L’Olympique de Marseille s’apprête à disputer la septième demi-finale européenne de son histoire, jeudi. Les Phocéens défient le Feyenoord Rotterdam, au stade de Kuip. Si les Olympiens coincent en finale, ils ont pour tradition de ne pas se rater dans le dernier carré : plus de trente ans qu’ils n’ont plus perdu une demie.
L’Olympique de Marseille a pris de bonnes et de mauvaises habitudes lorsqu’il tutoie les sommets européens, quels qu’ils soient. La mauvaise pour commencer ? Hormis à Munich un 26 mai 1993 face à l’AC Milan (1-0), le club phocéen trébuche constamment sur la dernière marche. C’est arrivé à Bari en 1991 (face à l’Etoile Rouge de Belgrade), à Moscou en 1999 (Parme), à Göteborg en 2004 (Valence) et, plus près de nous, à Lyon en 2018 (Atlético de Madrid). Ceci dit, si l’OM se hisse en finale, c’est qu’il passe l’obstacle en demie. Et ceci avec une régularité métronomique, elle aussi.
Jeudi soir, lorsqu’il pénétrera sur la pelouse de Kuip pour y défier le Feyenoord Rotterdam, le club phocéen s’apprêtera à disputer sa septième demi-finale continentale, en 34 ans. Sept demi-finales, et un certain savoir-faire que les Phocéens ont acquis après les deux premières, perdues. Et une incongruité qui ressemble de loin à un paradoxe : Marseille a gagné la C1 sans passer par la case demie (il n’y en avait pas lors de la première édition de la Ligue des champions).
APRÈS VATA, LA MAIN SUR LES DEMIES
La première fois que l’OM s’est retrouvé à un tel niveau, le rendez-vous était arrivé en avance puisque les Marseillais, rachetés en 1986 par Bernard Tapie, n’étaient pas encore programmés pour les sommets continentaux. L’OM avait croisé le fer face à l’Ajax Amsterdam, tenant de la Coupe des Vainqueurs de Coupe. Après avoir éliminé le finaliste au premier tour, le Lokomotiv Leipzig, renversé l’Hajduk Split au deuxième puis sorti Rovaniemi – club de la ville du Père Noël – en quart, les hommes de Gérard Banide avaient tout perdu dès l’aller (0-3). Au retour, à l’orgueil et pour l’honneur, l’OM s’était imposé aux Pays-Bas (1-2).
La deuxième fois, ce fut un crève-cœur à l’heure où le football français rêvait de finale depuis quinze ans et les épopées stéphanoises. Coupables de ne pas avoir plié l’affaire au Vélodrome, en raison d’occasions manquées à la pelle et d’une victoire étriquée 2-1 face à Benfica, Marseille s’était mis en danger au retour. La Luz. 120 000 personnes. Un match raté. Un arbitre, Marcel van Langenhove, qui avait mis ses œillères.Et une main.La main de Vata
Après ça, et depuis plus de trois décennies, l’Olympique de Marseille ne s’est plus jamais pris les pieds dans le tapis. Et dans des conditions différentes à chaque fois. Face au Spartak Moscou en demie de la Coupe des Champions 1991, l’OM avait pris du muscle et décroché sa première qualification pour une finale européenne à l’issue de deux succès à l’autorité certaine (1-3, 2-1).
A Bologne huit ans plus tard, et après un nul vierge de but à l’aller, l’OM n’avait pas perdu le fil en demie retour de la Coupe de l’UEFA. Il s’en était fallu de peu, mais Laurent Blanc avait validé la qualification des siens sur un penalty discuté que le capitaine phocéen avait dû retirer à la 87e (1-1). Dommage, les Marseillais avaient perdu leurs nerfs lors d’un après-match sulfureux et une bagarre XXL. Christophe Dugarry et Hamada Jambay avaient écopé de lourdes suspensions. Ajoutées à celles de William Gallas, Peter Luccin et Fabrizio Ravanelli, ces absences avaient coûté cher à l’OM en finale de C3 face à Parme (0-3).
LE SHOW DROGBA
Au XXIe siècle, il y eut Salzbourg et un sauveur nommé Rolando en Ligue Europa. Après une victoire à l’aller au Vélodrome (2-0), deux buts signés Florian Thauvin et Clinton Njie, les Phocéens s’étaient fait peur en Autriche, ne devant leur salut qu’à leur défenseur central, buteur opportuniste et à point nommé à la 115e minute (2-1, ap).
Mais il y eut surtout Newcastle en 2004 – toujours en C3, mais version Coupe de l’UEFA – et un Vélodrome en fusion pour la bande à Drogba, revenue du nord de l’Angleterre avec un nul 0-0. Dans la lignée d’une folle épopée et d’une année à nulle autre pareil, Didier Drogba avait fait plier les Anglais grâce à un doublé, dont un but d’anthologie qui avait donné le ton de la soirée et lancé l’OM vers une nouvelle finale dont l’épilogue ne serait pas à la hauteur des promesses semées. Comme souvent, malheureusement. Les bonnes et les mauvaises habitudes.