Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a décidé jeudi, malgré l’opposition de Téhéran et de Pékin, d’ouvrir une enquête internationale pour rassembler des preuves des violations et éventuellement poursuivre les responsables.
L’ONU a fait la sourde oreille face à la réaction iranienne. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a décidé jeudi, malgré l’opposition de Téhéran et de Pékin, d’ouvrir une enquête internationale sur la répression des manifestation en Iran après la mort de Mahsa Amini, pour rassembler des preuves des violations et éventuellement poursuivre les responsables. Réunis d’urgence à l’initiative de l’Allemagne et de l’Islande, les 47 Etats membres de l’instance onusienne la plus élevée en matière de droits humains ont décidé de nommer une équipe d’enquêteurs de haut niveau pour faire la lumière sur toutes les violations de ces droits liées à la répression des manifestations. Le texte a été voté à une majorité légèrement plus large qu’attendue, malgré une manœuvre dilatoire de dernière minute de Pékin : 25 pays ont voté oui, six non (Arménie, Chine, Cuba, Erythrée, Pakistan et Venezuela) et 16 se sont abstenus.
« Les responsables iraniens ne pourront pas perpétrer cette violente répression dans l’anonymat, la communauté internationale les regarde », a réagi l’ambassadrice américaine Michèle Taylor. «Le courage et la détermination des manifestations nous obligent », a tweeté la représentation française auprès de l’ONU, saluant également la création de ce mécanisme d’enquête.
Plus tôt dans la journée, Volker Türk, le chef des droits de l’homme des Nations Unies , a exhorté l’Iran devant le Conseil des droits de l’homme à cesser la répression sanglante des manifestations. Les pays occidentaux « manquent de crédibilité morale » pour critiquer l’Iran, a réagi Khadijeh Karimi, une responsable iranienne lors d’une réunion d’urgence du Conseil des droits de l’homme à Genève.
Collecter des preuves
Cette mission d’enquête internationale indépendante – qui n’a guère de chance de pouvoir se rendre en Iran en raison de l’opposition de Téhéran — devra collecter les preuves des violations et les conserver de manière à ce qu’elles puissent servir à d’éventuelles poursuites. Téhéran voit dans la plupart de ces manifestations des « émeutes » et accuse notamment des forces étrangères d’être derrière ce mouvement pour chercher à déstabiliser la République islamique.
Depuis deux mois, la répression a fait au moins 416 morts, dont 51 enfants, selon l’ONG Iran Human Rights (IHR). Cette vague de contestation (née de revendications pour les femmes après la mort de Mahsa Amini arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique et qui se sont transformées en contestation du pouvoir) est sans précédent par son ampleur et sa nature depuis la Révolution islamique de 1979. Selon Volker Türk, ce sont 14.000 manifestants pacifiques qui ont aussi été arrêtés. La justice iranienne a déjà prononcé six condamnations à mort en lien avec les manifestations.