photographe de l’AFP, tandis que les autorités argentines diffusaient de leur côté des images de cette arrivée sous escorte policière. Les autorités équatoriennes n’ont jusqu’à présent fait aucun commentaire officiel.
«Recherché partout»
Évadé à une date inconnue du vaste complexe pénitentiaire de Guayaquil, «Fito est actuellement recherché partout. Au niveau international, nous avons déjà retrouvé sa famille, (…) qui est en train d’être emmenée en Equateur», a simplement déclaré dans un entretien à la presse le président Daniel Noboa.
Selon le site d’information équatorien Primicias, Inda Mariela Peñarrieta est passé en six ans d’infirmière à richissime femme d’affaires. Elle a fait l’objet d’une enquête en 2020 pour blanchiment d’argent, fraude fiscale et enrichissement privé injustifié mais n’a pas été poursuivie. Le parquet enquête sur l’impartialité des trois juges en charge de l’enquête. Primicias affirme également que l’épouse de Fito a, entre 2013 et 2019, reçu 2,1 millions de dollars de dépôts bancaires mais n’a déclaré que 1,7 million au fisc local.
Toujours selon la même source, Mme Peñarrieta, ses deux frères et deux autres membres de la famille de Fito, ont été poursuivis pour crime organisé, association de malfaiteurs, meurtre, port d’armes et vol. La fille de Fito, Michelle Peñarrieta, de son nom de scène «Queen Michelle», chante sur un «narcorroccido» (chanson populaire en l’honneur des narcotrafiquants) à la gloire de son père, qui lui-même d’ailleurs apparait dans le clip, posté sur la chaîne YouTube et les réseaux sociaux de Los Choneros.
Toujours en cavale
Fito, devenu l’homme le plus recherché d’Équateur, est toujours en cavale. Vendredi le président équatorien Daniel Noboa a estimé «possible» qu’il se trouve en Colombie voisine et a «demandé au président (Gustavo) Petro d’activer des recherches intenses». L’annonce de l’évasion de Fito le 7 janvier avait été suivie de multiples mutineries dans les prisons d’Équateur et de scènes de violences déclenchées dans les rues par les gangs. Le président Noboa a déclaré l’Équateur en état de guerre« et envoyé plus de 20.000 militaires rétablir l’ordre.
Une vaste opération dans le pénitencier de Guayaquil, lancée jeudi par l’armée avec la police, s’est poursuivie par ailleurs vendredi, l’armée diffusant des images des armes à feu saisies et des graffitis et peintures à la gloire des gangs en train d’être recouverts. Dans une interview, le commandant de la police de Guayaquil, Victor Herrera, a mis en garde contre d’éventuelles représailles des gangs suite à l’expulsion de la famille de Fito: «la police nationale est attentive à tout effet qui pourrait être produit par cette capture et d’autres actions en cours».