Le président ukrainien s’est exprimé, lundi, dans la presse italienne. « Je suis arrivé à la conclusion que nous ne sommes pas en mesure de changer l’attitude russe », a déclaré Volodymyr Zelensky à cette occasion.
Joe Biden attendu en Pologne
Le président américain est attendu en Pologne aujourd’hui. Il doit y rencontrer son homologue, Andrzej Duda, et des alliés d’Europe de l’Est. Il parlera de la guerre en Ukraine, mais n’aurait pas l’intention de se rendre sur place, selon la Maison Blanche. Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré dimanche que Joe Biden et lui-même discuteraient de la possibilité d’accroître la présence des troupes américaines en Pologne et de la rendre plus permanente. M. Biden, qui doit rester en Pologne jusqu’à mercredi, a dit en juin 2022 que les Etats-Unis installeraient un nouveau quartier général permanent pour leur armée en Pologne afin de répondre aux menaces russes.
Des responsables ukrainiens ont exhorté pendant ce week-end, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, les membres du Congrès américain à faire pression sur l’administration de Joe Biden pour qu’elle envoie des chasseurs F-16 à Kiev. Le président américain avait repoussé le mois dernier la demande ukrainienne d’envois de ces avions, fabriqués par Lockheed-Martin.
Des responsables américains ont estimé dimanche que les Etats-Unis devraient se concentrer sur la fourniture d’armes pouvant être utilisées immédiatement sur le champ de bataille, plutôt que sur des avions de combat nécessitant une longue formation. Ils n’ont toutefois pas exclu de fournir des F-16. « Les discussions se poursuivront au cours des semaines et des mois à venir », a déclaré l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield sur CNN.
La Pologne est disposée à fournir des MiG – elle en a encore environ trente – tout en posant des conditions. « Aujourd’hui, nous pouvons évoquer un transfert de nos MiG dans le cadre d’une coalition élargie et nous y sommes prêts. La Pologne ne peut que s’inscrire dans le cadre d’une coalition élargie avec les Etats-Unis comme tête de file », a dit le Mateusz Morawiecki. Les commentaires de ce dernier font suite à ceux du président Duda auprès de Sky News, affirmant que des avions de combat modernes devraient être envoyés en Ukraine.
Antony Blinken à Ankara pour rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, rencontre aujourd’hui à Ankara le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Il s’est rendu sur les lieux du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février et a annoncé une nouvelle aide financière. Le conflit en Ukraine devrait figurer à l’ordre du jour également. Les Etats-Unis reconnaissent à leur allié turc un rôle constructif : depuis le début du conflit, Ankara, qui maintient de bonnes relations avec les deux capitales, a offert sa médiation pour y mettre fin.
Les Etats-Unis et la Turquie, alliés au sein de l’OTAN, entretiennent des relations parfois tendues, et leurs différends devraient être abordés lors de la rencontre. En priorité, le blocage turc de l’adhésion à l’Alliance de la Suède et la Finlande, dont les candidatures sont en suspens depuis mai. Jeudi, le chef de l’organisation, Jens Stoltenberg, avait même considéré, lors d’une visite à Ankara, qu’il était « temps maintenant » d’y intégrer ces deux pays d’Europe du Nord.
Parmi les autres dossiers géopolitiques, la vente potentielle d’avions de chasse F-16 promis par le président Joe Biden à la Turquie. Cette vente est bloquée par le Congrès à Washington en raison des inquiétudes suscitées par le bilan de la Turquie en matière de droits de l’homme et des menaces pesant sur la Grèce.
