Plusieurs organisations palestiniennes ont rencontré les rebelles houthistes du Yémen pour évoquer les actions menées contre Israël et ses alliés, mais également pour renforcer leur coordination. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou insiste pour sa part sur sa volonté de frapper un grand coup à Rafah, alors que Washington semble prendre ses distances avec l’État hébreu.
Des dirigeants du Hamas et des rebelles Yéménites Houthis se sont rencontrés récemment afin de discuter de la « coordination » de leurs actions contre Israël , ont indiqué vendredi 15 mars 2024 au soir des sources au sein des factions palestiniennes.
Selon ces sources au sein des mouvements islamistes palestiniens du Hamas et du Djihad islamique, des dirigeants de ces deux organisations, ainsi que du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, marxiste), ont tenu « la semaine dernière » une « réunion importante » avec des cadres des Houthis.
Au cours de cette réunion, dont le lieu et les participants précis n’ont pas été révélés, les dirigeants de ces factions ont discuté des « mécanismes de coordination de leurs actions de résistance en qui concerne la prochaine étape » de la guerre en cours entre Israël et le Hamas, selon ces sources.
Les factions palestiniennes et les Houthis ont aussi discuté d’une possible opération israélienne à Rafah, dernier grand bastion du Hamas dans le sud de la bande de Gaza où s’entassent, selon l’ONU, 1,5 million de personnes la majorité déplacée par les combats, ajoutent ces sources.
Lors de cette rencontre avec les factions palestiniennes, les Houthistes ont « confirmé qu’ils poursuivraient leurs opérations en mer Rouge » afin de « soutenir la résistance palestinienne ».
« Notre principale bataille consiste à empêcher les navires liés à l’ennemi israélien de traverser la mer d’Oman, la mer Rouge et le golfe d’Aden, mais nous nous efforcerons aussi […] de les empêcher de traverser l’océan Indien et d’aller de l’Afrique du Sud vers le cap de Bonne-Espérance », a-t-il déclaré.
Opération sur Rafah
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a approuvé « les plans d’action » de l’armée en vue d’une offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, selon un communiqué transmis vendredi à la presse.
« L’armée israélienne est prête pour le côté opérationnel et pour l’évacuation de la population », selon le communiqué qui ne donne aucune autre précision sur cette opération annoncée de longue date, contre laquelle les États-Unis et l’ONU ne cessent de mettre en garde.
Benyamin Netanyahou promet depuis des semaines de poursuivre la guerre jusqu’à l’élimination du Hamas et a annoncé à plusieurs reprises une offensive prochaine contre Rafah, collée à la frontière fermée avec l’Égypte, et où sont massés, selon l’ONU, environ un million et demi de Palestiniens.
Washington pour sa part répète son opposition à toute offensive à Rafah mettant en péril les civils qui y sont réfugiés.
« Je continuerai à rejeter la pression. Nous entrerons dans Rafah. Nous achèverons d’éliminer les bataillons du Hamas », a-t-il répété jeudi dans un message sur le réseau social X.
Mais le fossé entre Joe Biden et Netanyahou se creuse chaque jour : le président américain a ainsi salué vendredi le « bon discours » prononcé la veille par le chef des sénateurs démocrates, et très critique envers le Premier ministre israélien.
« Il a fait un bon discours et je pense qu’il a exprimé des préoccupations importantes, qui ne sont pas seulement les siennes mais qui sont partagées par de nombreux Américains », a dit le président à propos de cette intervention de Chuck Schumer, personnalité juive la plus haut placée du pouvoir législatif américain.
Le sénateur avait estimé jeudi que « de nouvelles élections étaient la seule manière de permettre la tenue d’un processus décisionnel sain » sur l’avenir du pays, en jugeant que « le Premier ministre Netanyahou (s’était) égaré, laissant sa survie politique passer avant l’intérêt supérieur d’Israël ».
Le Hamas critique le Premier ministre palestinien
La nomination d’un fidèle de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre palestinien va « renforcer les divisions » et prouve la « déconnexion de l’Autorité palestinienne de la réalité », ont dénoncé vendredi le Hamas, le Djihad islamique et d’autres formations.
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a nommé jeudi un de ses fidèles, l’économiste Mohammad Mustafa comme Premier ministre, pour tenter de renforcer son leadership affaibli et retrouver de la crédibilité.
« Former un nouveau gouvernement sans consensus national va aggraver les divisions » interpalestiniennes, met en garde le mouvement islamiste Hamas dans un communiqué publié sur son site. Le Djihad islamique et le FPLP (Front populaire de libération de la Palestine, marxiste), deux formations également considérées comme terroristes par Israël, sont aussi signataires du communiqué.
La nomination du nouveau Premier ministre prouve « la profonde crise au sein de l’Autorité palestinienne et sa déconnexion de la réalité », selon le communiqué qui dénonce le « fossé entre l’Autorité et le peuple » palestinien.
« Abus systématiques » à Gaza
Sur fond de guerre à Gaza, les prisons israéliennes comptent un nombre record de Palestiniens, soumis à des « abus systématiques » et parfois à la torture, dénoncent des ONG israéliennes, appelant la communauté internationale à agir.
Les membres de ces organisations se sont rendus à Genève cette semaine pour jeter la lumière devant l’ONU sur une « crise » majeure dans les prisons du pays, où, selon eux, neuf personnes seraient mortes depuis le 7 octobre.
« Nous sommes extrêmement inquiets », a déclaré Tal Steiner, directrice exécutive du Comité public contre la torture en Israël dans un entretien à l’AFP.
« Nous sommes face à une crise », a-t-elle martelé, soulignant qu’« il y a près de 10 000 Palestiniens détenus par Israël, […] une augmentation de 200 % ».
Selon Mme Steiner la situation s’est considérablement aggravée depuis la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas.