Kenneth Eugene Smith avait été condamné à la peine capitale en 1996 pour le meurtre d’une femme et est décédé jeudi dans l’Alabama. L’ONU s’était dit « alarmé » par l’utilisation d’un « mode d’exécution inédit et non testé ».
L’ONU l’avait pourtant dénoncé par avance. L’État américain d’Alabama a exécuté jeudi un condamné par inhalation d’azote, une première mondiale. Kenneth Eugene Smith, condamne en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d’une femme il y a 35 ans, est décédé au pénitencier d’Atmore à 20h25 locales (2h25 GMT vendredi), 29 minutes après le début de l’exécution, a annoncé le procureur général d’Alabama, Steve Marshall, dans un communiqué.
« Justice a été rendue », a-t-il déclaré, affirmant que l’Alabama avait « accompli quelque chose d’historique ». Selon la chaîne locale du réseau CBS, dont un journaliste a assisté à l’exécution, les derniers mots de Kenneth Smith, 58 ans, ont été : « Ce soir, l’Alabama a fait faire un pas en arrière à l’humanité (…) Je m’en vais avec amour, paix et lumière (…) Merci de m’avoir soutenu. Je vous aime tous ». Le matin, il avait pris un dernier repas composé d’un steak, de galettes de pommes de terre et d’œufs, d’après l’administration pénitentiaire.
Une précédente tentative par injection létale, le 17 novembre 2022, avait été annulée in extremis. Les perfusions intraveineuses pour administrer à Kenneth Smith la solution mortelle n’avaient pu être posées dans le temps légalement imparti, bien qu’il soit resté attaché plusieurs heures.
Une forme de « torture »
Il s’agit de la première exécution de l’année aux États-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale. C’est la première fois depuis plus de 40 ans qu’un mode d’exécution inédit est utilisé dans ce pays. L’Alabama est l’un des trois États américains autorisant l’exécution par inhalation d’azote, dans laquelle le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d’oxygène).
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’était pourtant dit le 16 janvier « alarmé » par l’utilisation d’un « mode d’exécution inédit et non testé ». Cela « pourrait constituer de la torture ou d’autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international », a prévenu une porte-parole du Haut-Commissariat, Ravina Shamdasani, appelant à un sursis à cette exécution.
Tous les recours et demandes de sursis du condamné ont été rejetés, y compris mercredi par la Cour suprême. Dans ses arguments écrits à la plus haute juridiction du pays, l’État d’Alabama était même allé jusqu’à présenter l’hypoxie à l’azote comme « peut-être le mode d’exécution le plus humain jamais inventé ».
Un meurtre commandé par un pasteur
Kenneth Eugene Smith a été reconnu coupable du meurtre en 1988 d’Elizabeth Dorlene Sennett, 45 ans, commandité par le mari de cette dernière, Charles Sennett, un pasteur lourdement endetté et infidèle, pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné. Malgré le suicide du mari, la police était remontée jusqu’aux deux meurtriers. Le complice de Kenneth Eugene Smith, John Forrest Parker, condamné à la peine capitale, a été exécuté en 2010.
Kenneth Smith a également été condamné une première fois à la peine de mort mais le procès avait été annulé en appel. Lors du second en 1996, 11 des 12 jurés s’étaient prononcés pour une peine de prison à perpétuité. Mais comme au procès de son complice, le juge avait passé outre l’avis des jurés et l’avait condamné à la peine capitale, une possibilité existant à l’époque dans quelques États mais désormais abolie sur l’ensemble du territoire américain.
La peine de mort a été abolie dans 23 États américains, tandis que six autres observent un moratoire pour son application sur décision du gouverneur.