Le bavard et explosif Donald Trump ne régale pas ses supporters de ses moqueries assassines sur la santé de Joe Biden, éprouvée lors du débat du 27 juin. Lundi le New York Times a publié un article révélant la venue à la Maison Blanche d’un spécialiste de Parkinson.
Pour l’instant il résiste. Depuis le débat qui l’a opposé à un Joe Biden bredouillant, perdant le fil ou répondant à côté, le 27 juin dernier, Donald Trump reste tout en retenue. Pas un mot sur la santé du président démocrate de 81 ans, alors que celle-ci est au cœur des inquiétudes et des discussions dans son camp, pas un surnom dont il a le secret, « Crooked Joe » – « Joe le corrompu »-, « Sleepy Joe » – « Joe l’endormi » – ou « Slow Joe » – qui se passe de traduction. Non, Trump n’a quasiment pas commenté la tempête que le président démocrate affronte autour de sa candidature.
Sur son réseau Truth Social, il a estimé avoir « anéanti » son rival lors de leur duel télévisé. Dans une interview accordée lundi soir à Fox News, Donald Trump a critiqué sobrement la performance de Joe Biden lors du débat, évitant de mentionner une éventuelle maladie grave ou de s’en prendre à sa santé cognitive, lui qui d’ordinaire le dit sénile. « Ce fut un débat étrange, parce que dès les deux premières minutes, les réponses qu’il donnait n’avaient pas beaucoup de sens », a-t-il fait remarquer.
Une candidature de plus en plus discutée
À l’inverse, le camp démocrate s’interroge de plus en plus fort sur la nécessité de changer de candidat depuis que la toujours très influente Nancy Pelosi a ouvert la boîte de Pandore en estimant «légitime» de s’interroger sur l’état de santé de Joe Biden. Le représentant démocrate Adam Smith a publié une déclaration ferme appelant Biden à se retirer après sa performance « alarmante » sur la scène du débat et sa réponse « inacceptable » dans les jours qui ont suivi. « Tout candidat à la fonction la plus élevée de notre pays a une lourde responsabilité à assumer », a déclaré Smith. « Ce candidat doit être capable de faire valoir ses arguments de manière claire, articulée et forte auprès du peuple américain. Il est clair que le président Biden n’est plus en mesure d’assumer cette responsabilité. »
Le sénateur Dick Durbin, N° 2 démocrate de la Chambre, a déclaré aux journalistes que la candidature de Biden « sera discutée en profondeur cette semaine, comme il se doit ». Le concert est tel que Joe Biden a fermement mis les points sur les i. Lundi, dans l’émission « Morning Joe » de MSNBC, il a annoncé que tous les candidats qui doutent de ses capacités devraient le défier à la Convention nationale démocrate qui se tiendra en août. « Ces gars qui pensent que je ne devrais pas me présenter, qu’ils se présentent contre moi. (…) Défiez-moi à la convention », a-t-il lancé sur un ton furieux.
« Le fait est que je ne vais nulle part », a-t-il ironisé, répétant ce message aux donateurs démocrates lors d’un appel privé plus tard dans la journée. « Je suis fermement décidé à rester en course. Il est temps de se rassembler », a aussi écrit le président dans une lettre aux parlementaires démocrates, de retour en session à Washington après la pause de la fête nationale du 4 juillet.
Dans les faits, défier Biden à la convention démocrate n’a aucune chance de réussir, si celui-ci n’autorise pas juridiquement les délégués qui ont été élus lors des primaires État par État à prendre en considération d’autres candidats.
« Le président est-il traité pour la maladie de Parkinson ? Non. (…) Prend-il des médicaments contre la maladie de Parkinson ? Non », a dit Karine Jean-Pierre, sans indiquer qui ce spécialiste était venu voir ni dans quel but, se retranchant derrière une obligation de « confidentialité ». Elle a souligné que Joe Biden avait vu trois fois un neurologue à l’occasion de ses bilans annuels de santé, dont le dernier a été rendu public en février, et qu’il avait été testé pour diverses maladies neurodégénératives dans ce cadre, avec des résultats négatifs. Dans la soirée, l’exécutif américain est allé jusqu’à publier une lettre du médecin du président, confirmant que Joe Biden n’avait pas consulté de neurologue en dehors de ces bilans annuels.