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Guerre entre Israël et le Hamas: les négociations pour une trêve dans la bande de Gaza continuent, les Etats-Unis et le Hamas s’accusent mutuellement

Les attaques transfrontalières entre Israël et le Liban se poursuivent alors que les négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza doivent reprendre avec la visite d’Antony Blinken en Egypte et au Qatar.

Les négociations en vue de trouver un accord de trêve entre Israël et le Hamas assorti de la libération des otages détenus dans la bande de Gaza se sont poursuivies mardi 20 août. Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, s’est rendu à Doha pour s’entretenir avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, dans le cadre d’une tournée qui l’a mené en Israël et en Egypte pour pousser en faveur d’une trêve entre Israël et le Hamas.

Le Hamas affirme que Joe Biden donne une « autorisation » à la poursuite de la guerre

Le président américain, Joe Biden, a affirmé que le Hamas était « en train de faire machine arrière » dans les négociations sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, en jugeant toutefois qu’un accord était « toujours possible ». Ces « allégations trompeuses (…) ne reflètent pas la véritable position du mouvement, qui souhaite parvenir à un accord de cessez-le-feu », a rétorqué le Hamas dans un communiqué, en dénonçant une « autorisation américaine au gouvernement extrémiste sioniste pour qu’il commette davantage de crimes contre les civils ».

Après avoir rencontré le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem lundi, Antony Blinken a poursuivi sa tournée régionale en Egypte puis au Qatar, les deux pays qui assurent avec les Etats-Unis la médiation entre Israël et le Hamas. Les deux parties affirment qu’ils sont d’accord avec le plan en vue d’un cessez-le-feu présenté fin mai par le président américain, mais le Hamas accuse Israël d’avoir ajouté de « nouvelles conditions », notamment sur le maintien de ses troupes le long de la frontière entre Gaza et l’Egypte et la liste de noms de prisonniers palestiniens qui seraient libérés en échange d’otages israéliens à Gaza.

Washington a annoncé avoir proposé un nouveau plan de compromis à Doha. Israël l’a accepté, a assuré M. Blinken, qui appelle le Hamas à « faire de même ». Mais le mouvement islamiste palestinien continue de s’en tenir à ce qu’il présente comme la version originale du plan Biden, refusant les ajouts qu’il juge être des « diktats américains ».

Au terme de sa tournée au Moyen-Orient, le secrétaire d’Etat américain a souligné l’urgence de conclure une trêve dans la bande de Gaza après dix mois de guerre. Le temps « est compté » pour parvenir à un accord, a-t-il affirmé aux journalistes avant son départ de l’aéroport de Doha. « Il faut que cela se fasse, et cela doit se faire dans les jours à venir », a-t-il insisté. Israël a accepté une proposition de compromis, soumise vendredi par les Etats-Unis après deux jours de négociations à Doha et « nous nous attendons à ce que le Hamas fasse la même chose », a déclaré M. Blinken.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, aurait affirmé mardi à des familles des victimes de l’attaque du 7 octobre 2023 commise par le Hamas sur le sol israélien qu’Israël insisterait pour garder le contrôle d’une bande frontalière entre Gaza et l’Egypte, appelée le couloir de Philadelphie, et dont les forces israéliennes ont pris le contrôle durant la guerre. Interrogé à ce sujet, M. Blinken a répondu que les Etats-Unis avaient « très clairement » établi, depuis le début du conflit, qu’ils « n’acceptaient pas une occupation de long terme de la bande de Gaza par Israël ». Les dernières négociations ont été « très claires sur le calendrier et les lieux de retrait des forces israéliennes de Gaza, et Israël a accepté cela », a-t-il ajouté, sans rejeter explicitement les remarques de M. Nétanyahou. Un responsable l’accompagnant avait critiqué plus tôt les remarques attribuées au premier ministre israélien, en affirmant qu’elles n’étaient « pas constructives » en pleines négociations.

Antony Blinken avait rencontré plus tôt mardi le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, et son homologue Badr Abdelatty à El-Alamein. Lors de cette rencontre, le président égyptien a appelé à un « cessez-le-feu à Gaza », mettant en garde contre « une expansion régionale du conflit aux conséquences difficiles à imaginer », a déclaré la présidence égyptienne. L’Iran et son allié libanais du Hezbollah ont juré de riposter à la mort fin juillet d’un haut commandant du Hezbollah, Fouad Chokr, dans une frappe israélienne à Beyrouth, et à l’assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, dans une attaque imputée à Israël.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, part de Tel-Aviv pour se rendre en Egypte afin de poursuivre les négociations en vue d’une trêve dans la bande de Gaza, le 20 août 2024.

