Selon la police, son compagnon l’a arrosée d’essence et y a mis le feu dimanche, sous les yeux de ses enfants. Brûlée à plus de 80 %, elle se trouvait depuis dans un état critique.
La marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei a succombé à ses brûlures, quatre jours après son agression par un homme présenté comme son compagnon, dans l’ouest du Kenya, a annoncé jeudi le président du comité olympique ougandais.
« Nous avons appris le triste décès de notre athlète olympique Rebecca Cheptegei à la suite d’une violente agression de son petit ami. Que son âme repose en paix. Nous condamnons fermement la violence contre les femmes », écrit Donald Rukare sur X. « Il s’agit d’un acte lâche et insensé qui a conduit à la perte d’une grande athlète », ajoute-t-il.
« Tous ses organes ont cessé [de fonctionner] la nuit dernière », a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) un médecin du Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) d’Eldoret, où l’athlète de 33 ans, qui a pris en août la 44e place du marathon des Jeux olympiques de Paris, était soignée. « Brûlée à « plus de 80 % », elle se trouvait dans un « état critique », avaient fait savoir les médecins.
Un membre du personnel de l’hôpital, qui a requis l’anonymat, avait annoncé mercredi à l’AFP que l’état de Rebecca Cheptegei s’était aggravé en raison d’une septicémie due à une infection bactérienne.
La fédération ougandaise d’athlétisme s’est dite « profondément attristée » par le décès de son athlète, « victime tragique de violences conjugales ». « Nous condamnons de tels actes et appelons à la justice », a-t-elle ajouté sur X. « Son décès prématuré et tragique est une perte immense », regrette, de son côté, la fédération kényane (Athletics Kenya), réclamant « la fin des violences sexistes ».
« Rebecca Cheptegei est morte. Nous prononçons ton nom au pays des vivants. Repose en paix. Oui, c’est un féminicide. Nous devons mettre fin aux féminicides », a réagi sur X Njeri Migwi, cofondatrice de l’association Usikimye (« Ne reste pas silencieuse », en swahili), qui vient en aide aux victimes de violences sexuelles et sexistes.
Drames à répétition
Selon un rapport de police consulté par l’AFP, le suspect, identifié sous le nom de Ndiema Marangach, s’est introduit dans la propriété de Rebecca Cheptegei dimanche vers 14 heures, alors qu’elle se trouvait à l’église avec ses enfants.
La marathonienne vivait avec sa sœur et ses deux enfants dans cette maison qu’elle avait fait construire à Endebess, localité située à 25 kilomètres de la frontière ougandaise, où elle s’entraînait, a précisé mardi son père, Joseph Cheptegei, à Eldoret. A leur retour de l’église, le suspect l’a arrosée d’essence et a mis le feu sous les yeux de ses enfants, deux fillettes âgées de 9 et 11 ans, d’après le quotidien kényan The Standard.
La nature de la relation entre l’athlète et le suspect, qui souffre également de brûlures et est hospitalisé au MTRH d’Eldoret, n’était pas clairement établie. Le rapport de police les présente comme « un couple qui avait constamment des disputes familiales ». Selon le père de Rebecca Cheptegei, elle « s’est liée d’amitié avec cet homme, mais ils ont eu des différends, et il est parti vivre avec sa femme ».
Depuis ces dernières années, plusieurs drames ont endeuillé le monde de l’athlétisme au Kenya. En avril 2022, le corps de Damaris Mutua, une athlète bahreïnie d’origine kényane, avait été retrouvé à Iten, célèbre lieu d’entraînement à la course de fond sur les plateaux de la vallée du Rift. Son compagnon est soupçonné de l’avoir tuée. En octobre 2021, la prometteuse athlète de 25 ans Agnes Tirop, double médaillée de bronze aux championnats du monde du 10 000 m en 2017 et 2019, et quatrième des JO de Tokyo sur 5 000 m, avait été retrouvée poignardée à mort à son domicile d’Iten. Son mari, Emmanuel Ibrahim Rotich, qui nie toute responsabilité, est poursuivi pour meurtre. Son procès est en cours.