Méconnu en France, après être parti très tôt aux Etats-Unis et en Australie, l’intérieur de 19 ans (2,16 m) pourrait devenir, dans la nuit de mercredi à jeudi, le successeur de Victor Wembanyama lors de la Draft NBA.
Ce qu’il faut retenir :
-
La Draft NBA va se dérouler dans la nuit de mercredi à jeudi, à partir de 2 heures du matin, au Barclay Center de New York.
-
Il y a un an, Victor Wembanyama avait réalisé le grand saut, en devenant le premier basketteur français de l’histoire à être choisi comme numéro un de la Draft par les San Antonio Spurs.
-
Un autre Français devrait lui succéder la nuit prochaine lors d’une Draft bien plus indécise : Zaccharie Risacher ou Alexandre Sarr (19 ans). 20 Minutes vous présente ce dernier, intérieur de 2,16 m ayant évolué en Australie la saison passée.
Le successeur de Victor Wembanyama sera-t-il réellement français, la nuit prochaine au Barclay Center de New York ? On a beau s’y préparer depuis plusieurs mois, on a toujours du mal à réaliser qu’après 76 ans sans placer un joueur dans le top 5 de la Draft NBA, le basket tricolore s’apprête à décrocher deux fois de suite la timbale. Les Frenchies Zaccharite Risacher et Alexandre Sarr (19 ans tous les deux) sont en effet annoncés par tous les spécialistes américains au coude à coude pour signer un doublé historique au sommet de cette indécise Draft 2024, annoncée relativement pauvre en très grands talents.
Si Zaccharie Risacher a fait parler de lui tout au long de la saison avec la JL Bourg, en étant élu meilleur jeune de Betclic Elite et d’Eurocoupe, un grand mystère entoure Alexandre Sarr. Car après avoir enchaîné plusieurs clubs de la région toulousaine, le natif de Bordeaux a quitté la formation française dès l’âge de 14 ans.
« Malgré ses 2,16 m, il court à une allure folle »
Direction les catégories jeunes du prestigieux Real Madrid, de 2019 à 2021, avant d’intensifier les voyages, des Etats-Unis à l’Australie. Loin, très loin de nos radars donc. « Chacun se façonne son chemin pour tenter de viser la NBA, et Alexandre avait envie de découvrir d’autres cultures », résume Lamine Kébé, son sélectionneur l’été dernier lors du Mondial U19. Finaliste de l’épreuve avec Zaccharie Risacher et les Bleuets en ayant terrassé l’ogre américain en demies, Alexandre Sarr a profité de l’occasion pour mettre dans sa poche un paquet de scouts NBA, malgré des chiffres individuels pas si dingos (7,4 points, 5,9 rebonds et 2 contres en moyenne).
« Alex n’est pas un leader statistique mais il est partout sur le terrain. C’était un joueur central pour notre équipe. Son profil est exceptionnel, puisque malgré ses 2,16 m, il court à une allure folle. C’est simple, il est aussi rapide que les joueurs extérieurs. Il a donc le profil du joueur du futur. »
Tiens donc, c’est typiquement l’expression qui revenait sans cesse il y a un an pour accompagner la hype sans précédent outre-Atlantique de notre « Wemby ». Mais stoppons d’emblée l’enflammade, on n’a pas ici affaire à un tel phénomène programmé pour révolutionner la ligue dès sa saison rookie. Non, Alexandre Sarr reste un intérieur ayant eu des responsabilités limitées pour la première saison professionnelle de sa carrière à Perth, dans le championnat australien (9,4 points en 27 matchs).
