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Madiambal Diagne et “Le Dîner à la Maison Blanche attendra”: Ce qu’il faut savoir…

Les Editions du Quotidien

293 pages

La préface de “Le Dîner à la Maison Blanche attendra”, explore les thèmes de l’émigration, de la tragédie sociale et de la condition féminine. Inspirée par une rencontre fortuite avec un émigrant sénégalais et les réalités tragiques de nombreux jeunes qui fuient leur pays.  L’œuvre mêle un récit journalistique romancé et une critique poignante de la société sénégalaise.

Le roman aborde également la question du viol et des agressions sexuelles.

L’histoire de Kéthiel, une femme trop belle pour être heureuse, symbolise les injustices faites aux femmes dans une société obsédée par les apparences et dominée par des relations de pouvoir et de convoitise.

Dans la nuit oppressante, Kéthiel subit une agression brutale, un événement qui marque le début d’une série de tragédies dans sa vie. Issue d’une famille respectée, avec un père, Kaaw Thierno, patriarche influent, elle grandit dans l’admiration de tous. Promise à son cousin Bandel, leur mariage scelle son destin d’obéissance et de silence. Pourtant, l’arrivée de l’instituteur Lamine Fall déclenche une passion interdite. Une grossesse cachée mène à un drame :l’accouchement clandestin d’un enfant mort-né, qui scandalise la communauté et conduit Kéthiel en prison.

À sa libération, rejetée par son père et répudiée par son mari, elle trouve refuge auprès de sa mère, Maam Faty. Ensemble, elles s’installent à Dakar pour échapper à leur passé. Une seconde grossesse, issue d’un viol, renforce leur isolement mais aussi leur résilience. Kéthiel, dévouée à son fils, CR7, lutte pour offrir un avenir meilleur. Ses efforts la mènent à un choix risqué : entreprendre un périlleux voyage vers les États-Unis, espérant un renouveau

L’odyssée de Kéthiel, confrontée aux défis et drames de l’exil, sur fond de quête de survie et de spiritualité est racontée dans la deuxième partie du livre. Perdue dans les méandres d’une migration marquée par des épreuves, elle traverse des territoires hostiles, comme la Colombie, le Nicaragua, le Guatemala et le Mexique, où se mêlent solidarité humaine et exploitation.

Au Mexique, Kéthiel, est obligée de dormir dans une église, et de s’intégrer à une communauté guidée par le prêtre Don Padre, prônant la fraternité religieuse. Sa rencontre avec Maria Morales, une sociologue retraitée au Guatemala, révèle les sacrifices des femmes face aux régimes oppressifs. La dégradation de l’état de santé de Fanta, son amie, culminant avec son décès, illustre les tragédies personnelles des migrants.

La narration suit les péripéties de Kéthiel, du rejet de la traversée maritime en pirogue à son séjour chez Mama Africa, une figure maternelle mexicaine. Ce refuge temporaire à Tapachula, mêlé d’anecdotes culturelles, reflète les luttes des migrants pour trouver un abri et des ressources dans des conditions précaires.

Plusieurs étapes mettent en lumière la vulnérabilité des migrants : les périls du “train des inconnus”, les rencontres avec des passeurs, ou encore les dangers des frontières. Le récit prend un tournant spirituel lorsqu’un rêve conduit Kéthiel à un temple précolombien, où elle se découvre une nouvelle intuition et capacité d’aider les autres.

Finalement, la traversée tumultueuse du Rio Bravo marque l’entrée de Kéthiel aux États-Unis, une étape qui symbolise à la fois la fin et le début d’une quête, mêlant réalisme cru de la vision de tous les démunis et précaires, chez qui elle retrouve l’écho de ses propres galères. Loin de l’image rêvée de l’Amérique, New York se révèle saturée, impitoyable pour les nouveaux arrivants.

Un bref répit lui est offert lors d’une visite au « Bamba Day » à Harlem, rassemblement religieux des mourides sénégalais. Ce moment d’unité est cependant éclipsé par la dureté de sa cohabitation dans un foyer surpeuplé, où tensions et jalousies minent le quotidien. La quête d’emploi s’avère infructueuse, la poussant à envisager d’autres horizons.

Fuyant un incident compromettant chez un guérisseur de Brooklyn, elle part pour Washington DC, avec l’espoir d’y trouver une stabilité. Mais là encore, l’avenir se bouche. Dans une ultime tentative, elle décide de rejoindre un groupe de migrants en route vers le Canada, perçu comme un nouvel Eldorado. La traversée clandestine tourne mal, et Kéthiel est arrêtée par la police américaine, suspectée à tort dans une affaire de meurtre.

Épuisée, acculée, Kéthiel sombre dans le désespoir. Lors de son interrogatoire, elle commet l’irréparable en mettant fin à ses jours, mettant un terme à une existence marquée par l’exil, les sacrifices, et les rêves brisés.

Ce livre, dans sa première partie, est un cri d’indignation contre un système qui brise les femmes, et un hommage à celles qui, comme Kéthiel, subissent silencieusement les drames d’une société abrupte et inégalitaire. Le récit est bouleversant dans sa deuxième partie qui illustre les désillusions vécues par de nombreux migrants. Entre les dangers de l’exil et l’injustice des systèmes, la quête de dignité et de sécurité se heurtent souvent à des obstacles insurmontables, révélant l’âpreté de leur lutte pour survivre.

source:sudQuotidien