L’auteur britannique Salman Rushdie a été poignardé au cou ce 12 août par un homme lors d’une conférence dans l’État de New York. Son agresseur a été immédiatement arrêté par la police. Salman Rushdie a été placé sous respirateur artificiel. Il pourrait perdre un œil, selon son agent Andrew Wylie.
Vers 11H00 (15H00 TU.), « un suspect s’est précipité sur la scène (d’un amphithéâtre) et a attaqué (Salman) Rushdie et un intervieweur. Salman Rushdie a subi une blessure apparente au cou après avoir été poignardé, et il a été transporté à l’hôpital par hélicoptère« , a annoncé la NYSP dans un communiqué, précisant que l’agresseur avait été immédiatement arrêté et placé en détention.
Lors d’un point presse, la gouverneure démocrate Kathy Hochul a salué « quelqu’un qui a passé des décennies à dire la vérité aux puissants (…) qui s’est exposé sans crainte en dépit des menaces qui l’ont poursuivi toute sa vie d’adulte ».
Salman Rushdie, 75 ans, s’apprêtait à donner une conférence littéraire dans un amphithéâtre de Chautauqua, dans le nord-ouest de l’État de New York, tout près du lac Erié qui sépare les États-Unis du Canada.
La personne qui devait donner la parole à l’écrivain a été « blessée légèrement à la tête », selon la police.
La Chautauqua Institution, un centre culturel, a précisé s’être « coordonnée avec les forces de l’ordre et les secours pour répondre au public après l’attaque d’aujourd’hui contre Salman Rushdie ».
Des témoins dans l’amphithéâtre, dont des journalistes, ont raconté sur Twitter que la salle avait été très vite « évacuée ». Des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des spectateurs se précipiter sur l’estrade pour porter secours à quelqu’un qu’on aperçoit au sol, entouré de plusieurs personnes.
Une immense solitude
Salman Rushdie, est né le 19 juin 1947 à Bombay, dans une famille musulmane deux mois avant l’indépendance de l’Inde. Il habitait au Royaume-Uni depuis des années. Il avait embrasé le monde musulman avec la publication des « Versets sataniques », conduisant l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une « fatwa » demandant son assassinat.
L’auteur avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, devant fréquemment changer de cachette.
Il doit affronter une immense solitude, accrue par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui « Les versets… » sont dédiés.
Installé à New York depuis quelques années, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.
Mais la « fatwa » n’a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.
« Trente ans ont passé », disait-il toutefois à l’automne 2018. « Maintenant tout va bien. J’avais 41 ans à l’époque (de la fatwa), j’en ai 71 maintenant. Nous vivons dans un monde où les sujets de préoccupation changent très vite. Il y a désormais beaucoup d’autres raisons d’avoir peur, d’autres gens à tuer… ».
Des réactions unanimes
Anobli en 2007 par la reine d’Angleterre, au grand dam des extrémistes musulmans, ce maître du réalisme magique, homme d’une immense culture qui se dit apolitique, a écrit en anglais une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais.
Le Premier ministre britannique s’est dit « atterré » par l’agression. Je suis « atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre », a réagi Boris Johnson dans un tweet, en allusion à la liberté d’expression.
Le maître du suspense américain, Stephen King s’inquiète :
et puis laisse éclater sa colère :
L’association de défense des écrivains dans le monde, PEN America, s’est dite « sous le choc et horrifiée« , sa présidente Suzanne Nossel révélant que le matin même Salman Rushdie lui avait écrit pour proposer son « aide à des écrivains ukrainiens ».