Dans son discours annuel à la nation, Vladimir Poutine fait traditionnellement le bilan de l’année écoulée et fixe de nouvelles orientations stratégiques à deux semaines d’une élection présidentielle sans opposition.
C’est une allocution annuelle très attendue. Ce jeudi à partir de 12 heures (heure locale), Vladimir Poutine s’adresse à la Nation au Gostiny Dvor, un palais des congrès situé près de la Place Rouge à Moscou devant l’élite politique et militaire du pays mais aussi à la télévision et gratuitement dans des salles de cinéma de 20 villes de Russie. De quoi permettre au président russe de faire le bilan de l’année écoulée et de fixer les objectifs « pour les six prochaines années ».
À deux semaines d’une élection présidentielle du 15 au 17 mars, sans surprise et sans opposition, le chef du Kremlin apparaît en meilleure posture qu’il y a un an quand son armée était sous le coup de retraites humiliantes dans le sud et le nord-est de l’Ukraine, après une tentative avortée de s’emparer de Kiev au printemps 2022.
Là, il est conforté par les avancées russes en Ukraine avec une armée ukrainienne qui a échoué dans sa contre-offensive déclenchée à l’été 2023, qui manque de munitions faute d’accord à Washington. Mi-février, l’armée russe a réussi à s’emparer de la ville fortesse d’Avdiivka , sur le front Est, et continuent leur poussée dans ce secteur.
En outre, malgré les sanctions internationales, l’économie de son pays fait preuve d’une étonnante résilience en trouvant ou en accentuant ses partenariats avec des pays en Asie tout en lui permettant d’accentuer son effort de guerre pour la fabrication de matériels ou en renforçant son armée.
La veille des funérailles de Navalny
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé d’évoquer les thèmes du discours, disant seulement que le président l’écrivait personnellement. De son côté, Vladimir Poutine a quant à lui déclaré que sa prise de parole prendrait « bien sûr » en compte la présidentielle organisée du 15 au 17 mars et permettrait de fixer « des objectifs pour les six prochaines années au moins » ce qui correspond à durée du mandat du chef de l’État en Russie.
Ce discours sera évidemment scruté de près. Vladimir Poutine pourrait réagir aux propos polémiques de son homologue français Emmanuel Macron qui a évoqué cette semaine l’éventualité de l’envoi deb troupes occidentales en Ukraine, ou encore à l’appel des séparatistes prorusses de Moldavie qui ont solennellement réclamé, mercredi, la « protection » de Moscou.
Autre interrogation : son discours intervient à la veille des funérailles prévues à Moscou de son principal opposant, le militant anticorruption Alexei Navalny, mort le 16 février en prison dans des conditions obscures. Va-t-il commenter ce décès qui a choqué les puissances occidentales alors qu’il n’a jamais prononcé son nom en public ?
Enfin, comme d’habitude, le président russe devrait se livrer à une attaque en règle de l’Occident, présenté l’an passé comme l’ennemi dépravé des « valeurs traditionnelles » officiellement défendues par le Kremlin. L’an passé, il avait aussi accusé les Occidentaux de se servir du conflit en Ukraine pour « en finir » avec la Russie, réitérant sa thèse selon laquelle ils appuient des forces néonazies chez son voisin pour y consolider un État antirusse.