L’ex-ouragan Kirk, né au Cap-Vert le 29 septembre, s’apprête à déferler sur la France dans les jours à venir avec de fortes rafales et d’importants cumuls de pluie.
irk arrive en France. Mais quelles sont ses caractéristiques de celui qui était il y a peu un ouragan? Et pourquoi parle-t-on d’« ex-ouragan » ? Sous quelles formes va-t-il atteindre l’Hexagone ? Guillaume Jauseau, météorologue chez Météo & Radar, a répondu à ces questions pour 20 Minutes.
Quelles sont les caractéristiques de l’ouragan Kirk ?
L’ouragan Kik, de catégorie 2, s’est formé le 29 septembre, près du Cap-Vert. Il s’est intensifié rapidement, allant jusqu’à être classé en catégorie 4 – sur 5 – avec des rafales allant jusqu’à 250 km/h et devenant le troisième ouragan majeur de la saison dans l’Atlantique nord. Heureusement, il n’a fait aucun dégât pour le moment.
Au-delà de ces aspects, c’est un cyclone de « tout ce qu’il y a de plus normal », avec des caractéristiques tropicales, c’est-à-dire, un cœur chaud, une symétrie avec un œil.
Pourquoi ne faut-il plus parler d’ouragan lorsque Kirk touchera la France ?
Kirk est en train de remonter en direction du nord et entame une transition « extra-tropicale ». C’est pour ça qu’on parle « d’ex-ouragan » pour parler du phénomène lorsqu’il touchera le territoire. Et c’est ce qui se passe pour l’ensemble des ouragans qui arrivent dans nos latitudes.
En résumé, ils perdent une très grande partie des caractéristiques tropicales au contact des eaux plus tempérées, pour devenir des dépressions « typiques de latitude moyennes ». Ces dernières ont un cœur froid, elles se nourrissent des vents d’altitude, par exemple.
Sous quelles formes va-t-il atteindre la France ?
Kirk atteindra donc son stade de maturité de « tempête extra-tropicale » juste avant de toucher les côtes françaises, en fin de journée mercredi. Elle doit traverser la France le lendemain, puis elle atteindra le Benelux dans les journées qui suivront. En France, on s’attend à des rafales, jusqu’à 140 à 160 km/h, des pluies abondantes et de fortes houles bien que les coefficients ne soient pas importants, ce qui rend le risque de submersion moindre. Ces scénarios sont encore à affiner.
Mais on sait que Kirk sera à l’origine d’un important transport de vapeur d’eau au-dessus de l’Atlantique et générera une rivière atmosphérique, augmentant ainsi le risque de fortes précipitations. C’est souvent le cas dans ces dépressions qui proviennent des tropiques. Elles s’y nourrissent d’humidité et de vapeur d’eau et en sont encore gorgées quand elles arrivent sur nos côtes.
Est-ce que ce type d’événements arrivent souvent en France ?
Ça a toujours existé. Les tempêtes extra-tropicales représentent la fin de vie de chacun des ouragans. Ça arrive très souvent mais comme ils arrivent très affaiblis, on n’en prend même pas conscience. D’ailleurs, cette tempête Kirk est tout à fait typique pour la saison.
Au niveau du consensus scientifique, le nombre de tempêtes n’a pas significativement augmenté. Les tendances varient selon les régions, avec des fluctuations observées dans certaines parties de l’Atlantique Nord sans tendance claire à la hausse. En Europe, on a déjà connu ça avec Ophelia en 2017 ou encore avec Debbie en 1961, qui a causé plus de 60 morts.
Quels sont les liens entre ce type d’épisode météorologique et le réchauffement climatique ?
Le réchauffement climatique n’a pas d’impacts directs sur la fréquence des tempêtes extra-tropicales en particulier. Mais à cause du changement climatique , les océans sont plus chauds, ils libèrent plus de vapeurs d’eau dans l’atmosphère et ces tempêtes, se nourrissant de ces vapeurs d’eau, vont déverser alors beaucoup plus de pluie. Par contre, il y a une augmentation du nombre d’ouragans de catégorie 3,4 et 5, donc, les plus violents.