Les Israéliens étaient appelés aux urnes pour la cinquième fois en trois ans et demi mardi. « Nous sommes près d’une grande victoire », a réagi l’ex-Premier ministre alors que les résultats définitifs ne sont pas encore connus.
Le Likoud de l’ex-Premier ministre Benyamin Netanyahou est arrivé en tête des élections législtaivesisraéliennes mardi, sur le seuil d’une majorité avec ses alliés des partis religieux et de l’extrême droite pour former un gouvernement, selon les premières estimations. D’après les projections actualisées dans la nuit de mardi à mercredi par trois grandes chaînes israéliennes, le parti de Netanyahou est crédité de 30 ou 31 sièges, sur les 120 de la Knesset, devant la formation Yesh Atid (« Il y a un futur ») du Premier ministre sortant centriste Yair Lapid qui récolterait entre 22 et 24 sièges.
Suivent ensuite neuf partis, dont l’alliance d’extrême droite « Sionisme religieux » de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir avec 14 sièges, et le parti de centre-droit de l’ex-chef de l’armée Benny Gantz, crédité de 11 à 13 sièges.
Avec ses alliés, le Likoud compterait 68 sièges, obtenant la majorité, Yesh Atid et ses alliés n’en engrangeant qu’une cinquantaine. Mais ces scores pourraient changer à l’annonce des résultats officiels, notamment en fonction des sièges remportés par les petits partis.
« Nous sommes près d’une grande victoire », a déclaré dans la nuit l’ex-Premier ministre. « J’ai de l’expérience, j’ai fait quelques élections, nous devons attendre les résultats définitifs mais notre chemin, celui du Likoud, a prouvé qu’il était le bon. (…) Si les résultats sont comme ceux des sondages ce soir, je formerai un gouvernement national pour tous les citoyens d’Israël », a ajouté Netanyahou devant ses partisans réunis à Jérusalem. Il a évoqué un « énorme vote de confiance de la part du peuple d’Israël ».
« Tant que le dernier bulletin de vote n’est pas compté, rien n’est joué. Nous attendrons patiemment, même si nous n’avons pas de patience, les résultats finaux », avait affirmé un peu plus tôt son rival, Yaïr Lapid, lors d’un rassemblement des partisans de son parti à Tel-Aviv.
Seule certitude: à 20 heures, le taux de participation s’établissait à 66,3 %, soit 5,4 points de plus qu’aux dernières législatives de mars 2021. Il s’agit aussi du taux le plus élevé à la même heure depuis 1999, et le début du cycle électoral d’après la commission électorale.
Les partis arabes divisés
Dans le système proportionnel israélien, une liste électorale doit obtenir au moins 3,25% des voix pour entrer au Parlement avec ainsi un minimum de quatre sièges, une situation particulièrement critique pour les partis de la minorité arabe israélienne. Contrairement à des scrutins précédents, les partis arabes israéliens se présentaient en ordre dispersé sous trois listes : Raam (islamiste modéré), Hadash-Taal (laïc) et Balad (nationaliste). Le parti Raam de Mansour Abbas, qui avait -fait inédit- soutenu la coalition sortante de Yaïr Lapid, a remporté cinq sièges, d’après les sondages. La liste Hadash-Taal en a remporté quatre, alors que Balad n’en a récolté aucun.
À gauche, selon les projections, le parti travailliste (Avoda) est crédité de cinq sièges tandis que la formation Meretz en a quatre.
Les partis ultra-orthodoxes, alliés de Netanyahou, auraient 10 sièges pour Shass (séfarade) et sept pour Judaïsme unifié de la Torah (ashkénaze).
L’extrême-droite sioniste en passe de devenir le 3e parti
La campagne a été secouée par le colon de Cisjordanie Itamar Ben-Gvir et sa liste ultranationaliste Sionisme religieux, qui est en passe de devenir le troisième parti du Parlement avec 14 sièges. Netanyahou a compté sur le soutien de Ben-Gvir et de son collègue d’extrême droite Bezalel Smotrich.
Mais pourra-t-il faire entrer Ben-Gvir dans sa coalition de gouvernement ? L’homme est un un ancien membre de Kach, un groupe interdit depuis 1994, figurant sur les listes de surveillance terroriste israélienne et américaine, et qui a déjà été condamné pour incitation au racisme.
À 73 ans, Benyamin Netanyahou, plus pérenne des chefs de gouvernement de l’histoire d’Israël, tentait de rallier une majorité de 61 députés, sur les 120 du Parlement, la Knesset, avec ses alliés des partis ultraorthodoxes et de l’extrême droite qui a le vent en poupe.
Face à lui, Yaïr Lapid, 58 ans, Premier ministre depuis juillet, dirigeant du parti Yesh Atid (« Il y a un futur ») et chef d’une coalition unique dans l’histoire d’Israel, réunissant des formations de gauche, du centre, de droite et un parti arabe. Cette « coalition du changement » menée par Naftali Bennett et Yaïr Lapid avait chassé du pouvoir Benyamin Netanyahou en juin 2021 avant de perdre sa majorité en chambre un an plus tard, ce qui a précipité un nouveau scrutin. Il s’agissait ce mardi du cinquième scrutin législatif depuis avril 2019.
Si la campagne a débuté lentement, elle s’est accélérée ces derniers jours avec les partis tentant le tout pour le tout pour convaincre les derniers indécis et surtout leur base de se rendre aux urnes, notamment dans les villes arabes. Les candidats israéliens ne sont pas soumis à un devoir de réserve le jour de l’élection, contrairement à la France, ils ont ainsi passé leur journée à sillonner le pays pour tenter de convaincre un maximum d’électeurs de se déplacer aux urnes.