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Guerre entre Israël et Hamas : Israël confirme avoir « éliminé » le numéro deux de la branche armée du Hamas, Marwan Issa

Au lendemain du vote du Conseil de sécurité, l’armée israélienne poursuivait ses opérations militaires dans l’enclave dévastée. Au Qatar, les discussions, même si elles ne sont pas rompues, n’ont pas avancé.

Le sud de la bande de Gaza était le théâtre d’intenses bombardements israéliens dans la nuit du mardi 26 au mercredi 27 mars malgré une première résolution, adopté la veille, de l’Organisation des Nations unies (ONU) exigeant un « cessez-le-feu immédiat ». Il serait, a dit son secrétaire général, Antonio Guterres, après le vote, « impardonnable » de l’ignorer.

Malgré les pressions internationales croissantes, y compris, désormais, des Etats-Unis, qui se sont abstenus lors du vote de la résolution, Israël compte bien poursuivre ses opérations militaires, avec les objectifs annoncés de détruire le Hamas et de libérer les 130 otages toujours retenus par le groupe islamiste.

Israël continue les bombardements et les opérations militaires contre des hôpitaux

Une maison détruite par l’armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 mars 2024.

L’armée israélienne a revendiqué des attaques sur plus de soixante de cibles dans toute la bande de Gaza depuis vingt-quatre heures. Les cibles étaient des tunnels, des sites de tirs de roquettes et des bases de militants du Hamas, notamment dans la ville de Khan Younès, dit-elle, en ajoutant que des tirs de roquettes ont été signalés dans le sud d’Israël.

Les troupes israéliennes encerclaient mardi le complexe hospitalier Al-Nasser dans la ville de Khan Younès (sud), selon des témoins. L’hôpital Al-Amal, à environ 1 kilomètre de Nasser, mais moins grand, a aussi été attaqué depuis dimanche. Il est aujourd’hui « hors service » et « a cessé de fonctionner complètement », selon le Croissant-Rouge palestinien.

« La fermeture forcée de l’hôpital Al-Amal, l’une des rares structures médicales restantes dans le sud, a de profondes implications, mettant en danger d’innombrables vies », a dénoncé la Fédération internationale des sociétés de la Croix-rouge et du Croissant rouge (FICR), jugeant « catastrophique » l’état du système de santé dans le nord du territoire après plus de cinq mois de guerre.

Des opérations étaient également en cours mardi dans l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, où l’armée israélienne dit avoir tué plus de 170 combattants du Hamas depuis le 18 mars, et autour de l’hôpital Nasser, à Khan Younès, encerclé par des tanks.

Tôt mercredi, le ministère de la santé du Hamas a fait état de 3 morts et de 12 blessés lors de frappes nocturnes de l’aviation israélienne dans le secteur de Rafah.

Mardi, le ministère de la santé du Hamas a annoncé la mort de 81 personnes supplémentaires. Une frappe israélienne, lundi soir, a pulvérisé un bâtiment à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, tuant au moins seize personnes, dont neuf enfants, selon un journaliste de l’Associated Press qui a vu les corps et pu consulter les registres d’hôpitaux. Le ministère de la santé de la bande de Gaza, administrée par le Hamas a, par ailleurs, fait état de douze morts, dont des enfants, mardi soir dans une frappe aérienne israélienne sur la tente d’une famille de déplacés à Khan Younès.

Dix-huit morts lors du largage d’aide humanitaire, selon le Hamas

D’autres morts ont eu lieu lors du largage d’aide humanitaire. Selon le Hamas, dix-huit personnes sont mortes, noyées ou lors de bousculades, en essayant de récupérer des denrées parachutées dans le nord de l’enclave. Des avions militaires parachutent des palettes depuis plusieurs semaines, avec le soutien de pays comme le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis, l’Egypte et la Jordanie. Le gouvernement du Hamas a appelé à « cesser immédiatement les opérations de largage aérien » et demandé l’ouverture « rapide » des accès terrestres pour l’aide. Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils continueraient malgré tout les largages d’aide. La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a, elle, plaidé mardi pour étendre massivement les livraisons de vivres à Gaza.

Le ministre de la défense américain a jugé mardi le nombre de victimes civiles « beaucoup trop élevé et l’aide humanitaire beaucoup trop faible ». Lloyd Austin a précisé qu’il discuterait avec son homologue israélien, Yoav Gallant, d’autres options pouvant remplacer une opération israélienne de grande envergure dans le sud du territoire.

Le bilan humain de cette guerre est désormais de 32 414 morts, majoritairement des civils, et plus de 74 780 blessés, selon le gouvernement du Hamas.

Israël confirme avoir « éliminé » le numéro deux de la branche armée du Hamas, Marwan Issa

Le numéro deux de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, « l’un des organisateurs du massacre du 7 octobre », a été « éliminé dans une frappe que nous avons menée il y a deux semaines », a annoncé le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, dans une conférence de presse, confirmant une information déjà diffusée par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, le 18 mars.

