Déjà déclaré coupable en mai 2023 d’avoir agressé sexuellement E. Jean Carroll, l’ancien président devra en outre lui verser cette somme astronomique pour l’avoir régulièrement insultée et dénigrée.
L’ancien président américain Donald Trump a été condamné vendredi 27 janvier par un tribunal civil de New York à verser 83,3 millions de dollars à l’autrice Elizabeth Jean Carroll pour l’avoir diffamée, sur fond d’accusations de viol dans les années 1990.
L’ancien président des États-Unis, en campagne pour être réélu, a immédiatement fustigé sur son réseau social Truth Social une condamnation «ridicule» et promis de faire appel. Le grand favori des primaires républicaines et très probable adversaire de Joe Biden à la présidentielle de novembre, a dénoncé une nouvelle fois «une chasse aux sorcières dirigée par Biden contre (lui) et le Parti républicain».
Ce montant astronomique de plus de 83 millions de dollars, décidé par un jury populaire, comprend notamment 65 millions de dollars de dommages et intérêts «punitifs». Les jurés ont reconnu l’intention de «nuire» de Donald Trump, 77 ans, déjà reconnu responsable par le juge de propos diffamatoires à l’encontre de Elizabeth Jean Carroll, 80 ans, qui réclamait au moins 10 millions de dollars de dédommagements pour préjudice moral et professionnel. Cette dernière est une ancienne chroniqueuse de l’édition américaine du magazine Elle, qui a accusé Donald Trump de l’avoir violée en 1996 dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais.
Une ambiance électrique
Sur la foi d’une autre plainte au civil en 2022 pour viol et diffamation, elle l’avait déjà fait reconnaître responsable en mai dernier au civil d’agression sexuelle il y a 28 ans et de propos diffamatoires tenus en 2022. Donald Trump avait été alors condamné à verser cinq millions de dollars de réparation. Le total de ce qu’il doit verser après les procès de 2023 et 2024 s’élève donc à plus de 88 millions de dollars.
Ce second procès, uniquement pour diffamation, découle d’une première plainte civile en 2019 et avait commencé le 16 janvier, dans une ambiance électrique, en présence le plus souvent de l’ex-locataire de la Maison-Blanche qui rêve d’y retourner. À peine avaient commencé les plaidoiries finales que le tempétueux homme d’affaires s’était soudainement levé vendredi de sa chaise et avait bondi hors de la salle d’audience. Donald Trump était toutefois revenu dans le prétoire.
«Une FAUSSE histoire à la Monica Lewinsky»
L’avocate d’Elizabeth Jean Carroll, Roberta Kaplan, (sans lien de parenté avec le juge Kaplan), venait de dire que l’ancien président des États-Unis avait «continué durant tout le procès à diffamer» sa cliente. «L’homme qui a agressé sexuellement (Mme Carroll) fait ce qu’il veut: il ment, il diffame», a tonné l’avocate pour qui le septuagénaire «continue de lui faire du mal sur sa puissante plateforme», Truth Social et ses dizaines de millions d’abonnés.
De fait, le magnat a posté vendredi une vingtaine de messages accusant une nouvelle fois Elizabeth Jean Carroll d’avoir monté «une FAUSSE histoire à la Monica Lewinsky» – du nom de la stagiaire de la Maison Blanche au cœur d’un scandale qui avait failli emporter le président Bill Clinton à la fin des années 1990 – et de «chercher à EXTORQUER» de l’argent.
«Elle est malade»
Jeudi, l’ex-président s’était brièvement défendu au procès mais sa liberté de parole était strictement limitée par le juge pour éviter tout dérapage verbal. Il a simplement indiqué par un «oui» qu’il avait tenu les propos visés par une première plainte en 2019 contre des accusations de viol que venait de lancer, pour la première fois publiquement, E. Jean Carroll dans un livre. «Elle a dit quelque chose que j’ai considéré comme faux», a dit Donald Trump.
Mais encore mercredi soir, il avait lancé sur Truth Social 37 attaques contre Elizabeth Jean Carroll qu’il continue de dénigrer et d’insulter en la traitant de «tarée», à l’«histoire bidon», qu’il n’a «jamais vue de (sa) vie». «Elle est malade», avait-il répété durant la procédure. Le juge Kaplan, qui avait présidé le premier procès l’an passé, avait ordonné que ce second ne porte que sur les propos diffamatoires de Donald Trump et pas sur les accusations de viol de la plaignante.
En plus de cette affaire, quatre procès au pénal attendent l’ancien président des États-Unis.