Le président américain, Joe Biden, et son prédécesseur, Donald Trump, se sont affrontés sur plusieurs sujets comme l’inflation, l’avortement et l’immigration notamment, jeudi 27 juin, sur CNN, à Atlanta, dans le premier débat télévisé de la campagne américaine en vue de l’élection présidentielle du 5 novembre.
Le président américain, Joe Biden, et son prédécesseur, Donald Trump, au coude-à-coude dans les sondages, se sont affrontés jeudi 27 juin sur la chaîne américaine CNN, à Atlanta. Ce premier débat télévisé de la campagne présidentielle a donné lieu à des conversations animées où il a été question de l’inflation, l’avortement, l’immigration et les guerres en Ukraine et dans la bande de Gaza, notamment.
Donald Trump a enchaîné avec beaucoup d’aplomb des affirmations mensongères, tandis que le président sortant a employé un ton offensif, mais très embrouillé.
L’inflation
Il s’agit de l’une des plus grandes préoccupations des Américains : le coût de la vie. « L’inflation est en train de tuer ce pays », a affirmé le républicain de 78 ans, assurant du même souffle que sous son mandat, l’Amérique était « la plus grande économie du monde ».
De son côté, le démocrate de 81 ans, a répliqué que la conjoncture « était en chute libre » lorsqu’il a pris les rênes du pays, tout en vantant son bilan, en termes d’emploi et de réformes sociales.
Deux tons différents
Donald Trump se montre ouvertement agressif depuis le début, tandis que Joe Biden s’est d’abord montré hésitant, butant plusieurs fois sur des mots et les répétant à certaines reprises. Son grand défi est de rassurer les Américains sur son acuité mentale et sa vitalité.
Joe Biden a toutefois eu quelques regains de combativité, en lançant à son rival « c’est vous le pauvre type, c’est vous le loser », faisant référence à des propos à l’ancien président républicain à propos de soldats américains morts au combat, que Donald Trump aurait qualifiés de « pauvres types et de losers », ce dont le milliardaire s’est défendu jeudi, assurant qu’il s’agissait d’une citation « inventée ».
Jamais encore les Américains n’ont eu à départager des candidats aussi âgés. Les deux hommes se détestent par ailleurs franchement, et ne se sont même pas serré la main en arrivant sur le plateau de la chaîne.
Droit à l’avortement
Interrogé sur l’IVG, Donald Trump a affirmé croire « aux exceptions », précisant « je crois aux exceptions pour le viol, l’inceste et la vie de la mère. Je pense que c’est très important. […] Le problème qu’ils ont [les démocrates], c’est qu’ils sont radicaux parce qu’ils vont ôter la vie à un enfant au huitième mois, au neuvième mois et même après la naissance, après la naissance. »
De son côté, sur le renversement de Roe v. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement au niveau fédéral, Joe Biden accuse Donald Trump d’avoir fait « une chose terrible ». « L’idée que les États puissent faire cela revient un peu à dire que nous allons rendre [aussi, la question des] droits civiques aux États, et que chaque État aura une règle différente. »
Immigration
Joe Biden a accusé Donald Trump d’exagérer et de mentir sur la crise migratoire aux États-Unis, alors que ce dernier venait de dépendre un portrait catastrophique de la situation. « Nous avions la frontière la plus sûre de l’histoire de notre pays. Tout ce qu’il avait à faire, c’était de laisser les choses comme ça. Il a décidé d’ouvrir notre frontière, d’ouvrir notre pays aux personnes qui viennent des prisons, des personnes qui viennent des établissements psychiatriques, des asiles d’aliénés, des terroristes. »
« Il n’y a pas de données pour soutenir ce qu’il dit », a rétorqué Joe Biden, alors que l’immigration est l’un des principaux sujets de cette campagne présidentielle. « Encore une fois il exagère, il ment. »
Conflits à l’international
La guerre en Ukraine n’aurait jamais eu lieu si les États-Unis avaient un « leader », a lancé Donald Trump au président Joe Biden. Le candidat républicain s’est par ailleurs montré très critique des milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour soutenir Kiev dans sa guerre contre Moscou.
Donald Trump a également accusé son rival démocrate de se comporter « comme un Palestinien » dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas. « Il est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l’aiment pas parce que c’est un très mauvais Palestinien. Un (Palestinien) faible », a lancé M. Trump.
