Washington presse Israël d’éviter une escalade au Liban, tandis que le pays entre dans une phase moins intense mais plus longue de la guerre à Gaza. Mardi 25 juin, la Cour suprême a également ordonné la conscription des étudiants en écoles talmudiques.
C’est le scénario cauchemar que les Etats-Unis et d’autres cherchent à tout prix à éviter : que la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza ne déborde au Liban avec le risque d(‘une conflagration régionale. Pendant ce temps, les bombardements continuent de pleuvoir sur Gaza dévastée, et dix membres de la famille du chef du Hamas ont été tués après une frappe israélienne.
La visite à Washington cette semaine du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a été l’occasion pour les plus hauts responsables américains de le rappeler, et de prôner à nouveau une solution diplomatique. « Une autre guerre entre Israël et le Hezbollah pourrait facilement devenir une guerre régionale, avec des conséquences désastreuses pour le Moyen-Orient », a averti mardi le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, en recevant son homologue israélien au Pentagone.
A Washington, on assure que ni Israël ni le Hezbollah ne veulent d’une guerre, mais les tensions s’accentuent entre les deux parties. Dimanche, lorsque le premier ministre, Benjamin Netanyahu a dit qu’il avait déjà des plans pour l’après Rafah, en redéployant les forces armées ailleurs, il a fait monter la tension.
De son côté, l’armée israélienne a annoncé la semaine dernière avoir approuvé des plans opérationnels en vue d’une « offensive au Liban », même si d’aucuns mettent en doute sa capacité à mener deux guerres de front.
« L’administration Biden s’inquiète de plus en plus de voir la violence à la frontière israélo-libanaise dégénérer en une véritable guerre », confie Raphael Cohen, du groupe de réflexion RAND Corporation. « Le Hezbollah est le joyau de la couronne du réseau de mandataires de l’Iran, et l’on peut donc penser que l’Iran serait plus enclin à intervenir », ajoute l’expert.
Selon lui, ni Israël ni le Hezbollah n’ont intérêt à une guerre totale. « Mais aucune des deux parties ne veut reculer », ce qui fait craindre qu’elles ne « cherchent à savoir qui fléchira le premier », dit-il.
Les Etats-Unis pressent Israël pour lever les entraves à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, ainsi que sur ses plans pour l’après-guerre. Le ministre israélien a également rencontré le chef de la CIA, Bill Burns, pour discuter des efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu assorti d’une libération des otages retenus à Gaza.
Guerre à Gaza
« En gros, nous avons tous les jours dix enfants qui perdent une ou deux jambes en moyenne », a déclaré mardi le chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, lors d’une conférence de presse à Genève, ajoutant que ce chiffre ne prenait pas en compte les enfants qui perdent un bras ou une main. Il a indiqué se baser sur des chiffres de l’agence pour l’enfance de l’ONU (Unicef).
Une frappe de l’armée israélienne, sur un camp de réfugiés de Gazaouis, a tué, mardi 25 juin, dix membres de de la famille du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, d’après les annonces de la défense civile de la bande de Gaza. Parmi les victimes, figure Zahr Haniyeh, la sœur du chef du mouvement islamiste palestinien. Elle a été tuée dans ce raid sur le camp d’Al-Chati, a affirmé Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile. D’après cette source, neuf autres personnes sont mortes et d’autres ont été blessées. Les corps ont été transportés vers l’hôpital Al-Ahli de Gaza.
Outre le raid sur le camp d’Al-Chati, Israël continue de pilonner la bande de Gaza. La défense civile palestinienne a annoncé la mort de treize personnes, mardi 25 juin, après des frappes israéliennes sur la ville de Gaza et sur Rafah, au sud du territoire.
La Cour suprême ordonne la conscription des étudiants en écoles talmudiques
La Cour suprême israélienne a ordonné mardi la conscription des étudiants en écoles talmudiques jusqu’ici exemptés, ce qui pourrait affaiblir la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu soutenue par des partis ultra-orthodoxes. « L’exécutif n’a pas l’autorité pour ordonner de ne pas appliquer la loi sur le service militaire aux étudiants de yeshiva (écoles talmudiques) en l’absence d’un cadre légal adéquat », a jugé la Cour.
Le service militaire est obligatoire en Israël, mais les juifs ultra-orthodoxes (13% de la population) peuvent l’éviter s’ils se consacrent à l’étude des textes sacrés du judaïsme, en vertu d’une exemption instaurée par David Ben Gourion, fondateur de l’Etat d’Israël, en 1948.