« Macron perd son temps » en voulant laisser le dialogue ouvert avec Poutine, estime Zelensky
Dans un entretien avec le Corriere della Sera, La Repubblica et II SOle 24 Ore, trois des principaux quotidiens italiens, Volodymyr Zelensky remercie l’Italie pour son soutien. « Je suis très reconnaissant à l’Italie d’avoir choisi de nous envoyer des armes [notamment pour] la défense antiaérienne. » « Les Russes n’ont pas encore compris que nous sommes plus forts aujourd’hui qu’il y a un an et ils ne pourront jamais prendre l’Ukraine comme ils l’espéraient », ajoute le président ukrainien. Face au changement de stratégie de la Russie qui mise sur une guerre d’attrition, M. Zelensky mise sur « une courte guerre et [la] victoire. Plus c’est rapide et moins nous aurons de victimes, en 2014 le conflit s’est figé et ça ne s’est pas bien passé pour nous. Les accords de Minsk ont donné à Poutine le temps de préparer l’attaque (…) de l’an dernier, nous ne tomberons plus dans le même piège. Nos soldats sont plus motivés parce qu’ils défendent leurs familles, leurs maisons. »
Pourtant, il n’est pas prêt à tout pour défendre une localité comme Bakhmout : « Il est important pour nous de la défendre, mais pas à n’importe quel prix, pour que tout le monde meure. Nous nous battrons jusqu’à ce que ce soit raisonnable, les Russes voudront alors continuer jusqu’à Kramatorsk et Sloviansk, jusqu’aux confins du Donbas et jusqu’à Dnipro s’ils le peuvent. Nous résistons et en attendant préparons la prochaine contre-attaque. »
Interrogé sur les propos d’Emmanuel Macron qui affirme que la Russie doit être battue mais pas écrasée et laisse le dialogue avec Vladimir Poutine ouvert, il estime que : « Ce sera un dialogue inutile, en réalité [Emmanuel] Macron perd son temps. Je suis arrivé à la conclusion que nous ne sommes pas en mesure de changer l’attitude russe. S’ils ont décidé de s’isoler dans le rêve de reconstruire l’ancien empire soviétique on n’y peut rien, c’est à eux de coopérer ou non avec la communauté des nations sur la base du respect mutuel. »
Une semaine spéciale
Le 24 février 2022, l’Ukraine se réveillait au son des bombardements russes. Depuis bientôt un an, la guerre déclenchée par Vladimir Poutine a bouleversé le cours de la vie des Ukrainiens en premier lieu – mais aussi des Russes –, chamboulé l’ordre mondial et déséquilibré l’économie internationale.
Depuis un an, cette guerre a également bousculé notre travail au Monde, devenant un sujet central de l’actualité mais aussi un sujet qui vous a passionnés. Votre fidélité à ce live, le plus long que Lemonde.fr ait jamais tenu, a transformé l’organisation de notre service d’informations en temps réel. Toute la semaine, nous vous proposerons de continuer à échanger sur l’actualité et les leçons de cette première année de guerre dans ce live, avec chaque jour un ou plusieurs tchats. Aujourd’hui, à 14 h 30, Cédric Pietralunga, journaliste chargé des questions de défense, viendra répondre à vos questions sur les enseignements militaires après un an de conflit, de la faiblesse de l’armée russe à la remilitarisation des Etats en passant par la résistance de l’armée ukrainienne.
Un an de guerre en Ukraine : pas d’effondrement, mais un tournant économique pour l’Europe
La catastrophe annoncée pour l’économie européenne, voulue par le président russe, Vladimir Poutine, n’a pas eu lieu. Un an après le début de la guerre en Ukraine, la région a subi un sérieux coup de frein, mais pas l’effondrement craint à l’été 2022, quand les prix du gaz atteignaient des records.
Elle traverse actuellement une période de stagnation : 0,1 % de croissance en zone euro, au quatrième trimestre 2022, et zéro pour l’ensemble de l’Union européenne (UE). Le début de 2023 a démarré sur la même tendance stagnante.
« C’est toujours mieux qu’une contraction », souligne dans une note Bruno Cavalier, économiste à ODDO BHF, un groupe financier.
Ce qu’il faut savoir ce matin du lundi 20 février
- Emmanuel Macron a assuré dimanche au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’il soutiendrait son plan de paix, lors d’une conversation téléphonique entre les deux chefs d’Etat. M. Zelensky a salué sur Twitter « la poursuite d’un dialogue amical » avec M. Macron, et confirmé qu’ils avaient parlé de « la mise en place du plan de paix ».
- La France livrera des chars légers AMX-10 à Kiev dès la fin de la semaine. Dans une interview au Parisien, le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a évoqué la nécessité « de donner les moyens à l’Ukraine de se défendre », répétant qu’il n’y avait « pas de tabou », y compris sur d’éventuelles futures livraisons d’avions de combat.
- D’après le bureau du procureur général ukrainien, 461 enfants ont été tués en Ukraine depuis le début de la guerre, il y a près d’un an, et 924 enfants ont été blessés. Le plus grand nombre de victimes a été enregistré dans l’oblast de Donetsk, dans l’est du pays, où 445 enfants ont été tués ou blessés. Selon le procureur, ces chiffres sont provisoires.
- Trois personnes sont mortes, et cinq ont été blessées, dimanche matin lors de frappes russes sur le village de Bourhounka, près de Kherson (Sud), a annoncé sur Telegram l’administration de l’oblast de Kherson.
- Pékin envisage de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, a averti dimanche le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à l’issue d’une rencontre avec son homologue chinois, Wang Yi, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité.
- La Russie a dénoncé dimanche les propos tenus samedi par Emmanuel Macron, rapportés par la presse française. M. Macron a déclaré souhaiter la défaite russe dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine, tout en disant vouloir éviter que la Russie ne soit « écrasée ».