« Parmi les meilleurs défenseurs en NBA d’ici trois ans »
« Il faut prendre en compte ses 17 minutes de temps de jeu en moyenne, précise Danny Mills, manager général des Perth Wildcats. Alex sortait du banc chez nous et si on reporte ses stats sur 40 minutes, ça donnerait 20 points et 10 rebonds. Pour un si jeune joueur, son adaptation dans notre championnat a été impressionnante. » Et ce avec des qualités avant tout défensives. « C’est un protecteur de cercle, un défenseur d’élite, et la base pour lui sera d’avoir immédiatement un impact défensif sur sa future franchise NBA, se projette Danny Mills. Je ne serais pas surpris de le voir être nommé parmi les meilleurs défenseurs de la ligue d’ici trois ou quatre ans. »
Selon son désormais ex-manager australien, Alexandre Sarr est aussi « une menace offensive avec beaucoup d’agilité pour un joueur de si grande taille » Le frère cadet d’Olivier Sarr (25 ans et 2,08 m), qui peine à s’imposer durablement en NBA avec OKC, avait auparavant pris part aux deux premières saisons du projet Overtime Elite à Atlanta (de 2021 à 2023). Il a ensuite préféré quitter cette ligue américaine regroupant de nombreux prospects de 16 à 20 ans pour rejoindre le programme Next Star, qui favorise l’accompagnement de jeunes talents en National Basketball League (NBL).
Ses 43 points en deux matchs à Las Vegas changent tout
Comme ses compatriotes Ousmane Dieng et Ryan Rupert les deux années précédentes, Alexandre Sarr a été séduit par cette entrée dans le monde professionnel avant de postuler à la Draft NBA. « Notre programme a fait ses preuves ces dernières saisons, indique Liam Santamaria, responsable du recrutement de Next Star. En Australie, il y a un rythme élevé, un basket physique, et les franchises US savent que si un joueur performe en NBL, il y a de grandes chances que la transition se fasse bien en NBA. Alex a connu un parcours unique et très bien planifié par ses parents et lui. »
Tout comme son exposition, qui n’a pas traîné avec deux matchs amicaux des Perth Wildcats organisés en septembre 2023 à Las Vegas contre la G League Ignite Team. Tiens tiens, la même affiche à laquelle avait eu droit « Wemby » avec Boulogne-Levallois un an plus tôt. Figurez-vous que le Bordelais a lui aussi frappé un grand coup, avec 43 points combinés sur ces deux rencontres de gala.
« En deux matchs, il a vraiment mis son nom dans la course au numéro un de la Draft en étant fantastique. La présence d’Alex dans notre effectif a clairement compté dans le fait que la NBA nous invite à Las Vegas. Sur place, il y avait une centaine de personnes travaillant pour des franchises NBA, et à partir de là, il n’y a plus eu le moindre doute sur son talent. D’ailleurs, il y avait des scouts américains à chacun de nos matchs cette saison. »
« Ça serait injuste de le comparer à Wembanyama »
Installé toute la saison avec ses parents dans une maison en bord de plage à Perth, Alexandre Sarr ne risque pas de regretter son choix australien, à l’opposé du cursus 100 % français de son pote des équipes de France de jeunes Zaccharie Risacher. « C’est un jeune homme qui a montré tout au long de cette expérience qu’il avait une maturité fantastique, loue Liam Santamaria. Il a pris l’habitude d’être observé de partout par des scouts et des dirigeants NBA. C’est pourquoi je ne pense pas que la pression d’un très haut choix de Draft le perturbera. »
Même en cas de contrat aux Atlanta Hawks, ce qui signifierait qu’il a été appelé le premier par Adam Silver dans la nuit de mercredi à jeudi (à partir de 2 heures), comme « Wemby » le 22 juin 2023 ? « Ça serait injuste de le comparer à un talent générationnel absolu comme Victor Wembanyama, estime Danny Mills. Alex est un tout autre prospect. Les attentes seront élevées à son sujet mais avec son humilité, son parcours unique, et les challenges qu’il a déjà relevés à son jeune âgen il saura être un joueur NBA performant. »
Celui qui s’entoure déjà de Bill Duffy, notamment agent de Luka Doncic, sera donc dans moins de 24 heures un joueur d’Atlanta, de Washington, voire de Houston… ou de San Antonio (les quatre premiers choix de cette Draft 2024), tout comme Zaccharie Risacher. « Ça montre à quel point la formation française est enviée dans le monde entier, savoure Lamine Kébé. C’était le cas avant Victor, et il a fait grimper encore davantage notre cote en NBA. » Au fait, on ne vous a pas encore parlé de Nolan Traoré. A 18 ans, le meneur de jeu phénomène de Saint-Quentin se pose comme candidat très sérieux au top pick pour la Draft 2025. Jamais deux sans trois ?