Des problèmes sur certains des propulseurs, utilisés pour réaliser de petits ajustements de trajectoire, ont retardé l’approche finale du vaisseau qui a transporté, pour la première fois, deux astronautes de la NASA. Des fuites d’hélium sans gravité ont également été détectées.
« Quel endroit génial, c’est super d’être de retour ici ! » L’astronaute de la NASA Butch Wilmore n’a pas caché sa joie après être entré, jeudi 6 juin, dans la Station spatiale internationale (ISS) en compagnie de sa collègue Suni Williams. Les deux premiers astronautes transportés par le vaisseau Starliner de Boeing font ainsi franchir une étape cruciale à cette mission attendue depuis des années.
Pour leur troisième séjour dans l’ISS, ils ont été accueillis par sept personnes − astronautes de la NASA et cosmonautes russes. Mais, avant de s’amarrer à ce laboratoire volant, la capsule a dû surmonter quelques problèmes techniques.
Après avoir décollé de Floride la veille, le vaisseau s’était doucement approché jeudi de l’ISS, qui évolue à 400 kilomètres au-dessus de la Terre et file à environ 28 000 kilomètres à l’heure (km/h). L’amarrage a eu lieu à 19 h 34, heure de Paris, soit environ une heure et vingt minutes après l’horaire prévu initialement.
Des problèmes sur certains des propulseurs du vaisseau, utilisés pour réaliser de petits ajustements de trajectoire, ont retardé l’approche finale. Cinq de ces petits propulseurs, sur 28 au total, ont fait défaut à un moment donné, a expliqué la NASA. Mais quatre ont finalement pu être remis en fonctionnement, fournissant ainsi le nombre nécessaire pour l’opération. Ces problèmes de propulseurs « ne devraient pas être un souci (…) pour les autres phases de la mission », a déclaré, au cours d’une conférence de presse, Steve Stich, haut responsable à la NASA.
L’écoutille du vaisseau a été ouverte environ deux heures après l’amarrage. Les deux astronautes doivent passer un peu plus d’une semaine dans l’ISS, avant de revenir sur Terre, toujours à bord de Starliner.
Trois fuites d’hélium
Cette mission représente un enjeu majeur pour le géant aéronautique et la NASA. L’agence spatiale américaine a commandé il y a dix ans aux entreprises Boeing et SpaceX deux nouveaux véhicules pour acheminer ses astronautes jusqu’à l’ISS. Si SpaceX joue déjà ce rôle de taxi spatial depuis quatre ans, le programme de Boeing a, lui, pris des années de retard. Cette première mission avec équipage pour Starliner vise à démontrer que le véhicule est sûr pour commencer ses opérations régulières.
Un autre problème est néanmoins survenu en vol : dans la nuit de mercredi à jeudi, la NASA a annoncé que deux nouvelles fuites d’hélium, en plus d’une qui était déjà connue, avaient été détectées sur le vaisseau. Puis jeudi, une fuite supplémentaire a été identifiée, a annoncé Steve Stich. Ces quatre fuites et le problème sur les propulseurs « ne sont pas du tout liés », a-t-il précisé.
L’une des fuites avait été identifiée avant le décollage, mais il avait alors été décidé de ne pas la réparer, car après analyse, la NASA l’avait qualifiée de « petite » et estimé qu’elle ne représentait pas de danger. L’hélium n’est pas un gaz inflammable, mais il est utilisé pour le système de propulsion du vaisseau.
Avec l’apparition de trois autres fuites, « nous devons regarder ce que cela veut dire pour le reste du vol », a déclaré Steve Stich. « Nous devrions avoir amplement assez de marge » en termes de quantité d’hélium à bord, a-t-il ajouté. Aucun hélium n’est actuellement libéré dans l’espace, le système ayant été fermé depuis l’amarrage.
La cause exacte des deux problèmes − fuites et propulseurs − n’a pas encore été identifiée, mais ces soucis ont été qualifiés de « petits » par Mark Nappi, responsable chez Boeing. « Nous les résoudrons pour la prochaine mission », a-t-il promis.
Pilotage manuel
Le vaisseau vide avait déjà atteint l’ISS une fois en 2022, mais c’est la première fois qu’il transporte des astronautes. Butch Wilmore, 61 ans, et Suni Williams, 58 ans, s’entraînent depuis plusieurs années pour cette mission. Quelques heures après le décollage, ils ont temporairement piloté manuellement le vaisseau pour en tester le bon fonctionnement. « La précision est vraiment incroyable, avait déclaré Butch Wilmore, dans un enregistrement relayé par Boeing mercredi. Même plus que dans le simulateur. »
« Les six premières heures ont été absolument fascinantes et au-delà de nos attentes, avait-il ajouté. C’est juste un vaisseau extraordinaire. »
Le programme de développement de Starliner a été entaché de multiples déconvenues ayant entraîné des reports successifs. Boeing s’est ainsi fait battre par SpaceX, qui achemine déjà des astronautes vers l’ISS depuis 2020. Mais la NASA souhaite disposer d’un deuxième moyen de transport afin de mieux pouvoir faire face à d’éventuels problèmes sur l’une des capsules ou en cas de situation d’urgence.
« Quand Starliner sera certifié, les Etats-Unis auront deux systèmes de transport d’humains vers l’ISS, et aucun autre pays n’a ça », a rappelé Jim Free, administrateur associé à la NASA.