Annoncée mercredi par Sánchez et ses homologues, cette décision, effective à compter de ce mardi, provoque la fureur d’Israël. Tel-Aviv accuse notamment Madrid d’être «complice des appels au génocide du peuple juif».
Madrid, Dublin et Oslo reconnaissent formellement ce mardi l’État de Palestine, une décision provoquant la fureur d’Israël, qui y voit «une récompense» pour le mouvement islamiste palestinien Hamas en pleine guerre dans la bande de Gaza. «Vous êtes complice des appels au génocide du peuple juif», a écrit sur X le chef de la diplomatie israélienne. Cette reconnaissance est «une nécessité» pour «parvenir à la paix» entre Israéliens et Palestiniens, en plus d’être «une question de justice historique» pour le peuple palestinien, a déclaré le premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Dans une brève déclaration en espagnol et en anglais, quelques heures avant la reconnaissance d’un État palestinien par son gouvernement de gauche, réuni en conseil des ministres à partir de 09h30 locales, le dirigeant socialiste a ajouté que cette décision n’était prise «contre personne, et encore moins contre Israël».
Annoncée mercredi dernier de façon coordonnée par Sánchez et ses homologues irlandais et norvégien, cette reconnaissance sera donc effective à compter de ce mardi. Le gouvernement irlandais doit également se réunir dans la matinée pour l’entériner, tandis que la Norvège a remis dimanche une note verbale au nouveau premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, actant l’entrée en vigueur de cette décision.
Ces trois pays européens – dont deux, l’Espagne et l’Irlande, sont membres de l’UE – estiment que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres États à les rejoindre. Ils mettent en avant le rôle tenu par la Norvège et l’Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Proche-Orient. Madrid avait, en effet, accueilli une Conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d’Oslo de 1993.
Divergences au sein de l’UE
Si la Slovénie devrait elle aussi reconnaître prochainement l’État de Palestine, la question suscite de profondes divergences au sein de l’UE. D’autres États membres jugent en effet, comme la France, que ce n’est pas le bon moment, alors que l’Allemagne n’envisage une telle reconnaissance qu’à l’issue de négociations entre les deux parties.
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’État de Palestine est désormais reconnu par 145 pays sur les 193 États membres de l’ONU, selon un décompte de l’Autorité palestinienne. Sont absents de cette liste la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.
Jusqu’ici, la Suède avait été en 2014 le seul pays de l’UE à reconnaître l’État de Palestine, la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l’ayant fait avant de rejoindre le bloc. La décision de Madrid, de Dublin et d’Oslo a provoqué la semaine dernière la fureur d’Israël. Les tensions sont encore montées d’un cran ces derniers jours.
«Une récompense au Hamas»
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a ainsi pris lundi des «mesures punitives» à l’encontre de Madrid, en interdisant au consulat d’Espagne à Jérusalem de fournir ses services aux Palestiniens à compter du 1er juin . «Nous ne tolérons pas que l’on porte atteinte à la souveraineté et à la sécurité d’Israël», a-t-il dit, accusant l’Espagne de décerner «une récompense au Hamas», dont l’attaque du 7 octobre dans le sud d’Israël a déclenché la guerre actuelle dans la bande de Gaza.
Israël Katz a aussi mis en ligne dimanche sur le réseau social X une vidéo associant des images de l’attaque du 7 octobre avec d’autres de danseurs de flamenco, en affirmant que le Hamas disait «merci pour (ses) services» à Pedro Sánchez. Une vidéo qualifiée de «scandaleuse et abominable» par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. «Certains ont qualifié notre décision (…) de “récompense décernée au terrorisme”. Rien n’est plus éloigné de la vérité», a insisté lundi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin.