Au Sénégal, la bonne gouvernance est fortement impactée par la gestion des véhicules et logements de fonctions ainsi que des passeports diplomatiques. En effet, de plus en plus, des fonctionnaires publics, élus ou nommés par le pouvoir sortant sont réticents à restituer ces privilèges mis à leur disposition dans le cadre de leurs missions. D’où le récent bras de fer engagé par le nouveau pouvoir contre tous ces récalcitrants qui rechignent à restituer les atours de la République à eux dédiés dans le cadre de leurs fonctions dans l’ancien régime.
La convocation de l’ancienne directrice générale de la Société télédiffusion du Sénégal (Tds) Sa sous le régime précédent, Dr Nafissatou Diouf, dans le cadre de la procédure de recouvrement des véhicules de fonction de la Présidence relance le débat sur le rapport de l’homme sénégalais avec le patrimoine de l’Etat, voire le bien public. En effet, même si l’audition de cette dernière par les Gendarmes de la section de recherche a permis d’établir qu’elle n’a rien à voir avec ce véhicule de marque Peugeot 508 enregistré à son nom, force est de reconnaitre que la restitution des privilèges mis à la disposition de certains fonctionnaires dans le cadre de leur fonction constitue un sérieux problème. La preuve avant ce débat sur le parc automobile de la présidence, c’était la question de la restitution des passeports diplomatiques d’anciens ministres et autres dignitaires de l’ex-régime qui était à l’ordre du jour du débat public. Des véhicules aux logements de fonction en passant par les passeports diplomatiques et autres, le constat est toujours le même.
Certains fonctionnaires considérant ces privilèges comme un luxe sont souvent réticents à les restituer à la fin de leur mission obligeant ainsi l’Etat dans certains cas, à engager des dépenses supplémentaires pour doter les nouveaux promus. Ce phénomène s’accentue notamment au lendemain des alternances démocratiques du pouvoir où le nouveau régime est souvent obligé de recourir à la force publique pour récupérer une partie du patrimoine de l’Etat comme c’est le cas actuellement. D’où cette opération lancée par la Gendarmerie nationale pour le recouvrement des véhicules de fonction que l’ancien chef de l’Etat avait mis à la disposition de certains de ses collaborateurs dans le cadre de leurs anciennes fonctions et qu’ils refusent aujourd’hui de restituer.
Selon nos confrères du quotidien « Libération », la gendarmerie est ainsi à la poursuite de 100 véhicules présumément « dérobés » du parc automobile présidentiel » dont « seulement une vingtaine a été récupérée » chez certains proches de l’ancien régime. Bénéficiaire de l’un de ces véhicules de fonction que l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall avait mis à la disposition de certains de ses anciens collaborateurs, Oumar Sow, ex-ministre conseiller à la présidence soulignant qu’il avait engagé des dépenses pour entretenir techniquement ledit véhicule qu’il n’utiliserait que pour transporter ses enfants à l’école, a exigé le remboursement de son investissement. Il faut dire que ce n’est pas une première fois qu’on assiste à une telle démonstration de force pour récupérer les biens de l’Etat qui était mis à la disposition de certains agents publics dans le cadre de leur mission. En 2012, après l’avènement de la deuxième alternance démocratique qui a porté au pouvoir Macky Sall, celui-ci a été également obligé de passer par des méthodes draconiennes pour récupérer des biens de l’Etat que certains collaborateurs de son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, refusaient de restituer.
On se rappelle des opérations d’immobilisation des véhicules « Hoover » initiées par la Gendarmerie et la Police nationale que l’Etat, sous la présidence de Wade, avait achetés auprès de la société « Espace Autos » du Groupe Ccbm. Mais aussi ceux que l’ancien chef de l’Etat avait mis à la disposition de certains chefs religieux, chefs de village et élus locaux et que Macky Sall avait considéré lors de la campagne comme une stratégie de son prédécesseur pour corrompre les bénéficiaires en vue d’avoir leur vote. A cela, il faut également ajouter les logements de fonction que certains ex-ministres, magistrats, officiels, continuaient d’occuper aux frais du contribuable sénégalais. Cette situation avait poussé l’ex Premier ministre et candidat malheureux de Benno à la dernière présidentielle, Amadou Ba, ministre de l’Economie et des finances d’alors, à faire une sommation pour informer que l’Etat ne paiera plus aucun franc aux « loueurs sans droits » à partir de Juin 2014. A l’époque, nos confrères de « Libération » avaient informé que « certains officiels ne se gênaient pas pour prendre des logements à 800. 000 francs alors que leur salaire dépasse de peu le million ».
source:sudQuotidien