La Cnuced craint une augmentation des coûts et un risque d’inflation, en particulier des prix alimentaires mondiaux, en raison des attaques des rebelles yéménites, qui poussent certains armateurs à contourner l’Afrique.
Le volume commercial transitant par le canal de Suez, qui souffre des attaques des rebelles yéménites houthistes en mer Rouge, a diminué de 42 % ces deux derniers mois, selon l’Organisation des Nations unies (ONU).
« Nous sommes très inquiets concernant les attaques contre le transport maritime en mer Rouge (…), qui exacerbent les perturbations du commerce liées à la géopolitique et au changement climatique », a déclaré lors d’une conférence de presse Jan Hoffmann, un responsable de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), jeudi 25 janvier.
D’après la Cnuced, les attaques des houthistes ont poussé des armateurs à suspendre les transits par la mer Rouge et à contourner l’Afrique ; aussi le volume du commerce via le canal de Suez a-t-il baissé de 42 % ces deux derniers mois. Et le nombre hebdomadaire de transits de porte-conteneurs a baissé de 67 % sur un an. « Les plus grands porte-conteneurs étant principalement ceux qui n’empruntent plus le canal de Suez, le déclin en quantité de conteneurs est encore plus important », a noté M. Hoffmann.
La baisse du transit des pétroliers est de 18 %, celle des cargos de vrac (grain, charbon…) de 6 %, et les transports de gaz sont à l’arrêt.
D’autres routes maritimes « sous tension »
Depuis novembre 2023, les rebelles houthistes disent viser les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden qu’ils estiment liés à Israël, en « solidarité » avec les Palestiniens à Gaza, qui souffrent de la vaste opération militaire lancée par Israël à la suite de l’attaque sans précédent menée le 7 octobre sur son sol par le mouvement islamiste Hamas.
Les perturbations du commerce en mer Rouge sont d’autant plus inquiétantes que « plus de 80 % » du commerce mondial de biens se fait par voie maritime et que « d’autres routes importantes sont déjà sous tension », a expliqué l’expert de la Cnuced.
Ainsi, le transit par la mer Noire a été largement perturbé après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, provoquant dans les mois qui ont suivi une flambée des prix alimentaires mondiaux.
En raison d’une sécheresse, le niveau de l’eau dans le canal de Panama a largement baissé, réduisant le trafic. En décembre 2023, le nombre de passages par ce canal a baissé de 36 % par rapport à un an plus tôt, et de 62 % par rapport à deux ans auparavant, selon la Cnuced.
« Des perturbations prolongées sur des routes commerciales majeures pourraient affecter les chaînes d’approvisionnement mondiales, entraînant des délais pour les livraisons de biens, une augmentation des coûts et un risque d’inflation », note l’agence onusienne, s’inquiétant en particulier pour les prix alimentaires mondiaux.