Affaires judiciaires et assaut du Capitole
Le débat s’est ensuite tourné vers les affaires judiciaires de Donald Trump, condamné au pénal il y a quelques semaines. Dénonçant une affaire « montée par les démocrates », le Républicain a annoncé qu’il fera appel. « La seule personne qui soit un repris de justice c’est l’homme que je suis en train de regarder sur scène maintenant », a lancé le dirigeant démocrate à son prédécesseur.
Joe Biden a aussi dénoncé les propos de Donald Trump sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. « Il a encouragé ces personnes à se rendre au Capitole. Il est resté assis pendant trois heures dans le bureau Ovale, trois heures, pendant que son vice-président et un certain nombre de ses collègues et de républicains lui demandaient d’agir pour mettre un terme à tout cela », a-t-il dit.
Donald Trump, lui, en a profité pour rappeler que le fils du président américain a été condamné récemment. « Son fils est reconnu coupable, et il aurait probablement dû l’être à de nombreuses reprises auparavant. Mais son ministère de la justice a laissé expirer le délai de prescription pour les choses les plus importantes. Mais il [Biden] pourrait être un criminel reconnu coupable dès qu’il quittera ses fonctions. Joe pourrait être un criminel reconnu coupable avec tout ce qu’il a fait. Il a fait des choses horribles. […] Cet homme est un criminel. Nous avons un système truqué et dégoûtant. Je n’ai rien fait de mal. »
Test cognitif
Donald Trump a mis au défi Joe Biden de passer un « test cognitif ». « J’ai passé deux tests, des tests cognitifs. Je les ai passés haut la main […] Il (Biden) n’en a passé aucun. J’aimerais le voir en passer un, juste un, un très facile », a lancé l’ex-président républicain.
Sur la question de son âge, Joe Biden a éludé, répondant : « Tout d’abord, j’ai passé la moitié de ma carrière dans la politique à être la personne la plus jeune à être élue au Sénat des États-Unis. Et maintenant, je suis le plus âgé. Ce type a trois ans de moins que moi et il est beaucoup moins compétent si l’on se réfère à mon parcours, à ce que j’ai fait. »
Mots de la fin
Joe Biden s’est félicité d’avoir obtenu un plafonnement du prix de certains médicaments. « Vous savez ce que cela signifie. Cela a permis de réduire la menace de déficit de 160 milliards de dollars sur dix ans, parce que le gouvernement n’a pas à payer des prix exorbitants. Je vais mettre cela à la disposition de toutes les personnes âgées et de tous les membres du Congrès dès maintenant. Et tout le monde en Amérique. »
Il a également parlé des progrès en matière de fiscalité. « Nous nous trouvons dans une situation où, premièrement, nous devons nous assurer que nous avons un système fiscal équitable. Je demande à tous ceux qui sont dans l’assistance s’ils pensent que le système fiscal est équitable. […] Ce type a augmenté vos impôts à cause du déficit. Et l’inflation a augmenté à cause de la débâcle qu’il a laissée après avoir géré la pandémie. Et il se retrouve dans une position où il veut maintenant vous taxer davantage en imposant des droits de douane de 10 % sur tout ce qui entre aux États-Unis. »
De son côté, Donald Trump a rétorqué : « Tout ce qu’il fait [Biden], c’est rendre notre pays dangereux en permettant à des millions et des millions de personnes d’y affluer. Nos militaires ne le respectent pas. Nous avons l’air d’imbéciles en Afghanistan. Nous n’avons pas arrêté [la guerre en] Israël. C’était une chose tellement horrible qui ne serait jamais arrivée. Cela n’aurait jamais dû arriver. L’Iran était en faillite. Quiconque faisait des affaires avec l’Iran, y compris la Chine, ne pouvait pas faire d’affaires avec les États-Unis. L’Iran était en faillite. Ils n’avaient pas d’argent pour le Hamas ou le Hezbollah pour le terrorisme, pas d’argent du tout. Encore une fois, [la guerre en] Ukraine n’aurait jamais dû se produire. Il parle de plein de choses, mais il ne les a pas faites pendant trois ans et demi. Nous vivons en enfer. »