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Kenya. Des manifestants demandent la démission président William Ruto, la police riposte avec du gaz lacrymogène et des canons à eau

La police kényane a utilisé mardi à Nairobi du gaz lacrymogène et des canons à eau contre des petits groupes de manifestants demandant la démission du président William Ruto, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des manifestants issus de la génération Z (jeunes nés après 1997) ont lancé il y a un mois des manifestations pacifiques contre le projet de budget 2024-25 du gouvernement, impopulaire car prévoyant des hausses d’impôts qui selon les manifestants frapperont de plein fouet des classes populaires qui subissent déjà une inflation élevée. Les manifestations ont tourné à l’émeute le 25 juin lorsque des manifestants ont pénétré dans l’enceinte du parlement. La police avait alors tiré à balles réelles, faisant plusieurs dizaines de morts.

Au lendemain de cette journée qui a viré au chaos, le président Ruto avait annoncé le retrait du projet de budget. La semaine dernière, il a également limogé la quasi-totalité de son gouvernement. Mais ces décisions ne suffisent pas pour des dizaines de manifestants qui se sont réunis à Nairobi avec le mot d’ordre «Ruto must go» («Ruto doit partir»). De nombreux policiers étaient présents mardi dans le centre-ville de la capitale, épicentre des précédentes mobilisations, où des jeunes armés de gourdins montaient la garde devant leurs commerces, a constaté un journaliste de l’AFP. La police a tiré des grenades lacrymogènes et au canon à eau sur de petits groupes rassemblés dans le centre, les manifestants critiquant la «force excessive» utilisée contre eux.

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«Nous sommes pacifiques, nous n’avons aucune arme»

«La police a utilisé une force excessive contre les manifestants pacifiques», s’est ainsi indignée Kinuthia Ndung’u, 27 ans. «Nous avons beaucoup de jeunes qui soignent des blessures»«C’est la police qui provoque. Nous ne sommes pas armés, nous n’arborons qu’un drapeau (kényan) et ce n’est pas une arme», a renchéri Josephat Gikari, 35 ans. «Nous sommes pacifiques, nous n’avons aucune arme, mais ils nous tirent dessus, ils nous envoient des lacrymogènes», a ajouté un autre manifestant, Francis Mumo, 32 ans. «C’est notre droit de manifester. Ils sont censés nous protéger». Des médias locaux ont rapporté avoir vu un corps à terre lors d’affrontements dans le quartier de Kitengela, à Nairobi.

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La police a plus tôt mardi affirmé avoir «reçu des renseignements crédibles indiquant que certains groupes criminels organisés envisageaient d’infiltrer, de perturber et de déstabiliser le caractère pacifique des manifestations, ce qui pourrait potentiellement mettre en danger la sécurité des manifestants». Des rassemblements ont également lieu dans plusieurs autres villes de ce pays d’Afrique de l’Est, selon des médias locaux. Dans la grande ville côtière de Mombasa, des dizaines de manifestants ont brièvement affronté la police avant de défiler dans le centre-ville. «Nous manifestons pacifiquement», ont-ils scandé, brandissant des pancartes «Justice pour la génération Z» ou «Arrêtez de tuer des manifestants».

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Au moins 50 personnes ont été tuées

La police a été critiquée par des organisations de défense des droits humains pour son usage disproportionné de la force, et avoir tiré à balles réelles sur des manifestants. Depuis le début des manifestations le 18 juin, au moins 50 personnes ont été tuées, a affirmé mardi la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), organe officiel mais indépendant. Un responsable d’Amnesty International Kenya, Irungu Houghton, a exhorté les autorités, dans un message transmis à l’AFP, «d’arrêter tous les policiers impliqués dans les meurtres et les enlèvements de manifestants au cours du mois dernier».