L’aide internationale a commencé à arriver en Turquie, où un deuil national a été décrété pour sept jours. Dans un froid glacial, les sauveteurs continuaient de rechercher d’éventuels survivants.
Dans un froid glacial, les sauveteurs continuaient, mercredi 8 février, de mener une course contre la montre pour tenter de porter secours aux rescapés du tremblement de terre d’une magnitude de 7,8, survenu lundi à l’aube, et qui a détruit des villes entières dans le sud-est de la Turquie et la Syrie. Le dernier bilan officiel, rendu public jeudi 9 février, dépasse les 16 000 morts, avec au moins 12 873 personnes tuées en Turquie et 3 162 en Syrie.
Le bilan syrien devrait « grimper considérablement, car des centaines de personnes restent piégées sous les décombres », selon les casques blancs (volontaires de la protection civile) dans les zones rebelles. Le ministre de l’intérieur turc a averti, mardi, que les prochaines quarante-huit heures seraient « cruciales » pour retrouver d’éventuels survivants alors que le bilan ne cesse de s’alourdir, dépassant désormais les 15 800 morts. L’aide internationale a commencé à arriver en Turquie, où un deuil national a été décrété pour sept jours.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a reconnu des « lacunes » dans la réponse apportée. « Il est impossible d’être préparé à un désastre pareil », a-t-il déclaré depuis la province de Hatay (Sud), l’une des plus touchées, à la frontière syrienne. « Quelques personnes malhonnêtes (…) ont publié de fausses déclarations telles que “nous n’avons pas vu de soldats ni de policiers” » dans cette province, a dénoncé M. Erdogan, ajoutant que 21 000 membres du personnel de secours avaient été déployés au Hatay. « Nous apporterons une réponse au désastre de façon à ne laisser personne sous les ruines ni personne souffrir », a-t-il promis à quatre mois de l’élection présidentielle.
Twitter est resté inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs mercredi, sur fond de multiplication des critiques en ligne visant la réponse du gouvernement au séisme qui a frappé le pays. « Twitter a été informé par le gouvernement turc que l’accès sera réactivé sous peu », a tweeté jeudi (mercredi soir aux Etats-Unis) le patron du réseau social, Elon Musk. Une journaliste de l’Agence France-Presse présente en Turquie a confirmé jeudi matin que Twitter était de nouveau accessible.
« Toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit »
Les premières équipes de secouristes étrangers sont arrivées mardi. Selon M. Erdogan, qui a déclaré l’état d’urgence pour trois mois dans les dix provinces touchées par le séisme, quarante-cinq pays ont proposé leur aide.
L’Union européenne (UE) a mobilisé pour la Turquie 1 185 secouristes et 79 chiens de recherche de dix-neuf Etats membres. Pour la Syrie, l’UE est en contact avec ses partenaires humanitaires sur place et finance des opérations d’aide.
L’UE va organiser début mars une conférence des donateurs pour mobiliser des fonds internationaux afin d’aider les deux pays, a annoncé, mercredi, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. « La Turquie et la Syrie peuvent compter sur l’UE », a tweeté la responsable européenne. Cette conférence, organisée en coordination avec les autorités turques, « sera ouverte aux Etats membres de l’UE, aux pays voisins, aux membres de l’ONU » et aux institutions financières, selon la Commission.
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a promis au chef de l’Etat turc « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ». Deux équipes de secouristes devaient arriver mercredi matin sur place. La Chine a annoncé, mardi, l’envoi d’une aide de 5,9 millions de dollars (5,50 millions d’euros) ainsi que des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel d’urgence. Même l’Ukraine, malgré l’invasion de son territoire par la Russie, a annoncé l’envoi en Turquie de 87 secouristes.
Les Emirats arabes unis ont promis 100 millions de dollars d’aide, et l’Arabie saoudite, qui n’entretient pas de liens avec le régime de Damas depuis 2012, a annoncé la mise en place d’un pont aérien pour venir en aide aux populations affectées dans les deux pays.
« D’horribles conditions qui s’aggravent »
En Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a cependant surtout été entendu par son allié russe. Selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours. Mardi, Washington a dit travailler avec des ONG locales en Syrie, insistant sur le fait que ses « fonds iront bien sûr au peuple syrien, pas au régime [de Damas] ».
Lors d’une conférence de presse, Robert Holden, chargé de la réponse au séisme au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a expliqué que l’objectif immédiat était de sauver des vies mais que, « en même temps, il [était] impératif de s’assurer que ceux qui ont survécu à la catastrophe initiale continuent de survivre ».
Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation de l’épidémie de choléra, qui a fait sa réapparition en Syrie. « Il y a beaucoup de gens qui ont survécu et qui se trouvent maintenant en plein air dans d’horribles conditions qui s’aggravent », a souligné M. Holden, en précisant que l’approvisionnement en eau, en carburant et en électricité ainsi que les communications étaient fortement perturbés.
Le séisme a touché le point de passage de Bab Al-Hawa, le seul pour la quasi-totalité de l’aide humanitaire aux zones rebelles en Syrie acheminée en provenance de la Turquie, selon l’ONU. Le Croissant-Rouge syrien, qui opère dans les zones gouvernementales, a appelé l’UE à lever les sanctions contre Damas.