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Mali. Des ex-ministres jugés pour détournements dans une affaire d’achats militaires

D’anciens ministres et des officiers maliens sont jugés depuis mardi à Bamako pour « détournements » dans une affaire d’achat d’un avion présidentiel et d’équipements militaires en 2014 par le régime de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a appris l’AFP de sources judiciaires.

Il s’agit d’un dossier emblématique de la corruption reprochée à l’ancien régime et régulièrement invoquée par les nouvelles autorités arrivées au pouvoir lors d’un coup d’Etat en 2020.

L’achat d’un avion présidentiel pour des chiffres estimés à l’époque à près de 40 millions de dollars, ainsi que de matériel militaire à une société malienne, tous deux sans appel d’offres, avaient valu en 2014 au Mali des sanctions des institutions financières, notamment le gel pendant six mois des décaissements du Fonds monétaire international (FMI). Le montant des irrégularités supposés avait ensuite varié en fonction des sources.

L’ex-Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense au moment des faits, ainsi que l’ex-ministre de l’Economie et des Finances Bouaré Fily Sissoko, avaient été placés en détention en 2021 dans le cadre de cette affaire. Tous deux sont poursuivis pour atteinte aux biens publics et soupçonnés d’escroquerie, faux et favoritisme. Le premier est décédé en prison en mars 2023 après avoir plaidé dans la presse son innocence. Ses partisans avaient accusé la junte de l’avoir laissé mourir en détention.

L’ancien directeur de cabinet de M. Keïta, Mahamadou Camara, a également été placé en détention dans le cadre de cette affaire, comme d’autres anciens hauts responsables maliens qui sont jugés cette semaine.

« Aujourd’hui mardi, c’était la journée des exceptions. Nous rentrons dans le vif demain. Le procès va durer en principe cinq jours » a déclaré à l’AFP une source judiciaire de la Cour d’assises de Bamako.

« La junte veut tout simplement redorer son blason en apparaissant comme chantre de la lutte contre la corruption. Ces dossiers ont été classés à l’époque sans suite », a affirmé à l’AFP Mohamed Chérif Koné, premier avocat général de la Cour suprême au moment des faits, et aujourd’hui opposant à la junte en exil.