Alors que le sixième mois de guerre s’achève entre Israël et le Hamas, une possible offensive sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, fait craindre une aggravation du bilan humain.
Alors que la possibilité d’une offensive israélienne sur la ville de Rafah inquiète les observateurs et la communauté internationale, les États-Unis et le Qatar, qui font office de médiateurs, s’efforcent d’obtenir une trêve pour le ramadan . Selon le Hamas, la barra des 30.000 morts aurait été franchie à Gaza. Le Figaro fait le point sur la situation ce jeudi 29 février.
La barre des 30.000 morts franchie à Gaza, selon le Hamas
Le Hamas a annoncé ce jeudi que le nombre de morts dans la bande de Gaza était de «plus de 30.000» depuis le début du conflit avec Israël déclenché le 7 octobre. Des chiffres à considérer avec précaution, car impossibles à confirmer. Ce bilan est communiqué alors que les principaux médiateurs dans la guerre, les États-Unis et le Qatar, disent espérer obtenir une trêve permettant la libération d’otages détenus à Gaza avant le début du ramadan, le mois de jeûne sacré musulman qui commence autour du 11 mars.
La guerre, qui a transformé le territoire palestinien en «zone de mort» selon l’ONU, est déjà, et de très loin, la plus meurtrière des cinq conflits ayant opposé Israël au Hamas depuis que ce dernier a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Au quotidien, les civils paient le prix le plus lourd des combats et des bombardements qui n’ont épargné aucune zone, ont dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de Palestiniens sur les 2,4 millions d’habitants à fuir leurs foyers.
La majorité de la population menacée par la famine, selon l’ONU
Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire en progressant vers le sud. Depuis, elle a perdu 242 soldats.
Dans le territoire assiégé depuis le 9 octobre par Israël, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine selon l’ONU, en particulier dans le Nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide.
L’ONU a aussi dénoncé des entraves imposées par Israël qui contrôle l’entrée des aides en provenance d’Égypte. D’après l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), les besoins humanitaires sont «illimités». «La famine se profile. Les hôpitaux se sont transformés en champs de bataille. Un million d’enfants font face à un traumatisme quotidien», a-t-elle souligné. Selon le ministère de la Santé du Hamas, sept enfants sont morts «de déshydratation et de malnutrition» à l’hôpital Al-Chifa de Gaza-ville (nord), et sept autres à l’hôpital Kamal Adwan, également dans le Nord.
La communauté internationale s’inquiète aussi d’une prochaine offensive terrestre israélienne sur Rafah, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l’ONU, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée de l’Égypte. Cible de bombardements israéliens quotidiens, Rafah, qui comptait 270.000 habitants avant la guerre, est le principal point d’entrée de l’aide à Gaza, qui arrive en quantité très limitée.
L’Agence américaine pour le développement international (USAID) affirme discuter avec les responsables palestiniens de l’ouverture de «beaucoup plus de points de passage». «C’est une question de vie ou de mort», a dit son administratrice, Samantha Power, sur le réseau social X.
Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a dit vouloir y vaincre le Hamas dans son «dernier bastion». Il a affirmé qu’une trêve ne ferait que «retarder» une telle offensive tout en assurant que les civils seraient évacués hors des zones de combat.
Les pays médiateurs tentent d’arracher une trêve pour le ramadan
Face à cette guerre dévastatrice, le Qatar, les États-Unis et l’Égypte tentent d’arracher un accord de trêve portant sur une pause des combats de six semaines, durant laquelle un otage, parmi des femmes, des mineurs et des personnes âgées malades, serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source du Hamas.
Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué «un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan» afin de «faire sortir tous les otages». «J’ai espoir que d’ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu», a-t-il dit, tout en soulignant que ce n’était «pas encore fait».
Réclamant de leur gouvernement un accord pour libérer les otages, quelque 150 Israéliens ont lancé une marche de quatre jours depuis Reim dans le sud d’Israël jusqu’à Jérusalem. «Il n’y aura pas de victoire si nos citoyens restent en captivité», a affirmé l’un d’entre eux, Niv Cohen, survivant des attaques du 7 octobre.
Sur le plan diplomatique, des représentants de factions palestiniennes, y compris les mouvements rivaux du Hamas et du Fatah, se trouvent ce jeudi à Moscou pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Jeudi, la Nouvelle-Zélande, l’un des derniers pays occidentaux à ne pas l’avoir fait, a annoncé qu’elle désignerait désormais elle aussi «l’intégralité du Hamas», c’est-à-dire y compris la branche politique, comme «entité terroriste».