Ultime décideur dans les principaux dossiers de la République islamique, Ali Khamenei pourrait lever la lumière sur les suites qu’entend donner Téhéran à son attaque, au cours de laquelle quelque 200 missiles ont été tirés sur Israël.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, doit diriger ce vendredi 4 octobre la grande prière hebdomadaire et prononcer un prêche qui pourrait donner le ton des plans de l’Iran après son attaque de missiles lancée mardi contre Israël.
Cette rare prise de parole doit aussi intervenir trois jours avant le premier anniversaire de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023.
«Cérémonie de commémoration»
Ultime décideur dans les principaux dossiers de la République islamique, Ali Khamenei pourrait lever la lumière sur les suites qu’entend donner Téhéran à son attaque, au cours de laquelle quelque 200 missiles ont été tirés sur Israël. Les Gardiens de la révolution, armée idéologique de l’Iran, ont indiqué que cette opération était une mesure de représailles pour les assassinats du chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah et d’un de leurs commandants, Abbas Nilforoushan, dans une frappe israélienne à Beyrouth le 27 septembre.
Elle visait aussi à venger la mort du chef du Hamas, Ismael Haniyeh, le 31 juillet à Téhéran dans une attaque imputée à Israël par l’Iran et le mouvement islamiste palestinien.
La prière de vendredi sera précédée d’une «cérémonie de commémoration» en hommage à Hassan Nasrallah, selon le site de l’ayatollah Khamenei. Celle-ci doit se tenir à 10h30 locales (7 heures GMT, 9 heures en France) dans la grande mosquée Mosalla, dans le centre de la capitale iranienne.
La dernière fois où l’ayatollah Khamenei avait dirigé la prière de vendredi remonte à janvier 2020, après une attaque iranienne de missiles sur deux bases abritant des Américains en Irak, en riposte à l’attaque de drone américaine qui venait de tuer à Bagdad le général iranien Qassem Soleimani, un commandant des Gardiens.
Manifestation à Téhéran
Jeudi, des manifestants portant des drapeaux du Hezbollah et de l’Iran se sont rassemblés devant le bâtiment qui abritait par le passé l’ambassade des États-Unis, désormais baptisé «le repaire de l’espionnage», pour dénoncer les «crimes» israéliens à Gaza et au Liban, selon les médias locaux.
Le Hamas et le Hezbollah font tous deux partie de «l’axe de la résistance», réunissant des groupes armés alignés sur l’Iran à travers le Moyen-Orient, qui ont pris pour cible Israël et son allié américain.
Selon les analystes, l’attaque de mardi est une réaction à une série de revers récemment subis par Téhéran et sa stratégie d’alliances dans la région, au Liban et dans les territoires palestiniens mais aussi en Irak, au Yémen et en Syrie.
«Réponse légitime»
Mercredi, Ali Khamenei, qui a décrété un deuil public pour la mort de Hassan Nasrallah, a souligné que son décès n’était «pas anodin». L’Iran a depuis déclaré que son attaque constituait une «réponse légitime, responsable et efficace pour punir le régime sioniste agresseur», et menacé Israël d’«attaques écrasantes» s’il ripostait.
La République islamique a aussi mis en garde les États-Unis contre toute intervention, sous peine de «faire face à une réponse sévère», après que Washington a déclaré que l’Iran devait subir les «conséquences» de cette opération, et dit coordonner une réponse avec les responsables israéliens.
Le président américain Joe Biden a évoqué jeudi devant la presse des «discussions» en cours sur d’éventuelles frappes israéliennes contre les infrastructures pétrolières iraniennes.
L’attaque de mardi était la deuxième menée par l’Iran contre Israël, après des tirs de missiles et de drones en avril, en représailles à une frappe aérienne meurtrière contre le consulat iranien à Damas, imputée à Israël. Dans les deux cas, l’armée israélienne a dit avoir intercepté la plupart des tirs, aidée de ses alliés au premier rang desquels les États-Unis.