Ce bénéfice n’a pas compensé la déception sur les performances d’Azure, la plateforme de «cloud» et de services d’intelligence artificielle (IA) du groupe américain.
Microsoft a réalisé 64,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires pour la période d’avril à juin, en hausse de 15% sur un an, dont le géant des technologies a dégagé 22 milliards (+10%), d’après son communiqué de résultats publié mardi.
Mais ces deux chiffres supérieurs aux attentes du marché n’ont pas compensé la déception sur les performances d’Azure, la plateforme de «cloud» (informatique à distance) et de services d’intelligence artificielle (IA) du groupe américain, dont l’action perdait plus de 5% lors des échanges électroniques après la clôture de Wall Street. Car les résultats financiers de Microsoft sont désormais évalués à l’aune des revenus liés à l’IA générative, par rapport aux investissements astronomiques qu’elle nécessite.
Azure, sa plateforme de cloud qui héberge les nouveaux outils d’IA générative, a vu ses ventes progresser de 29%, moins qu’escompté par le marché. Ce chiffre était particulièrement guetté car il reflète l’intérêt des clients de Microsoft (grandes organisations, start-up, etc.) pour cette technologie de pointe. «Microsoft et Nvidia sont les deux meilleurs baromètres technologiques du rythme d’adoption de la révolution de l’IA à l’échelle mondiale», souligne Dan Ives, de Wedbush.
Dépenses
Avec ses puces ultra-sophistiquées, Nvidia est l’autre groupe qui profite largement de l’engouement pour l’IA générative et ses modèles (comme ChatGPT), capables de produire des contenus de bonne facture, sur simple requête en langage courant. Microsoft est de son côté devenu le leader de cette «révolution», après avoir injecté des milliards de dollars dans OpenAI, la start-up qui a mis au point ChatGPT.
«Les cas d’utilisation de l’IA par les entreprises et les consommateurs commencent à peine à apparaître et le groupe de Redmond est parfaitement positionné pour capitaliser sur cette adoption», estime Dan Ives, qui table sur 25 milliards de dollars de revenus supplémentaires liés à l’IA pour Microsoft d’ici l’année fiscale 2025.
Pour l’instant, la technologie star de la Silicon Valley représente avant tout des dépenses massives dans les centres de données, l’énergie, les composants électroniques et les ressources humaines. En avril, Amy Hood, la directrice financière de Microsoft, avait reconnu que «les dépenses d’investissement allaient augmenter de façon significative» et notée que la société faisait face à une «demande un peu plus élevée dans l’IA que ses capacités actuelles».
Le groupe de Windows a annoncé plus de 15 milliards de dollars d’investissements dans l’IA à l’étranger cette année, de l’Allemagne à la France en passant par le Japon et l’Indonésie, notamment pour construire et financer les infrastructures techniques et énergétiques nécessaires. Malgré des résultats encore meilleurs qu’escompté, Google a vu son action baisser à Wall Street la semaine dernière, ses dépenses étant ressorties plus élevées que les prévisions du marché.
«PC à l’IA»
L’activité d’ordinateurs personnels de Microsoft a rapporté près de 16 milliards de dollars de revenus au quatrième trimestre de son exercice décalé, en hausse de 14% sur un an, portée notamment par les ventes liées au système d’exploitation Windows et à la Xbox. Ses ventes d’appareils, en revanche, ont baissé de 11% alors que l’année dernière avait déjà été difficile.
Le groupe compte sur ses «PC à l’IA» pour remonter la pente. Présentés en mai, il s’agit d’ordinateurs dans lesquels des outils d’IA générative sont intégrés directement au système d’exploitation Windows, pour aider l’utilisateur dans toutes ses tâches. Le groupe de Redmond estime que plus de 50 millions de «PC IA» seront vendus d’ici mai 2025, étant donné l’appétit des développeurs et du public pour ces assistants numériques.
Les livraisons mondiales de PC et smartphones à l’IA générative devraient atteindre près de 300 millions d’unités d’ici la fin de l’année, contre 29 millions en 2023, selon le cabinet d’études Gartner.