Ce haut responsable des brigades al-Qassam a été « éliminé dans une frappe complexe et précise de l’armée de l’air, sur la base de renseignements de l’armée et du Shin Beth », le renseignement intérieur, a-t-il ajouté.

Tard mardi, un membre du bureau politique du Hamas, Izzat al-Rishq, a affirmé dans un communiqué ne « pas avoir confiance » en l’annonce israélienne, sans toutefois fournir de preuves que Marwan Issa est toujours en vie.

Israël annonce la mort d’un otage israélien, dont le corps est retenu à Gaza

Une association de familles d’otages a annoncé mardi qu’un otage israélien enlevé par le Hamas le 7 octobre lors du festival de musique Nova, avait été tué. L’armée israélienne a informé la famille d’Ouriel Barouch, 35 ans et père de deux enfants, que son corps était retenu à Gaza, selon ce communiqué, qui ne précise ni la date ni les circonstances de sa mort.

« Le Forum Tikva des familles d’otages est en deuil après l’annonce du meurtre d’Ouriel Barouch », écrit l’association. « Ouriel était un homme joyeux et aimé par tous… On se souviendra de son sourire et de son amour d’autrui », dit sa famille, citée dans le communiqué.

« L’aide vitale est entravée, des vies sont perdues, la dignité est bafouée »

Rassemblement de Palestiniens pour collecter l’aide larguée par un avion, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 mars 2024.

Dans l’enclave palestinienne, dévastée, près de 2,4 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont menacés de famine, alerte l’ONU. L’UNRWA, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, dit disposer de fonds suffisants pour mener ses « opérations jusqu’à la fin du mois de mai », selon son chef, Philippe Lazzarini. De nombreux donateurs ont interrompu leur financement après les accusations israéliennes selon lesquelles certains membres du personnel auraient participé à l’attaque du Hamas. Depuis, certains d’entre eux, comme le Canada, l’Australie, la Finlande et la Suède, ont repris leurs contributions.

Israël, qui impose un blocus total de la bande de Gaza depuis 2007, a informé l’ONU qu’il n’autoriserait désormais plus les convois alimentaires de l’UNRWA à entrer par les points de passage dans le nord. Selon James Elder, porte-parole de l’Unicef, un quart des quarante missions d’aide humanitaire y ont été bloquées entre le 1er et le 22 mars. « L’aide vitale est entravée, des vies sont perdues, la dignité est bafouée », a dit M. Elder.

La situation s’inscrit dans l’un des « chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité, a-t-il ajouté. Hier, l’Unicef s’est assis avec des adolescents, dont plusieurs ont dit être si désespérés de voir ce cauchemar prendre fin qu’ils espéraient être tués ».

Après la résolution de l’ONU, l’attention diplomatique revient au Qatar

Le texte voté à l’ONU, lundi, « exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan » – qui a débuté il y a deux semaines –, devant « mener à un cessez-le-feu durable », et « exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ». Il a été adopté par quatorze voix, les Etats-Unis se sont abstenus. Allié historique d’Israël, Washington s’était jusqu’alors opposé au terme « cessez-le-feu » dans les résolutions de l’ONU, bloquant trois textes en ce sens.

L’abstention américaine a provoqué la colère du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui accuse Washington d’avoir « abandonné sa politique à l’ONU » et décrie la résolution, qui « donne l’espoir au Hamas que la pression internationale forcera Israël à accepter un cessez-le-feu sans libération de nos otages ». Le gouvernement israélien a annulé dans la foulée la visite d’une délégation attendue à Washington. Selon l’Associated Press, celle-ci devait s’entretenir avec des responsables américains sur solutions autres que la poursuite de l’offensive terrestre israélienne jusqu’à la ville de Rafah, un objectif toujours soutenu par Benyamin Nétanyahou.

Après la résolution onusienne, l’attention diplomatique revient à Doha, où les tractations sous l’égide de médiateurs internationaux – le Qatar, l’Egypte et les Etats-Unis – pour une trêve de plusieurs semaines, une libération des otages et la libération de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, restent dans l’impasse, chaque camp rejetant la responsabilité sur l’autre.

Le Hamas, qui a « salué l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU à un cessez-le-feu immédiat », a accusé Israël, lundi, de « l’échec » de ces pourparlers. « La résolution montre que l’occupation israélienne connaît un isolement politique sans précédent », a ajouté, mardi à Téhéran, le chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh. « La position du Hamas prouve clairement qu’il n’est pas intéressé par la poursuite des négociations », a répondu le bureau du premier ministre israélien, en qualifiant les exigences du Hamas de « délirantes ».

Majed Al-Ansari, porte-parole du ministère des affaires étrangères du Qatar, a dit devant des journalistes, mardi, que les pourparlers indirects étaient toujours « en cours », et ce « quelles que soient les allées et venues de ces équipes ». Si Israël a officiellement rappelé sa délégation, plusieurs de ses membres sont toujours présents à Doha, selon le quotidien israélien Haaretz. Une source proche des discussions, citée anonymement par l’AFP, rapporte aussi que « des responsables » du Mossad « restaient à Doha pour les négociations ».