Le gouvernement allemand est sous pression croissante pour fournir à l’Ukraine des chars lourds Leopard, susceptibles d’avoir un impact significatif sur le champ de bataille, face aux troupes russes.
Le nouveau commandant russe, Valery Gerasimov, veut remettre de l’ordre dans les troupes
Selon le dernier point quotidien du ministère de la défense britanique, publié lundi matin sur Twitter, le général Valery Gerasimov, chef d’état-major général de la Russie et nouveau commandant unique des manœuvres sur le terrain en Ukraine depuis la mi-janvier, veut remettre de l’ordre dans les troupes déployées : interdiction des uniformes, des coupes de cheveux et du rasage non réglementaires, des déplacements dans des véhicules civils et des téléphones portables. Toujours selon le ministère, ces nouvelles règles ont été accueillies par des « commentaires sceptiques », certains dénonçant une « farce » qui « entraverait le processus de destruction de l’ennemi ».
Alors que sur le terrain, « les forces russes continuent de subir une impasse opérationnelle et de lourdes pertes », « la priorisation par Gerasimov de réglementations largement mineures est susceptible de confirmer les craintes de ses nombreux sceptiques en Russie », juge le ministère de la défense britannique, ajoutant que, à l’instar du ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, « [Valery Gerasimov] est de plus en plus considéré comme déconnecté et concentré sur la présentation plutôt que sur le fond ».
Ce qu’il faut retenir à l’aube lundi 23 janvier
- Si la Pologne décide de livrer des chars Leopard à l’Ukraine sans l’autorisation de l’Allemagne, Berlin ne s’y opposera pas, a annoncé dimanche 22 janvier la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, dans un entretien accordé à LCI.« J’ai bien compris à quel point ces chars sont importants, nous en sommes pleinement conscients », a ajouté Mme Baerbock, qui s’est récemment rendue à Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine. La Pologne et la Finlande ont proposé de livrer des Leopards qu’ils possèdent, mais ils ont besoin de l’agrément officiel de Berlin en vue d’une réexportation.
- L’Allemagne dit aussi attendre une demande formelle de la Pologne. « Pour l’instant, la question n’a pas été posée, mais, si on nous la posait, nous ne nous y opposerions pas », a précisé la ministre.
- « La décision dépend de beaucoup de facteurs et est prise à la chancellerie », a insisté de son côté le nouveau ministre de la défense allemand, Boris Pistorius, dans un entretien à la chaîne ARD, diffusé peu de temps après l’interview d’Annalena Baerbock.
- Dimanche, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, est une nouvelle fois monté au créneau, qualifiant d’« inacceptable » le refus de Berlin de fournir des chars lourds Leopard à Kiev. La Pologne a laissé entendre qu’elle pourrait se passer de l’autorisation de l’Allemagne faute de décision de la part de Berlin.
- « Rien n’est exclu » concernant la livraison de chars Leclerc à l’Ukraine, dit Emmanuel Macron. « Pour ce qui est des Leclerc, j’ai demandé au ministre des armées d’y travailler. Rien n’est exclu et cela s’apprécie en effet collectivement », a déclaré dimanche M. Macron lors d’une conférence de presse en compagnie du chancelier allemand, Olaf Scholz, à Paris.
- La guerre a fait 180 000 morts ou blessés dans les rangs russes, 100 000 côté ukrainien, selon l’armée norvégienne. Le général Eirik Kristoffersen, qui était interrogé par la chaîne TV2, n’a pas précisé sur quelles bases reposaient ces estimations. La Russie et l’Ukraine n’ont pas donné de bilans fiables de leurs pertes depuis des mois. Mark Milley, chef d’état-major de l’armée américaine, avait évoqué en novembre le chiffre de 100 000 morts ou blessés pour la Russie et jugeait que l’Ukraine avait « probablement » subi des pertes équivalentes.
- La France et l’Allemagne promettent de soutenir l’Ukraine « aussi longtemps » que nécessaire dans un communiqué conjoint, publié dimanche à l’issue d’un conseil des ministres franco-allemand à Paris. Paris et Berlin précisent que leur assistance à l’Ukraine se concentrera notamment sur les domaines militaire et économique.
- Un haut responsable ministériel ukrainien, soupçonné de détournement de fonds, a été limogé. « Le cabinet des ministres de l’Ukraine ordonne le limogeage de [Vassyl] Lozynkiï comme ministre adjoint du développement des communautés, des territoires et des infrastructures de l’Ukraine », a annoncé dimanche sur Telegram le premier ministre, Denys Chmyhal.
- Moscou dit progresser vers deux villes de l’oblast de Zaporijia. L’armée russe avance en direction de deux villes situées dans la région administrative (oblast) de Zaporijia (sud de l’Ukraine), où les affrontements avec les troupes de Kiev se sont intensifiés cette semaine, a affirmé dimanche un dirigeant de l’autorité régionale d’occupation installée par Moscou.