Victoire nette de la coalition des droites qui auront la majorité dans les deux chambres, défaite du centre gauche victime de ses divisions, abstention record (37 %). Ce sont les faits dominants des élections législatives italiennes. Voici, dans le détail, les enseignements politiques majeurs de ce scrutin.
Coup de tonnerre en Italie. L’extreme droite de Giorgia Meloni revendique la direction du gouvernement après les élections législatives qui ont eu lieu ce dimanche 25 septembre. Voici les cinq enseignements du scrutin.
1. Giorgia Meloni, grande gagnante
Giorgia Meloni réussit son pari et sera la prochaine Présidente du Conseil, première femme dans l’histoire républicaine italienne. Son parti, Fratelli d’Italia, avait enregistré 4,4 % en 2018. Il est aujourd’hui le premier parti, et de loin, avec plus d’un quart des suffrages 26,4 %. C’est une revanche historique pour cette petite formation, fondée en 2012, héritière de la tradition post-fasciste. C’est la première fois dans l’histoire républicaine italienne qu’un parti de ce type arrive au pouvoir.
Sa formation obtient trois fois plus de voix que la Ligue de Matteo Salvini et que Forza Italia de Silvio Berlusconi, avec une forte affirmation notamment sur les terres traditionnelles de ces deux partis, dans le nord de l’Italie. Elle se retrouve en position hégémonique au sein de la coalition, même si en sièges ce rapport sera moins marqué, car les candidatures préélectorales avaient été négociées sur la base d’autres équilibres. Cela devrait néanmoins peser sur les choix politiques. La coalition des droites, en sièges, obtient la majorité absolue, tant à la Chambre des députés qu’au Sénat. Giorgia Meloni devrait être désignée par le président de la République, Sergio Mattarella, pour composer une équipe gouvernementale, la plus à droite de l’histoire italienne depuis la Seconde guerre mondiale.
À 3 h du matin, Giorgia Meloni a déclaré que le temps était venu de la responsabilité
et exprimé sa volonté d’unir, pour rassurer, en Italie et à l’étranger, en réponse aux nombreuses critiques sur ses liens avec le passé fasciste. L’Italie nous a choisis et nous ne la trahirons pas
, a-t-elle ajouté, ce n’est que le début, nous devons démontrer notre valeur
.
2. Chute de Salvini et de Berlusconi
Cette affirmation se fait en bonne partie aux dépens de ses propres alliés de droite, puisque la Ligue de Matteo Salvini, qui avait enregistré plus de 17 % des voix il y a quatre ans, perd la moitié de son capital électoral et tombe sous la barre des 10 % (9ù). C’est un revers pour celui qui, il y a six ans, espérait occuper seul l’espace à droite en fondant une sorte de rassemblement national italien et éliminer de la carte électorale les héritiers des partis néofascistes.
Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, est en forte baisse également, mais avec un peu plus de 7 % des suffrages, et un nombre important de sénateurs et de députés grâce aux négociations préélectorales, il sera déterminant dans les choix politiques de la nouvelle majorité. Notamment sur les questions européennes où il est le seul membre de la coalition faisant partie du Parti Populaire Européen (PPE).
3. Le Parti démocrate à son minimum historique
Avec 18,5 % des voix, le PD avait touché un minimum historique en 2018. Il obtient cette fois un score (19,4 %) légèrement supérieur mais en dessous de la barre des 20 %. Le pari de faire jeu égal avec Giorgia Meloni a été largement perdu, même si les divisions avec le Mouvement 5 Étoiles et les petits partis centristes ont eu un impact déterminant, notamment pour le tiers des sièges attribués au système majoritaire. En 2018, Matteo Renzi et Carlo Calenda faisaient en outre partie du PD.
Comparé aux autres partis sociaux-démocrates européens, le PD résiste davantage, mais il a payé dans les urnes son soutien marqué pour le gouvernement Draghi, comme il l’avait payé en 2013 pour le gouvernement de Mario Monti et ses potions amères. En outre, il ne parvient pas à reconquérir le vote populaire, notamment dans le Sud.
4. Le Mouvement 5 Étoiles résiste
Malgré de mauvais sondages et de mauvaises conditions météo dans le sud de l’Italie dimanche, le M5E, qui avait fait plus de 33 % des voix en 2018, chute brutalement, comme c’était annoncé. Mais moins que prévu. Avec 15 %, il reste néanmoins la troisième force politique du pays, avec une implantation toujours importante au sud de l’Italie, où il est le premier parti.
À l’échelle nationale, le M5E est à une encablure du Parti démocrate, et ce résultat laisse présager d’une lutte à venir très acharnée pour capter le vote de gauche. Son leader, l’ancien président du Conseil Giuseppe Conte, a annoncé une opposition farouche sur le revenu de citoyenneté
introduit durant son mandat.
5. Percée au centre
Avec près 8 %, l’union des centristes emmenée par Carlo Calenda et Matteo Renzi enregistre une bonne percée électorale pour sa première sortie. De nombreux observateurs lui attribuent la responsabilité de la large victoire de Giorgia Meloni, puisque la rupture de l’alliance avec le PD a pesé lourd dans la compétition électorale.
À terme, compte tenu de l’extrême mobilité des parlementaires italiens (durant la précédente législature, on a enregistré quelque 300 changements de casaques), c’est dans cet espace politique que pourraient se jouer de nouveaux équilibres à l’avenir. En cas de crise au sein de la coalition.