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États-Unis. Élection Présidentielle 2024 : six questions sur le débat très attendu entre Kamala Harris et Donald Trump

Kamala Harris et Donald Trump vont confronter, ce mardi 10 septembre, leurs deux visions, aux antipodes l’une de l’autre, sur l’avenir des États-Unis lors d’un débat très attendu dans la course à la Maison-Blanche. Un premier débat, peut-être le dernier…

u coude-à-coude dans les sondages, Kamala Harris et Donald Trump vont s’affronter pour la première fois lors d’un débat télévisé particulièrement attendu alors que l’élection présidentielle américaine se tiendra le 5 novembre. Quels en sont les enjeux ? Quelle stratégie vont-ils adopter ? Comment va dérouler le débat ? On vous explique tout ça en six questions.

Où et quand le débat va-t-il se dérouler ?

Le débat aura lieu au Centre national de la Constitution à Philadelphie, grande métropole de Pennsylvanie dans l’est des États-Unis, considérée comme le berceau de la démocratie américaine. Cela n’a rien d’un hasard : la Pennsylvanie est largement considérée comme le plus important des États pivots, ces États qui pourraient basculer démocrates comme républicains en novembre.

Les candidats entreront sur scène mardi à 21 h heure locale (3 h, heure française) pour 90 minutes de débat retransmises en direct, avec deux pauses publicitaires, sans public. Le débat sera animé par Linsey Davis et David Muir, deux présentateurs d’ABC.

Au niveau national, Donald Trump devance d’un seul point Kamala Harris (48 % contre 47), selon une étude New York Times/Siena College réalisée du 3 au 6 septembre, un écart trop serré pour dresser une tendance. Aucune raison non plus pour que chacun des prétendants prenne trop de risques.

Ce sera la première fois que l’ancien président américain et l’actuelle vice-présidente se rencontreront en personne. « L’enjeu est plus important pour Harris que pour Trump parce qu’il est déjà très connu alors qu’elle doit encore expliquer qui elle est à la majorité des gens », avance auprès de l’AFP Mark Feldstein, analyste médias à l’université du Maryland.

Quel est le dispositif retenu ?

La vice-présidente et l’ex-président se tiendront derrière un pupitre pour l’ensemble du débat. Ils disposeront chacun d’un stylo, de feuilles de papier, et d’une bouteille d’eau. Mais aucune note ni accessoire ne sont autorisés. Ils n’auront pas non plus la possibilité d’entrer en contact avec leurs conseillers lors des pauses publicitaires.

Le débat débutera directement par la partie questions-réponses. Chacun disposera de deux minutes pour répondre à une question, tandis que deux minutes seront réservées à l’opposant pour répliquer. Une minute supplémentaire sera possible pour tout « propos complémentaire, clarification, ou réponse », selon les règles.

À la fin du débat, les candidats auront deux minutes pour exposer leurs conclusions. Après tirage au sort, Donald Trump a obtenu le droit de choisir de passer en dernier.

Les micros seront-ils coupés entre chaque prise de parole ?

Voilà un point qui a fait l’objet d’âpres discussions !Fallait-il mettre ou non en silencieux le micro d’un candidat lorsqu’il n’a plus la parole ? Joe Biden l’avait souhaité lors du premier débat organisé en juin. Mais l’équipe de Kamala Harris préférait, elle, garder les micros ouverts, dans l’espoir de voir Trump l’interrompre de manière intempestive et se lancer dans les digressions dont il est coutumier.

L’équipe de Donald Trump a catégoriquement refusé, accusant les démocrates de vouloir changer les règles sur lesquelles ils s’étaient déjà entendus. ABC a finalement tranché : les micros des deux candidats ne seront ouverts que lorsque la parole leur sera donnée. Seuls les animateurs du débat seront autorisés à poser des questions, et aucun sujet ou question ne sera partagé en amont avec les deux camps.

Quelle stratégie vont adopter les candidats ?

Rompu aux débats présidentiels – il en a déjà six à son actif –, Donald Trump part avec un avantage. S’il a perdu son adversaire préféré, « Joe l’endormi » comme il surnommait Joe Biden, il veut couper l’élan de Kamala Harris, cette candidate « communiste » et « marxiste » qualifiée de « bête » et « méchante ».

Ancien animateur télé, à l’aise dans l’exercice, Trump maîtrise l’art de « déstabiliser ses opposants avec ses digressions décousues », observe auprès de l’AFP Flavio Hickel, politologue au Washington College. « Si j’étais Harris, je ne perdrais pas de temps à démonter chaque affirmation fausse de Trump », conseille pour sa part Andrew Koneschusky, ancien porte-parole du sénateur démocrate Chuck Schumer.

Ancienne procureure, Kamala Harris pourra s’appuyer sur son expérience au tribunal où il faut « apparaître forte mais pas revancharde, pouvoir se détacher du plan préétabli pour réagir à ce que disent les témoins », ajoute la politologue Rebecca Gill.

Est-ce que ce débat peut-être décisif ?

Il ne faut pas minimiser l’enjeu d’un tel débat, qui pourrait être d’ailleurs le seul organisé entre les deux prétendants à la Maison-Blanche. En juin, Joe Biden avait perdu pied devant des milions de téléspectateurs avant de renoncer à briguer un second mandat.

Pourtant, John Mark Hansen, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, ne croit pas que cet affrontement télévisé va changer l’issue du scrutin. Selon lui, l’histoire des élections américaines montre que « les débats n’ont pas tant d’importance » parce que « les gens qui les suivent ont déjà des préférences très affirmées », assure-t-il à l’AFP.

Erin Christie, professeure de communication à l’université Rutgers, est d’un tout autre avis : « Ce sera un débat très éclairant et peut-être décisif pour l’élection. Allumez vos télés ! »