Les efforts des médiateurs se sont intensifiés ces dernières heures pour parvenir à une trêve dans la bande de Gaza assiégée, où la famine guette des centaines de milliers de Palestiniens après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas. Anthony Blinken débute une nouvelle tournée dans la région pour parvenir à accorder les belligérants.
Les discussions sur un éventuel accord de trêve se poursuivent au Qatar, pays médiateur avec les Etats-Unis et l’Egypte, avec notamment ces derniers jours la visite du chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs istaéliens et après un infléchissement de la position du Hamas qui a ouvert la porte à une pause de quelques semaines dans les affrontements après avoir exigé sans succès un cessez-le-feu définitif.
Les ONG et les agences de l’ONU ne cessent quant à eux de tirer la sonnette d’alarme sur le risque imminent de famine dans le territoire palestinien, en particulier dans le Nord, difficilement accessible, où vivent actuellement plus de 300 000 personnes.
Les sévères restrictions imposées par Israël à l’entrée de l’aide humanitaire et la possible utilisation de la faim comme arme pourraient « constituer un crime de guerre », a averti l’ONU mardi.
Blinken au Moyen-Orient
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce mercredi 20 mars 2024 au Moyen-Orient pour tenter d’arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats à Gaza, où la famine guette la population palestinienne après plus de cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.
« Cent pour cent de la population » de Gaza se trouve « dans une situation d’insécurité alimentaire grave », a affirmé mardi le secrétaire d’État américain. « C’est la première fois qu’une population entière est ainsi classée », a-t-il ajouté.
Le Hamas accuse Israël de « saboter » la trêve
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé mardi Israël de « saboter » les négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza avec son opération lancée lundi avant l’aube contre l’hôpital Al-Chifa de Gaza.
L’action des forces israéliennes « dans le complexe médical d’Al-Chifa confirme leur volonté d’empêcher toute reprise d’une vie décente à Gaza et de démanteler des infrastructures essentielles », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Cela révèle aussi une volonté de saboter les négociations en cours à Doha » et « de semer le chaos et perpétrer la violence », a-t-il ajouté, en exigeant « la fin de l’agression, le retrait des forces d’occupation de Gaza, et le retour des déplacés ».
« Atrocités » à Gaza
Des médecins s’étant rendus dans la bande de Gaza au cours des derniers mois ont décrit lors d’un événement organisé au siège des Nations unies, un système de santé en plein effondrement et des « atrocités épouvantables » engendrées par l’offensive israélienne.
Les quatre médecins, venus des États-Unis, du Royaume-Unis et de France, se sont rendus à Gaza afin d’aider les équipes médicales et de soutenir le système de santé de l’enclave palestinienne.
Nick Maynard, un chirurgien qui se trouvait pour la dernière fois à Gaza au mois de janvier, a évoqué une enfant souffrant de brûlures si sévères que l’on pouvait voir les os de son visage.
Les médecins ont prévenu que le bilan d’une intervention de l’armée israélienne à Rafah serait élevé.
« S’il y a une grande invasion de Rafah, cela sera apocalyptique, le nombre de morts que nous verrons », a dit Nick Maynard.
Fin des armes canadiennes pour Israël
Le Canada va cesser d’envoyer des armes vers Israël a annoncé mardi une source gouvernementale canadienne qui précise qu’Ottawa n’a exporté que des armes « non létales » depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas.
« Nous sommes dans une situation où la réalité sur le terrain ne nous permet plus » d’exporter des armes.
Les licences de vente d’armées accordées par le Canada depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas il y a cinq mois, concernaient uniquement l’exportation d’équipements non létaux, a ajouté cette même source qui précise aucune exportation n’a eu lieu depuis janvier.
Parmi ces armes « non létales » figuraient des « outils de communication », a-t-elle encore indiqué.
Israël devrait laisser l’Unrwa agir
Les États-Unis ont affirmé mardi qu’Israël devrait permettre au chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) de pénétrer dans la bande de Gaza, après que l’entrée lui eut été refusée.
Philippe Lazzarini a déclaré lundi au Caire qu’il avait « prévu d’aller à Rafah », dans le sud de la bande de Gaza, via le poste-frontière avec l’Égypte mais qu’il avait été « informé que (son) entrée n’était pas autorisée ».
Il a ensuite précisé sur X que « les autorités israéliennes » lui avaient « refusé » l’entrée dans le territoire palestinien assiégé par Israël depuis le début de la guerre avec le mouvement palestinien Hamas.
« Ils devraient être autorisés à visiter les endroits où l’Unrwa intervient, y compris dans Gaza, et nous continuons de travailler avec le gouvernement israélien pour approuver rapidement tous les visas demandés pour les employés des Nations unies et d’ONG », a déclaré à la presse Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d’État américain.
« Tous les États de la région doivent faire ce qui est nécessaire pour permettre une réponse humanitaire et cela inclut bien sûr l’autorisation de libre circulation pour les employés internationaux », a-t-il ajouté, sans vouloir préciser si les États-Unis avaient évoqué avec Israël le refus d’entrer à Gaza intimé à Philippe Lazzarini.
Ce dernier, qui était mardi à Jérusalem, a jugé que ce refus d’entrée était « sans précédent » pour « le chef de la principale agence onusienne présente à Gaza ».