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Guerre entre Israël et Hamas : la CIJ ordonne à l’État hébreu d’assurer une aide humanitaire « de toute urgence » à Gaza

Saisie une nouvelle fois par l’Afrique du Sud à la mi-février, la Cour internationale de justice de La Haye a intimé à Israël de « veiller sans délai » à ce que soit assurée la fourniture « des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence » dans la bande de Gaza.

Affirmant que « la famine s’installe » dans le territoire palestinien, la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné jeudi à Israël d’assurer « une aide humanitaire de toute urgence » à Gaza. « Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », « veiller sans délai » à ce que soit assurée « sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence » à Gaza, a déclaré la CIJ basée à La Haye dans une ordonnance publiée sur son site.

L’aide aux Palestiniens de Gaza doit se faire « en accroissant la capacité et le nombre des points de passage terrestres et en maintenant ceux-ci ouverts aussi longtemps que nécessaire », préconise-t-elle.

Pretoria salue la décision

Le 13 février, l’Afrique du Sud avait déposé une nouvelle requête devant la CIJ. Pretoria s’est dite « gravement préoccupé » par les nouveaux « massacres, blessés et destructions à grande échelle » qu’entraînerait l’offensive militaire terrestre d’Israël à Rafah. Israël a pour sa part qualifié de « scandaleux » et « moralement répugnant » l’appel de l’Afrique du Sud devant la plus haute juridiction de l’ONU pour de nouvelles mesures d’urgence face à la « famine » à Gaza.

L’Afrique du Sud avait déjà saisi la plus haute juridiction de l’ONU  en accusant Israël de « génocide  » à Gaza. Les juges, qui ne s’étaient pas avancés à ce stade sur la question de savoir si Israël commet effectivement ou non un génocide,l’avaient toutefois enjoint de prévenir de tesl actes.

Pretoria a salué jeudi la décision en la jugeant « importante ». « Le fait que la mort de Palestiniens n’est pas uniquement causée par des bombardements et des attaques terrestres, mais aussi par la maladie et la famine, indique un besoin de protéger le droit à l’existence de ce groupe », a indiqué l’Afrique du Sud dans un communiqué.

Les ordonnances de la CIJ, qui règle les litiges entre États, sont contraignantes mais elle n’a aucun moyen de les faire appliquer. Elle a par exemple ordonné à la Russie de stopper son invasion en Ukraine, toujours en cours.

2,4 millions de Gazaouis menacés de famine

Outre le très lourd bilan humain et les énormes destructions, la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre, a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2.4 milions d’habitants sont menacés de faline selon l’ONU. « 100 % » de la population fait face à une « insécurité alimentaire » grave, avait renchéri le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Selon l’agence de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 3% seulement de l’aide entrée dans le territoire palestinien entre le 18 et le 24 mars a atteint le nord. En dépit des « besoins énormes, les hostilités et les entraves à l’accès (de l’aide) continuent de saper les efforts pour faire parvenir une aide vitale aux civils » de la bande de Gaza, a déploré jeudi l’Ocha.

Dans une rue de Rafah, des Palestiniens, dont de nombreux enfants, faisaient la queue pour remplir leurs bidons d’eau potable. Alors que l’aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays parachutent quotidiennement des vivres parfois au prix de vies humaines.