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États-Unis : la vidéo d’un policier tuant une femme noire suscite l’indignation, Joe Biden réclame «justice»

Le policier mis en cause, Sean Grayson, a justifié ses tirs par crainte de recevoir de l’eau bouillante au visage. Il a été incarcéré en attente de sa comparution devant un juge.

Choc aux Etats-Unis. Le président américain Joe Biden a réclamé sur X «justice», après la diffusion lundi 23 juillet par les autorités d’une vidéo montrant la mort de Sonya Massey, une femme noire de 36 ans, tuée chez elle par l’adjoint d’un shérif, dans l’Illinois. À peine révélée, l’affaire a d’ores et déjà été comparée à celle de George Floyd ou à celle de Breonna Taylor, tuée par la police à Louisville (Kentucky), chez elle, pendant son sommeil, au mois de mars 2020.

«La famille de Sonya mérite justice. J’ai le cœur brisé pour ses enfants et sa famille alors qu’ils font face à cette perte impensable et insensée», a écrit Joe Biden sur X. «La mort de Sonya aux mains d’un policier nous rappelle que trop souvent, les Afro-Américains sont confrontés à des peurs pour leur sécurité de manière que beaucoup d’entre nous ne connaissent pas», a poursuivi le président américain.

«Je ne vais pas prendre de l’eau bouillante en plein visage»

La scène, filmée par la caméra piéton d’un des policiers, remonte au 6 juillet dernier, dans la ville de Springfield, dans l’Illinois. Deux policiers sont appelés vers 00h50 au domicile de Sonya Massey, à sa demande, pour enquêter sur un potentiel «intrus», d’après les premiers éléments du dossier. Une fois entrés dans le logis, les agents discutent plusieurs minutes avec la potentielle victime, d’abord assise sur son canapé. À l’autre bout de la pièce, une casserole d’eau chauffant sur la gazinière interpelle les policiers. Ces derniers demandent alors à Sonya Massey de la retirer du feu.

La femme s’exécute, saisit la casserole, puis échange quelques mots avec les policiers, qui craignent visiblement d’être la cible d’un jet d’eau bouillante. «Je vous renie au nom de Jésus», clame alors Sonya Massey à deux reprises, sans que l’on sache pourquoi. L’un des policiers rétorque en braquant son arme sur elle: «Vous feriez mieux de ne pas le faire ou je jure devant Dieu que je vous tire une putain de balle dans le visage». Sur les images, on voit finalement Sonya Massey se baisser subitement en s’excusant, avant que le policier ne lui tire dessus à trois reprises. «Je ne vais pas prendre de l’eau bouillante en plein visage», l’entend-on quelques secondes plus tard. Des soins sont ensuite prodigués à la victime… en vain.

«Et s’il n’y avait pas eu de vidéo ?»

Sean Grayson, l’adjoint mis en cause, a été renvoyé du bureau du shérif du comté de Sangamon, où il travaillait. Il fait désormais face à trois chefs d’accusations, pour meurtre et coups et blessures aggravés notamment. Les faits sont «choquants», a commenté Ben Crump, l’avocat de la famille de Sonya Massey, qui représentait également en 2020 les proches de George Floyd.

D’après lui, aucun élément ne justifiait l’utilisation de la force létale, malgré de probables problèmes de santé mentale de la victime. «Et s’il n’y avait pas eu de vidéo ? Quel aurait été le récit (du mis en cause) ?», s’est-il également interrogé. Sean Grayson a été incarcéré dans l’attente de sa comparution devant un juge, le 26 août.