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SpaceX . Après deux échecs, nouvelle tentative de décollage pour la mégafusée Starship d’Elon Musk

Ce test orbital crucial vise à démontrer la capacité de Starship à effectuer des missions futures, notamment la colonisation de Mars et le déploiement de satellites.

Après deux premiers tests achevés dans de spectaculaires explosions, l’immense fusée Starship de SpaceX  doit de nouveau décoller jeudi, pour un vol d’essai comprenant une longue liste d’objectifs, dont un premier retour sur Terre contrôlé. Avec ses 120 mètres de haut, Starship est la fusée la plus grande du monde. Elle est aussi la plus puissante.

Le décollage pour ce troisième vol test doit avoir lieu à partir de 7 heures locales (12H00 GMT) depuis la base spatiale «Starbase» de SpaceX, à Boca Chica, dans l’extrême sud du Texas. La météo, pas idéale, pourrait toutefois provoquer un report. L’entreprise du milliardaire Elon Musk mise sur Starship pour réaliser son but affiché: installer une colonie autonome sur Mars, afin de faire de l’humanité une espèce multiplanétaire. Son développement est aussi très important pour la Nasa, qui compte sur ce vaisseau pour faire atterrir ses astronautes sur la Lune lors de sa mission Artémis 3, prévue en 2026. La fusée est composée de deux étages: l’étage de propulsion Super Heavy, et au-dessus le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière.

«Atteindre l’orbite»

Le dernier test avait eu lieu il y a quatre mois. Les deux étages de la fusée s’étaient pour la première fois séparés en vol avec succès, mais avaient ensuite tous deux explosé. Le vaisseau avait toutefois atteint environ 150 km d’altitude, dépassant la frontière de l’espace. SpaceX a ensuite proposé au régulateur aérien américain, la FAA, 17 «mesures correctives», qui devaient être mises en place pour décrocher une nouvelle licence de vol, finalement obtenue mercredi.

Pour ce troisième essai, SpaceX a dit vouloir accomplir plusieurs «objectifs ambitieux». Parmi eux: effectuer «une rentrée contrôlée» du vaisseau, qui devra retomber dans l’océan Indien pour clore le test, au bout d’environ une heure. Le premier étage doit aussi plonger (bien plus tôt) dans l’océan après sa séparation. Elon Musk avait dit en janvier que le vaisseau devrait cette fois «atteindre l’orbite» durant le vol.

SpaceX veut également tester l’ouverture de la trappe qui pourra servir à l’avenir à libérer dans l’espace des cargaisons, par exemple des satellites. La société veut aussi réaliser la «démonstration d’un transfert de carburant» en vol. Selon la presse spécialisée, ce transfert pourrait avoir lieu entre deux réservoirs à l’intérieur du vaisseau. Mettre au point cette fonction est essentiel, car pour atteindre la Lune, Starship devra se ravitailler en carburant une fois dans l’espace, grâce à un vaisseau préalablement rempli par d’autres, et servant de sorte de station-service spatiale.

Pour ces tests, les prototypes utilisés ne transportent aucune cargaison. Et SpaceX a d’ores et déjà fabriqué de nombreux exemplaires de sa fusée. La méthode de développement de SpaceX est différente de celle des entreprises traditionnelles et des agences spatiales nationales. Contrairement à ces dernières fonctionnant avec l’argent du contribuable, SpaceX utilise ses fonds propres, lui permettant de prendre davantage de risques. L’entreprise revendique en outre une technique de développement par itération, reposant sur des tests successifs enchaînés à une cadence rapide — quitte à ce qu’ils se terminent dans d’impressionnantes boules de feu.

Les leçons tirées permettent alors de procéder rapidement à des modifications. À chaque test, «on apprend quelque chose de nouveau», avait déclaré en janvier Elon Musk dans un discours face à des employés. «C’est toujours mieux de sacrifier du matériel que de sacrifier du temps.» Le développement des fusées Falcon de SpaceX, qui avec 96 missions réussies en 2023 dominent aujourd’hui le marché des lancements américains, s’est aussi appuyé sur de multiples tests ratés.

Un impératif pour pouvoir «coloniser» Mars

Outre sa taille démesurée, la véritable innovation de Starship est qu’elle doit à terme être entièrement réutilisable. Actuellement, seul le premier étage de la fusée Falcon 9 revient se poser après chaque lancement pour être réutilisé. Pouvoir faire voler de multiples fois les deux étages de Starship permettra des lancements encore plus fréquents, et pour moins cher — un impératif pour pouvoir «coloniser» Mars, selon Elon Musk. Le patron, aux annonces toujours optimistes en termes de calendrier, a dit cette semaine espérer que Starship effectue «six vols de plus cette année».