L’ancien président des États-Unis doit comparaître ce mardi 4 avril 2023 à New York pour se voir notifier les charges qui pèsent sur lui. L’affaire concerne le fait qu’il aurait acheté le silence d’une actrice porno en 2016. Voici ce qui attend l’ancien président.
Donald Trump s’apprête à vivre ce mardi 4 avril 2023 ce qu’aucun autre ancien président américain n’a connu : inculpé dans une affaire de paiement à une star du X, il va comparaître au tribunal à New York lors d’une audience sans précédent qui divise et fascine l’Amérique.
Le républicain de 76 ans, candidat à l’élection présidentielle de 2024, est convoqué devant le juge à 14 h 15 (20 h 15 à Paris) pour se voir notifier les charges qui pèsent sur lui.
L’enregistrement de son identité
Donald Trump, qui clame son innocence et assure être victime d’une « chasse aux sorcières », devrait quitter son gratte-ciel de la mythique Cinquième avenue en fin de matinée mardi. Une fois au tribunal, il est censé se soumettre au rituel que connaissent tous les prévenus : décliner son nom, âge, profession, effectuer un relevé d’empreintes digitales et être pris en photo – le fameux « mugshot », source de tant d’humiliations publiques pour les stars aux États-Unis.
Toutefois, selon CNN , citant des sources au fait des préparatifs, il n’est pas certain qu’une photo d’identité judiciaire soit prise, le visage de Donald Trump étant largement connu ; et les autorités craignent que la photo ne fuite de manière inappropriée, ce qui constituerait une violation de la législation de l’État.
Prononcé des charges
L’ancien chef d’État devra ensuite écouter les charges qui pèsent contre lui. Les chefs d’inculpation n’ont pas encore été rendus publics, même si quelques éléments ont fuité dans les médias. Ils seraient une trentaine, liés à la falsification de documents d’entreprise, a avancé lundi soir Yahoo News, citant une source anonyme.
L’article a provoqué la colère de Donald Trump, qui a accusé le procureur de Manhattan Alvin Bragg, en charge du dossier, d’avoir « illégalement fait fuiter » des informations sur son inculpation. Une chose est sûre, l’ancien président plaidera non coupable si la question lui est posée, comme l’a déjà annoncé sa défense.
L’enquête qui vaut à l’ancien président ce rendez-vous avec le juge concerne un versement de 130 000 dollars effectué à l’actrice pornographique Stormy Daniels, juste avant l’élection présidentielle de 2016, pour qu’elle taise une supposée relation extraconjugale avec lui.
La somme n’avait pas été déclarée dans les comptes de campagne du candidat républicain, une violation possible des lois électorales de l’État, et enregistrée en tant que « frais juridiques » dans les comptes de son entreprise, dont le siège est à New York.
Il devrait échapper aux menottes
Une fois enregistré, l’inculpé pourrait être menotté, mais le statut particulier de Donald Trump pourrait lui faire bénéficier de quelques arrangements avec la procédure habituelle. D’après son avocat Joe Tacopina, il ne sera pas menotté mais pourrait avoir à traverser des couloirs du tribunal, en présence de médias.
Le « perp walk »
La pratique est courante aux États-Unis de faire parader en public un suspect arrêté entouré de policiers à l’intention des médias, notamment, à l’instar de la fameuse marche de Dominique Strauss-Kahn, poursuit Reed Brody. Il s’agit de la « perp walk » pour perpetrator walk (la promenade de l’auteur de l’infraction). Mais selon l’ancien procureur, il se pourrait que Donald Trump y échappe, raconte-t-il à France Info.
Pas de caméras
Le tribunal de Manhattan, placé sous haute surveillance policière, est aussi au centre de l’attention médiatique. Les médias du monde entier ont documenté lundi, étape par étape et souvent en direct, le voyage de Donald Trump depuis sa résidence de Floride.
Leurs caméras ne seront cependant pas admises dans la salle d’audience après qu’un juge en a décidé ainsi lundi soir, selon des médias américains. Seuls certains photographes seront autorisés à prendre des clichés dans la salle d’audience avant le début officiel de la procédure, selon CNN.
Cet événement inédit, au potentiel politique explosif, suscite des craintes en matière de sécurité. Ses soutiens les plus acharnés ont prévu de manifester à New York, et la police de la ville est en état d’alerte.
Une conférence de presse
Donald Trump devrait ensuite être laissé en liberté, peut-être sous conditions, en attendant l’organisation de son procès. Le républicain a donné rendez-vous à ses fidèles en Floride le soir même, pour une conférence de presse prévue à 20 h 15 (2 h 15 mercredi à Paris).
Dans la rue, les partisans de Donald Trump ont prévu de se réunir près du lieu de sa comparution, pour protester contre l’inculpation de leur idole. L’élue d’extrême droite Marjorie Taylor Greene, trumpiste parmi les trumpistes, a annoncé sa présence. Mais la foule sera-t-elle imposante ? Si Donald Trump a gardé le soutien de ses camarades républicains, qui ont dénoncé à l’unisson son inculpation, cette indignation n’a, pour l’heure, pas engendré de manifestation conséquente.
Le maire démocrate de New York, Eric Adams, a en tout cas prévenu que les manifestants devraient rester calmes, mettant en garde les potentiels « fauteurs de troubles ».
Au-delà de cette affaire, Donald Trump est visé par plusieurs autres enquêtes, notamment sur son rôle dans l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021, sa gestion des archives présidentielles ou encore des pressions exercées sur des responsables électoraux en Géorgie pour contester sa défaite à la présidentielle de 2020.
