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La Turquie Apporte la Dernière Voix Manquante en Faveur de l’Adhésion de la Finlande à l’OTAN

Il ne restait plus que le vote du Parlement turc pour valider la demande d’Helsinki, faite de concert avec la Suède en 2022, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’attente, voire le suspense, a duré dix mois. La Turquie a finalement approuvé, jeudi 30 mars, l’adhésion de la Finlande à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), devenant, après la Hongrie, le dernier des trente Etats membres de l’Alliance atlantique à donner son aval à la candidature d’Helsinki.

Au terme d’un bref débat, lors duquel ils ont reconnu les « légitimes préoccupations sécuritaires de la Finlande », les députés turcs ont voté à l’unanimité des 276 députés présents l’entrée de ce petit pays nordique dans l’Alliance atlantique. Helsinki n’a plus désormais qu’à envoyer ses « instruments de ratification » à Washington, où le traité de l’Alliance est conservé.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a salué cette ratification, estimant qu’elle rendrait « la famille de l’OTAN plus forte et plus sûre ». Le président finlandais, Sauli Niinistö, quant à lui a « remercié tous [les Etats membres] pour leur confiance et leur soutien », en souhaitant l’entrée « le plus vite possible » de la Suède dont le sort est pour l’heure bloqué par Ankara et le Parlement hongrois.

« Nous nous défendrons les uns les autres », a pour sa part promis la première ministre finlandaise, Sanna Marin, qui tentera de décrocher dimanche un deuxième mandat lors d’élections législatives.

Neutralité forcée

Le président turc ,Recep Tayyip Erdogan, avait annoncé la levée de son veto le 17 mars en recevant, à Ankara, M. Niinistö, décision aussitôt saluée par l’Alliance atlantique. La commission parlementaire turque des affaires étrangères avait approuvé cette adhésion la semaine dernière.

Les demandes d’adhésion de la Finlande et de la Suède ont été soumises de concert l’an dernier après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et nécessitent l’unanimité des pays membres de l’OTAN pour être approuvées. La Finlande, soumise à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l’Union soviétique lors de la seconde guerre mondiale, partage la plus longue frontière européenne (1 340 km) avec la Russie, derrière l’Ukraine.

Le président finlandais avait exprimé son « espoir » d’une ratification avant l’élection présidentielle et les législatives turques prévues le 14 mai, le Parlement devant interrompre ses travaux environ un mois avant la tenue du double scrutin.

« La Finlande se tient au côté de la Suède, maintenant et à l’avenir, et soutient sa candidature », a écrit Mme Marin sur Twitter.« La chose la plus importante est que la Finlande et la Suède deviennent rapidement membres à part entière de l’OTAN, et non pas qu’elles adhèrent exactement en même temps », avait estimé M. Stoltenberg.

Des « cibles légitimes » de « représailles de Moscou »

M. Erdogan bloque toujours l’élargissement de l’OTAN à la Suède en lui reprochant sa passivité face à la présence de « terroristes » kurdes accueillis sur son sol et réclame des extraditions sur lesquelles le gouvernement n’a pas le dernier mot. « Il n’y a eu aucune mesure positive prise par la Suède en ce qui concerne la liste des terroristes », a déploré M. Erdogan, évoquant plus de 120 demandes d’extraditions formulées par Ankara.

L’autodafé d’un exemplaire du Coran par un extrémiste dans la capitale suédoise, en janvier, avait conduit à la suspension des pourparlers entre Ankara, Helsinki et Stockholm. La Suède espère toutefois boucler l’entrée de son pays dans l’Alliance avant le prochain sommet de l’OTAN, prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie.

Le Kremlin, qui a d’abord semblé minimiser l’importance de la candidature de la Finlande et de la Suède, a durci le ton ces dernières semaines, estimant mardi que les deux pays deviendraient, une fois admis dans l’OTAN, des « cibles légitimes » de « représailles de Moscou », y compris « militaires ». La Suède avait, dans la foulée mercredi, annoncé la convocation de l’ambassadeur russe à Stockholm.

Le président russe, Vladimir Poutine, a par ailleurs affirmé la semaine dernière que Moscou allait déployer des armes nucléaires « tactiques » sur le territoire de son allié, la Biélorussie, situé aux portes de l’Union européenne.