À Washington, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale a évoqué un « début prometteur » des discussions, ajoutant s’attendre à ce qu’elles continuent ce vendredi à Doha, au Qatar. Le Hamas, de son côté, a redonné ses conditions.
Des discussions cruciales ont débuté jeudi au Qatar en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas à Gaza. Elles devraient se poursuivre vendredi, sans aucune certitude sur leur issue. Après des mois de pourparlers infructueux, ces échanges se tiennent, à l’appel des médiateurs – Qatar, États-Unis et Égypte – pour tenter de mettre fin à une guerre dévastatrice à Gaza.
À Washington, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby a évoqué un « début prometteur » des discussions, ajoutant s’attendre à ce qu’elles continuent vendredi. « Il reste beaucoup à faire », a-t-il ajouté. Les obstacles « peuvent être surmontés et nous devons parvenir à une solution », a encore dit John Kirby. « Il faut que les otages soient libérés, il faut du répit pour les civils palestiniens à Gaza, de la sécurité pour Israël et une baisse des tensions dans la région, et tout cela le plus vite possible », a-t-il justifié.
Les discussions de Doha sont « cruciales pour la stabilité mondiale », a déclaré le chef de la diplomatie britannique David Lammy. Son homologue français Stéphane Séjourné, en visite au Liban, a jugé « nécessaire » un cessez-le-feu à Gaza pour garantir la paix au Moyen-Orient.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a souvent affirmé qu’il poursuivrait la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, et son armée a affirmé jeudi avoir « éliminé plus de 17 000 terroristes » à Gaza en dix mois de conflit. Mais le président américain Joe Biden a estimé qu’un cessez-le-feu pourrait permettre d’éviter une attaque de l’Iran qui a menacé Israël d’un « châtiment sévère » en riposte à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet.
Le Hamas demande un retrait complet d’Israël
Le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a dit refuser de participer à de nouvelles discussions et avait réclamé l’application du plan annoncé par Joe Biden. Mais, par la voix d’un haut responsable présent à Doha, il a demandé davantage jeudi soir, estimant que « tout accord doit aboutir à un cessez-le-feu global, à un retrait (israélien) complet de Gaza, (et) au retour des personnes déplacées ».
Dans la soirée, un autre responsable du Hamas, Oussama Hamdane, a déclaré à l’AFP que le mouvement avait toutefois informé les médiateurs à Doha de sa position. Si les discussions visent « à fixer un calendrier pour mettre en œuvre ce qui a été présenté et accepté par le Hamas, alors nous y participerons », a-t-il expliqué. « Si les médiateurs parviennent à forcer (Israël) à accepter cela, nous participerons (aux discussions). Mais, jusqu’à présent, il n’y a rien de nouveau ».
Ces discussions se tiennent en présence du directeur de la CIA William Burns et des chefs des services de renseignement extérieur (Mossad) et intérieur (Shin Bet) israéliens.
Quels enjeux derrière la trêve ?
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël voisin ont lancé une attaque qui a entraîné la mort de 1 198 personnes côté israélien, en majorité des civils. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l’armée. En riposte, l’armée israélienne a mené une campagne de bombardements aériens intenses suivie d’une offensive terrestre à Gaza qui ont fait au oins 40 005 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués.
Outre des destructions colossales dans le petit territoire palestinien assiégé par Israël depuis le 9 octobre, la guerre a provoqué un désastre humanitaire et entraîné le déplacement de la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants.
Un cessez-le-feu à Gaza pourrait aussi mettre fin aux échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah libanais, allié du Hamas et de l’Iran. Les tensions régionales ont redoublé après l’assinat d’Ismail Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth. Outre l’Iran, le Hamas, le Hezbollah et les rebelles yéménites houthis ont menacé d’y riposter.