Il s’y refusait jusqu’ici. Mais Joe Biden a fini par donner son feu vert pour que l’Ukraine frappe sous certaines conditions des cibles sur le sol russe, dans la région de Kharkiv.
« Le président a donné pour mission à son équipe de faire en sorte que l’Ukraine puisse utiliser des armes américaines afin de contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer », a affirmé jeudi un responsable américain.
Toujours opposé à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe
Ce responsable, qui a requis l’anonymat, a toutefois ajouté que les Etats-Unis continuaient à s’opposer à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe. « Notre position d’interdiction de l’utilisation d’ATACMS ou de frappes en profondeur à l’intérieur de la Russie n’a pas changé », a-t-il dit. Les ATACMS sont des missiles de longue portée fournis par les Américains à l’Ukraine, pouvant aller jusqu’à 300 km de distance.
Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, est la cible quasi quotidienne de bombardements venant principalement du territoire russe. La Russie a lancé début mai une offensive dans la région, et gagne du terrain face à une armée ukrainienne en difficulté.
« Nous nous sommes adaptés et ajustés »
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait laissé entendre mercredi que les Etats-Unis avaient infléchi leur position en matière de frappes ukrainiennes sur le sol russe. « Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons de le faire », avait-il dit à la presse lors d’une visite en Moldavie, pays frontalier de l’Ukraine.
Le revirement opéré par Joe Biden intervient après des semaines de tractations en coulisses entre la Maison-Blanche, des hauts responsables de l’armée et du Département d’Etat, consécutives au lancement de l’offensive russe sur Kharkiv le 10 mai. L’Ukraine avait demandé le 13 mai la permission d’utiliser des armes américaines pour frapper des cibles sur le territoire russe. Le président américain avait donné son accord de principe le 15 mai.
De son côté, l’Otan pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui « lient les mains dans le dos des Ukrainiens », selon les termes de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, une position à laquelle se sont ralliés plusieurs pays, dont la France. Le Kremlin a pour sa part reproché à l’alliance atlantique de lancer « un nouveau cycle d’escalade ».