La défense civile annonce au moins douze morts dus à une frappe israélienne sur une école

La défense civile gazaouie a annoncé mardi avoir recensé au moins douze morts, après une frappe israélienne sur une école de la ville de Gaza qui abritait des milliers de déplacés, assurant qu’il y avait encore « d’autres disparus » sous les décombres. Plus tôt, dans un premier bilan, la défense civile avait assuré avoir dégagé « sept corps », ceux de cinq hommes et deux enfants.

« Nous continuons les recherches de corps sous les décombres de l’école Moustafa Hafiz », a précisé son porte-parole, Mahmoud Bassal, à l’Agence France-Presse (AFP). L’armée israélienne a de son côté affirmé avoir mené « une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient dans un centre de contrôle du Hamas (…) caché dans l’école ».

« La mort semble être la seule certitude » pour les 2,4 millions de Gazaouis sans « aucun endroit sûr » à l’abri des bombardements israéliens, a déclaré mardi à l’AFP Louise Wateridge, porte-parole l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), jointe en visioconférence.

Le ministère libanais de la santé a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi que des frappes israéliennes avaient fait au moins un mort et dix-neuf blessés dans l’est du pays, quelques heures après la mort de quatre personnes dans d’autres attaques dans le sud.

Selon le ministère, les frappes ont eu lieu vers minuit (23 heures en France) dans la plaine de la Békaa, un jour après une attaque similaire dans la même région visant, d’après l’armée israélienne, « des entrepôts d’armes du Hezbollah », mouvement chiite libanais soutenu par l’Iran et allié du Hamas palestinien. Les autorités libanaises n’ont pas précisé si le mort et les blessés étaient des civils ou des combattants. Plus tôt dans la journée de mardi, le Hezbollah avait annoncé la mort de quatre de ses combattants dans des frappes israéliennes sur le village de Dhayra, dans le sud du Liban.

Le Hezbollah a ensuite revendiqué des tirs de roquettes Katioucha sur plusieurs positions militaires du nord d’Israël en représailles notamment à la frappe de Dhayra. Il a aussi annoncé avoir tiré plusieurs salves de roquettes et de drones contre des positions de l’armée israélienne sur le plateau du Golan, occupé et annexé par Israël, en « riposte » aux frappes dans la Békaa. L’armée israélienne a indiqué de son côté avoir identifié quelque 115 projectiles tirés du Liban sur le nord d’Israël et le Golan syrien occupé. « Certains projectiles ont été interceptés et d’autres sont tombés dans des zones inhabitées », a-t-elle dit. Aucun blessé n’a été signalé mais l’armée a déclaré qu’ils avaient déclenché des incendies dans certaines zones. L’armée israélienne a également déclaré que les forces aériennes avaient frappé des lanceurs de projectiles et plusieurs structures « militaires du Hezbollah » dans le sud du Liban.

L’armée israélienne annonce avoir récupéré les corps de six otages à Gaza

Avraham Munder, dont le kibboutz, Nir Oz, a annoncé la mort mardi 20 août 2024.

L’armée israélienne a annoncé dans la matinée avoir récupéré les coprs de six otages au cours d’une opération menée conjointement avec le renseignement intérieur. Il s’agit, a détaillé l’armée, des corps d’Alex Dancyg, de Chaim Peri, de Yagev Buchshtab, de Yoram Metzger, de Nadav Popplewell, déjà tous annoncés morts par l’armée ces derniers mois, et de celui d’Avraham Munder, dont le kibboutz, Nir Oz, a annoncé la mort mardi. Une ex-otage avait affirmé à l’AFP que les six hommes étaient retenus ensemble dans un tunnel après leur enlèvement par le Hamas le 7 octobre 2023.

Pendant ce temps, les frappes israéliennes se poursuivent sans relâche dans la bande de Gaza. Lundi, une source médicale a fait état de trois morts dans le bombardement d’une maison à l’est de Khan Younès. L’attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël a entraîné la mort de 1 198 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza. L’offensive israélienne dans la bande de Gaza a fait au moins 40 173 morts, selon le Hamas, qui ne détaille pas le nombre des civils et des combattants tués.