L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, a fait état lundi de onze morts dans un raid qui a visé une annexe de l’ambassade iranienne, dans un quartier huppé de Damas. L’ambassadeur iranien et sa famille n’ont pas été blessés.
Des frappes sans précédent ont visé lundi le consulat iranien à Damas, ont rapporté les médias d’État. Une ONG a fait état de onze morts dans un contexte régional extrêmement tendu, sur fond de guerre à Gaza. Il s’agit du cinquième raid en huit jours à viser la Syrie, où l’Iran et ses alliés soutiennent le pouvoir de Bachar al Assad.
Que s’est-il passé ?
« L’ennemi israélien a lancé des frappes aériennes depuis le Golan syrien occupé, visant l’annexe de l’ambassade iranienne ç Damas », a affirmé lundi le ministère syrien de la Défense qui a fait état de plusieurs morts et blessés. Le « bâtiment a été attaqué par des avions de combat F-35 et six missiles », a précisé l’ambassadeur iranien en Syrie.
Selon le ministère syrien de la Défense, ces frappes ont « entièrement détruit le bâtiment », situé à Mazzeh d’après l’agence de presse officielle syrienne Sana, un quartier qui abrite des ambassades et des bâtiments des Nations unies. « Tous ceux qui se trouvaient à l’intérieur ont été tués ou blessés », a poursuivi le ministère.
Un correspondant de l’AFP sur place a confirmé que le bâtiment annexe de l’ambassade avait été entièrement détruit par la frappe. Des photos montraient le bâtiment entièrement détruit, réduit à l’état de ruine. Non loin de la scène, des dizaines d’hommes sont rassemblées en face des lieux. Une ambulance est sur le site.
Qui sont les victimes ?
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays, a fait état de onze morts dans ce raid, selon un bilan réactualisé en fin de soirée lundi « Le bilan des frappes israéliennes contre l’annexe de l’ambassade iranienne s’élève à onze morts : huit Iraniens, deux Syriens et un Libanais, tous des combattants, aucun civil », a déclaré Rami Abdel Rahman, directeur de l’ONG.
Le Corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, a pour sa part annoncé que sept de ses membres, dont deux commandants, avaient été tués dans le raid. Dans un communiqué, les Gardiens de la révolution ont confirmé que deux haut gradés de la Force Qods, Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi, faisaient partie des victimes. La force Qods est, au sein des Gardiens de la révolution, chargée des opérations à l’extérieur de l’Iran.
L’agence de presse iranienne Nour a en revanche précisé que « Hossein Akbari, ambassadeur de la République islamique d’Iran à Damas, ainsi que sa famille, n’ont pas été blessés lors de l’attaque israélienne ».
Comment ont réagi l’Iran et ses alliés ?
L’Iran apportera « une réponse décisive » à cette attaque, a déclaré l’ambassadeur en Syrie. Le raid « montre la réalité de l’entité sioniste qui ne reconnaît aucune loi internationale et fait tout ce qui est inhumain pour atteindre ses objectifs », a également commenté Hossein Akbari.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a pour sa part appelé « la communauté internationale » à apporter « une réponse sérieuse » aux frappes israéliennes. Au cours d’un appel avec son homologue syrien, le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, a considéré cette attaque « comme une violation de toutes les obligations et conventions internationales, a imputé les conséquences de cette action au régime sioniste et a souligné la nécessité d’une réponse sérieuse de la communauté internationale à de telles actions criminelles », selon un communiqué du ministère.
Allié de l’Iran, le Hezbollah libanais a affirmé lundi soir que le raid israélien sera « puni ».
La diplomatie russe a également condamné l’attaque « inacceptable » contre la section consulaire de l’ambassade iranienne à Damas, en Syrie, accusant l’armée israélienne d’en être responsable. « Nous demandons aux dirigeants israéliens de cesser les actes de violence armée provocateurs contre le territoire de la Syrie et des pays voisins », a conclu le ministère, mettant en garde contre les « conséquences extrêmement dangereuses » pour la région.
S’agit-il de la première attaque israélienne en Syrie ?
Israël a déjà mené des centaines de frappes en Syrie voisine contre des positions du pouvoir syrien, des groupes pro iraniens, comme le Hezbollah libanais, et des cibles militaires iraniennes depuis le début de la guerre dans ce pays en 2011.
Les frappes se sont intensifiées depuis le début le 7 octobre de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, un allié du Hezbollah et de l’Iran, ennemis d’Israël. Israël commente rarement ses frappes en Syrie mais affirme qu’il ne permettrait pas à l’Iran, son ennemi juré, de s’implanter à sa frontière.