Ouvre ce lundi 15 avril, le procès pénal historique de Donald Trump, pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels. En pleine campagne présidentielle, quels sont les enjeux de ces prochains jours pour l’ex-président des États-Unis ?
C’est une grande première dans l’histoire des États-Unis. Ce lundi 15 avril 2024, Donald Trump va devenir le premier ex-président à faire face à la justice pénale. L’ouverture de son procès est prévu pour aujourd’hui à New York et devrait durer de 6 à 8 semaines. Le milliardaire républicain devrait comparaître à partir 13 h 30, à Manhattan, pour une affaire de paiements destinés à acheter le silence de l’ancienne star du X Stormy Daniels. Ces faits se sont déroulés à quelques jours de la présidentielle de 2016, qui avait fait de lui le 45e président des États-Unis.
Quels impacts cela aura-t-il sur son duel contre Joe Biden, lors de l’élection de novembre prochain ? Un peu plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, il risque, en théorie, une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas d’être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, mais placerait la campagne dans une situation totalement inédite. S’il était déclaré non coupable, ce serait au contraire une victoire majeure pour le candidat républicain.
« Des enjeux très élevés »
L’ouverture du procès a déjà été reportée du 25 mars à aujourd’hui. « Les enjeux sont très élevés, parce que Trump et ses avocats ont réussi jusqu’à présent à ralentir les (autres) procès » sur des accusations de tentatives illégales d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020 et sa gestion de documents classifiés, souligne à l’AFP Carl Tobias, professeur de droit de l’université de Richmond. Et le dossier Stormy Daniels, qualifié de fragile par des experts, « pourrait être le seul jugé avant les élections », ajoute-t-il.
Jusqu’aux derniers jours, les avocats ont vainement multiplié les recours pour retarder l’échéance. Samedi soir, en meeting en Pennsylvanie, Donald Trump s’est encore dépeint en victime d’une persécution judiciaire et politique.
Le tribunal de Manhattan sera placé sous très haute sécurité. Des manifestations pro et anti-Trump sont attendues, tout comme les caméras des médias du monde entier. Les audiences ne seront, quant à elles, pas télévisées.
Lundi, la première étape tournera autour de la sélection des douze jurés. Ceux-ci auront la charge de déclarer à l’unanimité Donald Trump « coupable » ou « non coupable ». Un processus qui pourrait prendre plusieurs jours.
Au moins une centaine de résidents de Manhattan seront réunis dans la salle d’audience, où ils devront répondre à un long questionnaire sur leurs affiliations politiques, et leurs sympathies ou non pour Donald Trump.
130 000 dollars en échange de son silence
Le milliardaire est inculpé pour 34 falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de « frais juridiques », des paiements survenus dans la toute dernière ligne droite de la présidentielle de 2016 pour acheter le silence de Stormy Daniels.
Contre 130 000 dollars, cette dernière avait accepté de se taire sur une relation sexuelle avec le milliardaire républicain dix ans plus tôt, alors qu’il était déjà marié avec Melania Trump. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense entend démontrer que les paiements relevaient de la sphère privée.
Mais l’accusation, menée par le procureur élu sous l’étiquette démocrate Alvin Bragg, veut révéler qu’il y a bien eu des manœuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant la présidentielle, remportée de justesse par le républicain contre Hillary Clinton.
L’un des enjeux du procès sera de déterminer ce que Donald Trump savait de ces paiements quand ils ont eu lieu. Son ancien avocat personnel, Michael Cohen, qui avait versé l’argent à Stormy Daniels – à la demande de son patron, assure-t-il – a déjà été condamné devant la justice fédérale pour cette affaire. Il sera l’un des témoins clé de l’accusation.
La défense compte pilonner ce témoin, devenu l’ennemi juré de Donald Trump, et qui a aussi été condamné pour mensonges devant le Congrès américain.