Le gouvernement du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed assure, ce lundi 6 décembre, avoir repris les villes de Dessie et Kombolcha, deux agglomérations de plus de 200 000 habitants. Alors que les rebelles tigréens du TPLF se trouvaient à 180 km de la capitale Addis-Abeba, il y a dix jours, ils ont entamé un retrait vers la région du Tigré. Le parti tigréen du TPLF a qualifié ce retrait de « réajustement territorial ».
Avec notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin
« Ce fut une décision très importante », a déclaré le président du parti tigréen du TPLF, Debretsion Gebremichael. En effet, en une semaine, les soldats tigréens ont opéré un retrait express, sur un axe de près de 200 kilomètres en direction du Tigré, laissant la voie libre aux soldats et miliciens pro-gouvernementaux pour réinvestir la plupart des villes de la région Afar et Amhara.
Le leader du TPLF a aussi assuré que les forces tigréennes n’avaient pas été diminuées par ce retrait.
Un diplomate en poste à Addis-Abeba émet quelques doutes. Si la remontée du front s’est effectuée sans combat majeur, selon lui, le TPLF a perdu des unités. Des pertes notamment dues aux frappes de drones, devenues plus fréquentes, depuis la fin novembre, offrant un avantage certain à Addis-Abeba sur le champ de bataille.
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Les villes de Dessie et Kombolcha symbolisent particulièrement le renversement de situation militaire. Leur prise par les insurgés tigréens, début novembre, faisait craindre un effondrement de l’armée nationale. Avec la reprise des deux agglomérations, le premier ministre Abiy Ahmed et son gouvernement se présentent de nouveau comme maitres de la situation.
Je crois que les deux principaux facteurs sont d’une part la mobilisation populaire et donc l’ampleur de la résistance que les rebelles tigréens ont rencontrée, de l’autre la puissance aérienne du gouvernement fédéral, qui a renouvelé et amélioré ses équipements en drones. Ce qui a rendu difficile pour les forces tigréennes de préserver des lignes d’approvisionnement qui ne soient pas exposées. Au point de les pousser à se replier le temps d’élaborer leur stratégie pour la suite.
William Davison, spécialiste de l’Ethiopie au sein de l’ICG, International Crisis Group