Les Etats-Unis ont fermé la base aérienne 201, à Agadez (nord), avec plus d’un mois d’avance sur le calendrier convenu avec la junte au pouvoir à Niamey.
L’armée américaine a fermé sa dernière base au Niger, lundi 5 août, conformément aux exigences du régime militaire au pouvoir dans ce pays sahélien en proie à des violences djihadistes. Après le départ de près de 800 soldats de la base de Niamey, début juillet, il ne restait dans le pays que quelque 200 éléments américains, logés dans cette importante base située à Agadez (nord).
« Le retrait des forces et du matériel américains de la base aérienne 201 à Agadez est achevé », a déclaré dans un communiqué le Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), qui ajoute que « la coordination se poursuivra entre les forces armées américaines et nigériennes au cours des prochaines semaines afin de s’assurer que le retrait total s’effectue comme prévu ». « Une vingtaine de personnes sont encore présentes au Niger », a déclaré lundi Sabrina Singh, la porte-parole adjointe du Pentagone. Le personnel restant se trouve dans l’ambassade des Etats-Unis à Niamey pour « préparer la fin du retrait », a-t-elle ajouté.
« Ce retrait s’est achevé [lundi] par une cérémonie de transfert des installations en présence d’officiels des deux pays », a déclaré le chef d’état-major de l’armée de terre, le colonel-major Mamane Sani Kiaou. « Ce retrait ne signifie pas la fin de la coopération militaire entre les deux pays », a-t-il poursuivi.
Le retrait des troupes américaines du Niger a débuté en mai, suite à la dénonciation par Niamey, en mars, de l’accord de coopération militaire avec les Etats-Unis, jugé « illégal ». Fin juillet, le général de l’Africom Kenneth Ekman avait annoncé que les opérations seraient achevées début août, en avance sur le calendrier qui visait un départ au 15 septembre. Le départ de l’armée américaine s’effectue par voie aérienne, tandis que certains convois de militaires français avaient dû quitter le pays par voie terrestre jusqu’au Tchad, traversant parfois des zones à la situation sécuritaire instable.
Des liens avec la Turquie et l’Iran
Ces dernières années, le Niger était un pilier des opérations de lutte antidjihadiste américaines et françaises au Sahel, en particulier depuis les prises de pouvoir des militaires au Mali et au Burkina Faso voisins, hostiles aux forces armées occidentales. Mais depuis le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, la junte nigérienne s’est rapprochée de ses voisins malien et burkinabé – avec qui elle a formé la conférence de l’Alliance des Etats-Unis du Sahel (AES) et a chassé les armées française et américaine de son sol.
Le régime nigérien, dirigé par le général Abdourahamane Tiani, revoit de fond en comble sa politique étrangère et martèle faire de sa souveraineté une priorité. Niamey s’est rapproché notamment de la Russie, qui a acheminé des instructeurs et du matériel militaire en avril et en mai. Moscou est également un partenaire du Burkina et du Mali. Le Niger a par ailleurs noué des liens avec la Turquie et l’Iran.
Depuis une dizaine d’années, le pays est miné dans l’Ouest par des violences de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique. Il est également confronté dans le Sud-Est aux attaques de Boko Haram et de sa branche dissidente, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Selon l’Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), une organisation qui répertorie les victimes des conflits dans le monde, quelque 1 500 civils et militaires sont morts dans des attaques djihadistes depuis un an, contre 650 entre juillet 2022 et 2023.